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A n io oencile de Rome tenu par le pape Clement 1 1 . & y
s» I lix É H Ü I Ie Prcmier rang à Humfroi archevêque de Ran.
¡t. venne, qui l’emporta fur lui. Il fut cité comme fimoniaquc
devant le pape Léon IX . il y comparut, & s’y
défendit il bien , que le pape le déclara archevêque legitime
; & étant revenu triomphant à fon iiege, il af-
fifta au concile de Verceil en i o j o .
x x x i y . Mais Nicolas II. étant monté fur le faint iîeee,
P Damien légat «, / i- r* i - . j - i i . , / i h Miian. 1 eglile de Milan lui envoïa une députation , pour le
«p?‘b fupplier d’avoir compaffion de fes maux : c’étoit prin--
toS9- cipalement la fimonie & l’incontinence des clercs. Le
pape y envoïa Pierre Damien cardinal évêque d’Oftie
&c Anfelme évêque de Luques en qualité de légats ,
qui trouvèrent une grande diviiîon entre le clergé
ietr.vasi.af. j. & le peuple de Milan , au fujet de ces deux vices.
On les reçut toutefois avec le refpeôt dû à des légats
du faint Ilege, & ils déclarèrent le fujet qui les
avoit amenez : mais un jour après, il s’éleva tout d’un
coup par la faélion des clercs un murmure parmi le
peuple , qui d ifo it , que l’églife de Milan ne devoir
point être foumife aux loix de R om e , & que le pape
n’avoit aucun droit de juger ou de regler çette églifeV
Il nous feroit honteux, difoient-ils, de la laiifer aifu-
jettir à un autre , puifqu’elle a toujours été libre fous
nos ancêtres. Avec ces cris , ils accouroient de tous
cotez au palais épifcopal : on fonna les cloches &
une grande trompe qui fe faifoit entendre par toute la
ville.
On menaçoit les légats, & Pierre Damien fut averti
que l’on en vouloit à fa vie, Ce qui le rendoit
plus odieux , c’eft que tout le clergé du diocefe de
Mdan étant alferrtblé comme en fynode , il y avoir
préfidé
L i v r e s o î x a n t i e ’ ;VE e ?. f -’7 3
préfidé, aïant à fa droite l’autre légat Anfelme de '
Laques , & à fa gauche l’archevêque de Milan. Pour
appaifer ce tumulte il monta au ju b é , & aïant avec
peine obtenu filence , il parla ainlï : Sachez , mes frères
, que je ne fuis pas venu ici pour chercher la-gloire
■de Veglife Romaine J mais la'vôtre & vôtre'falut.
•Comment auroit-elle befoin des loüanges d’un homme
méprifable , après l’eloge quelle a reçu de la bouche
du Sauveur ? &c quelle province für la terre eft
exempte de fon pouvoir, qui s etend jufqUes a lier &
délier le ciel même. Ce font les rois , les empereurs, &
enfin de purs hommes, qui ont établi les bornes des
patriarcats, des métropoles, des diocefes de chaque
évêque , & leur ont accordé des privilèges. : mais -c’eft
Jefus-Chrift même qui a fondé l’églife Romaine , en
donnant à faint Pierre les clefs de la vie éternelle au
ciel &c fur la terre. Ainfi ce n’eft qu’une injuftice de
priver de fes droits quelque autre églife- que ce foit :
mais de difputer à l’égliie Romaine fa prérogative,
c’eft une herciîe.
Enfuite pour établir la fuperiorité de l’églife R o maine
fur celle de Milan en particulier , Pierre Damien
d i t , que faint Lin , par ordre de faint Pierre ,
avoit baptifé faint Nazaire , qui avec faint Celfe fut
martyrifé à Milan ; & que faint Gervais & faint Protais
étoient difciples de faint Paul : par confequent
que l’églife de Milan eft fille de l’églife Romaine. Ce
qui eft de remarquable , c’eft qu’il ne dit rien de faint
Barnabé, que l’on prétend avoir été le premier évêque
de Milan. Le peuple appaifé par ce difeours, pro-
mit d’executer tout ce que Pierre propoferoit. Dans
le clergé très-nombreux de Milan , a peine s en trou-
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v. Ti¡ie¡ñ. 10. 1.
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