
A n. 1059.
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Scrmcns de l’archevêque
& du
clergé.
7 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
voit-il un feul qui eût été ordonné gratis. Car jc’étoit
une-réglé inviolable dans cette églilc , que pour tous
les ordres, même pour l’épifcopat, il falloir avant que
de des recevoir , païec la fpmmç prefcrite. Pierre Da-
mien.fe trouva fort embatraifé. D’interdire toutes les
églifes d’une ville fi çonfiderable^ & d’une province fi
étendue,,, il fembloicque c’étoit y détruire la religion.
Il' étoit odieux & même ipjufte de pardonner à quelques
uns préferablcment aux autres, puifque pref-
que tous étoient coupables ; & la moindre divifion
dans ce peuple auroit caufé une grande effufion d e .
cet embarras Pierre Damien le fouvint de cette
réglé rapportée par le pape Innocent, que les pechez
de la multitude demeurent impunis. C ’eft-à-dire, que
l’on ne dçit pas exercer contre une multitude entière
la fe vérité des canons. Il confidera l’indulgence dont
les peres. avoient ufé envers les Donatiftes, les Nova-
tiens 8i les hérétiques femblables ; & ne pouvant remédier
aux maux de l’églife de Milan fuivant la pureté
des canons, il réfolut de chercher au moins à mettre
fin aux abus, & établir pour l’avenir, que les ordinations
fuiTent gratuites.
Il obligea donc 1 archevêque & le clergé de M ilan ,
à le promettre par écrit & avec ferment. La pro-
meife de l’archevêque Gui adreiTée à fon clergé & a
fon peuple portoit en fubftance : Vous n’.ignorez pas
la deteftable coutiime qui s’étoit anciennement établie
en cette églife , que pour recevoir le foudiaçonat
on donnoit douze deniers, pour le diaconat dix-huit,
pour la prêtrife vingt-quatre, comme une taxe réglée.
Maintenant en prelence de Dieu & des faints,
fang.
En
L I V R E • s O ï 3é'A*-N TU É- M 'É. - ! f j _______
de Pierre1 évêque d’Ofiié legàtdu pape-' d’Ân'fûlmê dè: io ‘fp.
Luques & dé voiis tous, je condamne & détefte cette
perverfe coutume & toute fimoüié. De plus , je m’o blige
, moi & mon clergé & tous nos fuçceiTeurs, à ne
rien prendre pour la promotion aux ordres.* Si quelqu’un
y contrevient, fôit en donnant, fôit en recevant,
qu’il foit avec Simon frappé d’un anathème perpétuel.
Nous condamnons aum l’herefie des Nicolaï-
te s , & promettons dploigner autant qu’il nous fera
poffible les prêtres, les diacres & les fou diacres, dé la
compagnie de leurs femmes & de leurs concubines.'
Nous promettons de mêmej; que nous ne prendrons
rien , ni nous, ni nos domeftiques , pour la prov.ifion
des abbaïes ou des chapelles : pour l’inveftiture des
églifes, la promotion des évêques ) le faint chrême &
la confécration des églifes.
Cette promeife fut fouferite par l’archevêque G u i,
trois prêtres , quatre diacres & cinq foudiaçres. Puis
l’archevêque s’approchant de l’autel la confirma par
ferment entre lés mains de Pierre Damien. Le vidame
de l’églife de Milan , le chancelier &c tous les autres
clercs qui étoient prefens, en firent de même. Arnoul
clerc & neveu de l’archevêque fit encore ferment pour
fon oncle, y ajoûtant, qu’il n’ordonneroit aucun clerc
qu’il n’eût fait ferment de n’avoir rien donné ni promis.
Enfuite l’archevêque fe profterna fur le pavé &
demanda penitence , pour n’avoir pas extirpé , corn«- . <
me il devoir, cet ufage fimoniaque. Pierre Damien
lui impofa cent ans de penitence, dont il lui taxa l*e
rachat par une fomme d’argent, qu’il devoit païer
chaque année. Ils entrèrent enfuite dans la grande
églife , & montèrent au jubé ; &c là en prefence d’un
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