
—----- j8o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n . 1093. donner un évêque à Arras ; ôc ajoûtoit : Si vous craignez
de vous attirer de la haine & des reproches, en-
voïez-nous celui qui fera élu , 8t nous le facrerons,faüf
le droit de vôtre églife. Les députez d’Arras aïant rendu
cette lettre à l’archevêque, il leur demanda fecrette-
ment celui qu’ils fe propoioient d’élire; 8c de trois qu’ils
lui nommèrent, il approuva le plus Lambert de Guif-
nes. Comme ils preiloient l’archevêque de leur donner
fes lettres ; il répondit que celles du pape fuffifoient ,
8c ajouta : c’cft à vous d’élire vôtre évêque, 8c à nous
de le facrer.
Les députez étant de retour à Arras, on indiqua
un jeûne de trois jours 8c des procelfions, 8c on marqua
le jour de l’éleôtion au dixième de Juillet. On y
invita quelques clercs des diocéfes voifins, entre autres
des chanoines de Lille , entre lefquels étoit celui
que l’on vouloir élire. En e ffe t, le jour marqué dimanche
dixième de Juillet 1093. Lambert de Guif-
nes, chanoine 8c chafatre de L ille , fut élu folemnel-
lement évêque d’A r ra s , 8c intronifé malgré lui dans
la chaire pontificale. Comme il pleuroit 8c ne vouloir
point confentir à fon éleétion , 8c que les chanoines
de Lille fe plaignoient auffi qu’qn voulût le leur
enlever ; on lut la claufe de la bulle , où le pape dé-
fendoit à l’élu de refufer ion contentement. Aulli-
tôt l’églife d’Arras écrivit à l’archeVêque de Reims,
pour facrer l’élu ; mais l’archevêque répondit, que le
confentement des évêques de la province y étant ne-
ceffaire, il ne pouvoit fixer le jour du facre ians eux ;
ôc qu’il le feroit à l’aiTemblée qui fe devoit tenir à
Reims à la Notre-Dame de la mi-Août. M a is alors
il leur demanda encore un délai jufques à la Touflaints.
L i v r e S o i x a n t e - Q j j a t r i e ’m e : 5 8 1 ----------------
L’églife d’Arras ennuïée de tous ces délais, renvoïa An. 109 3.
à Rome , 8c obtint du pape une lettre à l’archevêque
de Reims, où il lui ordonnoit de facrer Lambert dans
un mois après la réception de la lettre , ou l’envoier
à Rome. Le pape écrivit à Lambert en conformité, ôc
la lettre étoit datée de l’onziéme d’Oétobre. L’archevêque
de Reims manda à Lambert, qu’il avoit envoie
la lettre du pape à l’évêque de SoiiTons, avec ordre de
l ’envoier aux autres fuffragans pour prendre leur con-
feil, 8c remit l’affaire à l’oéfave de faint Andre. Lambert
fe rendit lui-même à Reims , 8c fe prefenta à l’archevêque
le dimanche dix-huitiéme ae Décembre :
mais l’archevêque le renvoïa au pape avec fes lettres j
8c celles del'églife d’Arras. Dans fa lettre il difoit au V f ’ 15*
pape, que l’avis des évêques de là province 8c de ion
cle rg é , avoit été, qu’il s’abftint de la confecration de
Lambert, 8c le renvoïât au pape pour en faire ce qu il
jugeroit à propos. Car ils craignent, a jou te -t-il, que
les Cambrefiens ne prennent ce pretexte pour fe fou-
ftraire de l’églife de.Reims : parce que Cambrai eft d un
autre roïaume, dont le roi eft depuis long-tems notre
ennemi 8c de l’églife Romaine. Ils ajoûtent que ce feroit
un échange defavantageux , il pour mettre un
évêque à Arras , l’églife de Reims perdoit Cambrai,
qui eft fix fois plus grand 8c plus riche. L archeveque
continue en difant, que quand le pape aura confacre
Lambert, il le recevra 8c l’honorera comme évêque,
8c qu’il l’en eftime très-digne. L’églife d’Arras dans
fa lettre au pape , le prie de confacrcr Lambert, 8c
d’ordonner que les bornes des deux roiaumes de
France 8c d’Allemagne foient celles de cet évêché ,
comme elles étoient anciennement.
C c c c ij