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dre autre nourriture qu’un repas médioce le foir. Il
° 7 7 - impofa auffi aux laïques des penitences convenables,
félon l’âge 8c les forces de chacun. Après les avoir
ainfi éprouvez pendant quelques jours, il les fit venir ,
* leur fit une douce réprimende 8c leur donna l’abfolu-
tion : mais en les congédiant il leur recommanda très-
expreifément de ne point communiquer avec le roi
Henri, jufqu’à ce qu’il eût fatisfait au faint fiege : leur
permettant feulement de lui parler pour l ’exciter à pénitence.
-
Cependant le roi Henri fit venir la comteife Ma-
thilde à une conférence, d’où il la renvoïa au pape
chargée- de prières 8c de promeiïes , 8c avec elle fa
belle-mcre la comteife de Savoie , avec le comte fon
f ils , le marquis Azon 8c quelqu’autres feigneurs d’Italie
& Hugues abbé de Clugni ; car il favoit que ces
perfonnes avoient beaucoup de crédit auprès du pape.
Le roi le prioit de l’abfoudre de l’excommunication ;
8c ne pas legerement ajoûter foi aux feigneurs A lle mands,
qui ne l’accufoient que par paifion. Le pape
répondit, qu’il étoit contre les loix de l’églife d’examiner
un accufê en l’abfence de fes accufateurs ; &
que fi le rêi fe confioit en fon innocence, il ne devoir
point craindre de fe prefenter à Auibourg au
jour nommé, où il lui feroit juftice fans fe laiifer prévenir
par fes parties. Les députez dirent, que le roi
ne craignoit point de fubir le jugement du pape en
quelque lieu que ce fût : mais qu’il étoit prelfé par
l’année de fon excommunication prête à expirer ; 8c
que les feigneurs attendoient ce jour , après lequel
ils ne l’écouteroient plus 8c le déclareroient privé fans
retour de la dignité roïale. C ’eft pourquoi il prioit
inftamment
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inftamment le pape de l’abfoudre feulement de l’ex- An. 1077.
communication : fe foûmettant pour cet effet à telle
condition qu’il lui plairoic, 8c promettant enfuite de
répondre à fes accufateurs en tel lieu 8c à tel jour que
le pape ordonneroit, 8c de renoncer à la couronne ,
s’il ne pouvoir fe jüftifier.
Le pape réfifta long tems, craignant la légèreté du
roi: mais enfin cédant à l’importunité des députez 8c
à leurs raifons, il dit; S’il eft; véritablement repeh’tant,
qu’il nous remette la couronne & lés autres marqués
de la royauté, 8c qu’il s’en déclare déformais indigne.
Les députez trouvèrent cette condition trop du- t. »„,
re , 8c prefferent le pape de ne pas pouffer ce prince à
l’extrémité. Il fe laiffa-donc ftéenir aveefoieti de la pein
e , & die : Qu’il vienne1; & qu’il répare par fa fourni
ifi on l’injure qu’il a faite au faint fiége. Le roi vint
en effet à Canoffé; & laiffant dehors toute fa fuite, il
entra dans la fortefeffe , • qui avoit trois enceintes de
murailles : on le fit demeurer dans la fécondé fans'au-
cune marque de fa dignité -, au contraire il étoit nuds
pieds, & vêtu de laine fur la chair , 8c paffa tout le
jour fans manger jufques au fortir , attendant l'ordre
du pape. Il paffa de même, le fécond 8c le troifiéme
jour.
Enfin le quatriém&jour' lé papeJpèrmit qu’il vînt xt.
en fa préfence, 8c après-pluftèurs difeours de part 8c mori!™0"1 de
d’autre , il convint dé lui-donner l'abfolu.tion aux
conditions fuivantes.' Què: Hèrirj fe préfen’téroit à lai
diete générale dés feigneurs A lléniânds, au jour & lieu
qui feroient marquez par le pape ; 8c y repondroit
aux accufations propofées;contre lui , . dont le pape
feroit juge s’il vouloir. O ie fuivârft fon jugement il
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