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A n .1091. évêque, il vouloir refufer , & confuirá Anfelme, qui
lui déclara qu’il ne le pouvoit fans péché,Sc l’exhorta
ii. ef *}• à fe founaettre: voïant qu’il étoic deliré par le ro i,
par le clergé de Reauvais & plulieurs autres, &c que
Ap. Anf. ii. l’archevêque de Reims y conlentoit. Foulques toute-
<\ ; fois ne fut pas ordonné fans oppofition , l’affaire fut
portée à Rome ; & quoique le pape Urbain y trouvât
quelque chofe d’irregulier , &. que Foulques perfif-
tât à vouloir renoncer , il lui ordonna de garder loti
fiege. Le pape en ula ainfi à la confideration d’A'n-
felme , qui le lui avoir recommandé , & à qui il enjoignit
de veiller fur cet évêque & d’être fon confeil :
entorte que quand il ne pourroit y être lui-même,
il eût toujours auprès de lui quelqu’un de fes moines.
Nonobftant ces précautions, l’épifcopat de Foulques
ne fut point paifible. Son zele pour la juftice , peut-
être fans alfez de prudence', lui attira de grandes
perfecütions. Il devint très-odieux aux chanoines ôc
aux prêtres de fon d io c é le , parce qu’il vouloir abolir
leurs mauvaifes coutumes, principalement le concubinage
; & empêcher qu’ils ne laiilaflent leurs prébendes
comme héréditaires à leurs enfans, aufquels
il ne vouloir pas même donner les ordres. Il s’attira
aulfi la haine des laïques, ne voulan^pas favoxifer
leurs ufurpations des biens de l’églife. Il emploïoif
les armes matérielles pour appuïer les fpirituelles, &
ne déferoit pas alfez aux ordres de l’archevêque de
Lion légat du pape, comme il paroît par les avis que
ivo.tp. 30. lui donne Ives de Chartres.
Cette conduite deFoulques de Beauvais, donna oc-
cafion à di ver fes pour-fuites contre lui devant le concile
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cile de la province &c devant le pape, où il fut accu- An. 1091.
fé de pluneurs violences. Enfin la chofe vint à tel
p o in t , qu’Anfelme crut être obligé d’en écrire au
pape en ces termes : Il ne fait aucun fruit dans fon " ^
évêché , & ne peut veiller fur lui-même ; & p our l’a-
v en ir , ni moi, ni aucun de ceux qui le connoiifent
n’en attendons rien que de pis. Non qu’il ait aucune
mauvaife volonté : mais parce qu’il n’eft pas capable
de foûtenir de fi rudes attaques , & de fe garentir de
tant de pieges. Craignant donc que la triftefle ne l’accable,
les amis Sc moi nous nous jettons à vos pieds,
pour vous prier de le délivrer de ces périls , où il eft
fahs utilité : en lui permettant de fe retirer , fans qu’il
paroiife que ies ennemis aient prévalu contre lui. J’ai
bien prévu & prédit les maux qu’il fouffre , quand on
l’appelloit à l’épifcopat : mais j ’ai fournis'mon fenti-
ment à l’autorité de ceux qui le demandoient avec
tant d’emprelfement.
Ives étoit à peine évêque de Chartres quand il T Ü9
1 1 1 1 \ r -r» Le roi Philippe tomba dans la dugrace du roi a cette occalion. Ber- ¿poufe Bercra-
trade troifiémc femme de Fouques Rechin comte e’odlric uh
d’A n jou , craignant qu’il ne la renvoïât, comme il
avoir fait les deux autres, & qu’elle ne demeurât dans
le mépris , fit propofer fecretement à Philippe roi de
France de l'époufer , fe fiant en fa beauté &c en fa no-
bleife-t car elle étoit fille de Simon comte de Mont-
fort & d’Agnès d’Evreux. Philippe prince mou & v o luptueux
y confentit, & la reçut à bras ouverts. Il
uitta la reine Berte fille de Floris duc de Frife , dont
avoir deux enfans, Loüis qui lui fucceda & la prin-
ceife Confiance ; & il envoïa Berte au château de Aim.cmm.ub.
Monftreiiil fur mer, qu’il lui avoit donné pour fon
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