
A n . 1071.
Opufc. X L I. c. 1.
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xl y.
Difcipline mo-
naftique.
Opufc. X I I .
z z o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
défendu de dire la meife le jo u r , 8c ordonné de la dire
la nuit ; afin que le batême général foit célébré entré
la mort & la rélurreétion de Jefus-Chrift. Il recommande
le jeûne des grandes 8c des petites litanies, c’eft-
à-dire de faint Marc & des Rogations, nonobftant le
temps pafcal, & toutes les vigiles des apôtres fans di-
llinéfion.
La defenie de celebrer les nôces en carême , com-
mençoit alors dès la Septuagcfime , 8c s’étendoit auffi
outre l ’avent au carême de la faint Jean, qui étoit
de trois femaines. Or quelques-uns prétendoient que
l ’on pouvoit fe marier pendant ce temps, pourvû que
l’on remît la confommation du mariage au temps où il
étoit libre de le contraéfer. Pierre Damien s’élève cpn-
tre cette erreur, & foutient que ces mariages font
nuls ; parce que l’union des corps n’eft pas eifentielle
au mariage, qui confifte principalement dans le confen-
tement folemnel. Il remarque que les canons ordon-
noient quarante jours de penitence aux perfonnes mariées
, qui ne gardoient pas la continence pendant le
carême.
Dans un autre ouvrage il fe plaint, que la corruption
des moeurs n’a pas .feulement infeété les feculiers,
mais les moines mêmes. N o u s , d it- il, qui nous glorifions
d’avoir renoncé au monde , pourquoi retournons
nous aux biens que nous avons méprifez pour
l’amour de Dieu ; pourquoi recherchons-nous contre
toutes les loix divines 8c humaines ce qu elles nous
permettoient de poifeder quand nous l’avons quitté ?
Mais, dira quelqu’un de ces moines propriétaires, je
garde .très-peu d’argent & feulement pour la necef-
fité ; je ne reçois rien des biens du monaftere, fi je me
L i v r e s o i x a K t e -u n i e m e . n i _
• défais du peu que j’a i, comment vivrai-je ? Pierre Da-
mien répond : Le monaftere vous doit fournir vos be-
foins en efpece, non pas en argent : un habit, par exemple
, pour les vêtir auffi - tôt. Que n’en ufez-vous de
même à l égard de ce que vous recevez du dehors ? que
ne l’emploïez-vous à vos befoins au lieu de le garder
en argent ? '* j ■
Après le vice de propriété , il attaque 1 inquiétude »
des moines 8c leurs fréquens vdïages. Quelques-uns,
dit - i l , quittent le monde pour en éviter, l’agitation
8c trouver du repos dans un monaftere : mais quand
ils y fon t, l’inquiétude les prend, & ils s’imaginent
être en prifon. Les feculiers en font fcandalifez, & i®,
détournez d’embraifer la vie monaftique. Car , di-
fen t-ils , qui étoit plus fervent qu’un tel.lorfquil eft
entré dans le monaftere î II a déjà oublie ce q u il a
promis, 8c ne refpire que l’efprit du fiecle : il eft plus
du monde que moi fous un autre habit. Cette inquie- c, tl.
tude attire toutes fortes de relâchemens. Un moine
en voïage ne peut jeûner , les honnêtetez preifantes de
fes hôtes ne le permettent pas : fouvent même il ne
garde pas la melure de la fobriete, de peur de paifet
pour incivil ou pour hypocrite. Les difcours de ceux
qui l'accompagnent l’empêchent de pfalmodier avec
attention. Il ne peut chanter la n u it , parce qu’il n’eft
pas feul ; ni faire des génuflexions, parce qu’il eft ¡fatigué
; ni garder le filence , parce qu’il fe:trouve fouvent
en neceffité de le rompre. Il eft trop, diffipe pour
s’appliquer à la ledture ou à l’oraifon : il voit fouvent
des objets dangereux pour la chafteté, du moins de
l’efprit : les contre-temps, fréquens l’expofent à des
mouvemens d’impatience, 8c à des paroles qu’il faut
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