
prétexte cju on l’avoit mis en penitence 8c revêtu de l’habit monafHque :
quoiqu a fon iniçu parce qu’une maladie lui avoir fait perdre connoiilàn-
. ce. Le fécond exemple celebre cft la penitence de Loiiis le Debonaire, après
laquelle les éveques qui la lui impoferent, prétendoient qu’il ne lui étoit
plus permis de reprendre la dignité roíale. Saint Ambroile ne rira pas de
telles confequences de la penitence de Theodofe. Dira-t-on que ce grand
faint manquât de courage pour faire valoir l ’autorité de Péglife : ou qu’il
fut moins éclairé que les évêques Gots du fèptiéme iiecle, 8c les François du
neuvième ?
Le comte Boniface gouverneur d’Afrique, poufie a bout par les ennemis
qu il avoit à la cour , prit les armes pour fa fureté , 8c confulta faint
Auguftin fon ami. Ce fainr doéteur lui donne des avis falutaires pour le
règlement de íes moeurs & le. bon ufàge de fa puifïànce r mais quant à
la guerre qu il avoir entreprife, il lui déclare nettement, qu’il n’a point
de confeil a lui donner, 8c qu’il ne veut point toucher cette matière.
C eft qu il fàvoit parfaitement les borner de Ces devoirs , 8c ne vouloir
pas faire un pas au-delà. Nos évêques bien plus hardis fe déclarèrent
contre Loiiis le Debonaire pour íes enfâns *, 8c les animèrent à cette guerre
civile qui ruina l’empire François. Les prétextes fpecreux ne leur man-
quoient pas : Loiiis étoit un prince fdible, gouverné par fa fécondé femme >
tout 1 empire etoit en deiordre : mais il falloir prévoir les confequences ,
8c ne pas prétendre mettre en penitence un fouverain, comme un limpie
moine.
Les papes croiànt avec raifon , avoir autant 8c même plus d'autorité
que les eveques , entreprirent bien-tôt de regler les différends entre les
fouverains: non par voie de médiation 8c d’interçefîion feulement, mais
par autorité : ce qui en effet étoit difpofer des couronnes. C ’eft ainfi
qu Adrien II. défendit a Charles le Chauve de s’emparer du roíanme de
Lothaire fon neveu, & trouva fort mauvais qu’il n’eût pas laifTé de s’en
mettre en pofïèfîîon. Mais vous ayez vu avec quelle vigueur Hincmar
répondit aux reproches de ce pape , loriqu’il lui difoit fous le nom des
feigneurs François, que la conquête des roïaumes de ce monde fe fait
par la guerre Sc par les viékoires, 8c non par les excommunications du
pape 8c des eveques. Et enfuite : Priez le pape de coniîderer, qu’il ne
peut erre tout enfemble roi & évêque : que fes prédeceflèurs ont reglé
1 eglife & non pas 1 état. Et encore : Il ne convient point à un évêque
d excommunier , pour ôter ou donner à quelqu’un un roïaume temporel
; 8c le pape ne nous perfiiadera pas, que nous ne pniflîons arriverai!
roïaume du ciel, qu’en recevant le roi qu’il nous voudra donner fur la
terre.
Voilà jufques oùyjfont allez les inconveniens de cette alliance de
Eépifcopat avec la feigneurie temporelle. On a cru dans ces temps
moins éclairez, qu’être évêque 8c feigneur, valoir mieux qu’être évêque
iîmplement : mais on n’a pas confideré, que le feigneur nuit à I’é-
veque, comme nous ne voïons que trop encore à prefènt en Allemagne
& en Pologne. C ’eft. en ces rencontres qu’a lieu 1a- fage maxime
d’Hcfîode > que la moitié vaut mieux, que le tout. Mais à quoi bon citer
Hefiodes-quand nous avons l’autorité de Jefus ■ Chtift meme, qui nous
enfeigne, que là vertu toute feule vaut mieux que la vertu avec les richefles.
, r . i- 'iir ."
Dans cette confufion des deux puilfances, les iecUtiérs empteterent
auffi de leur côté. Souvent les feigneurs, fans la participation des évêques
, mettoient des prêtres dans les, églifès qui dépendoient de leurs
terres : & les rois dès la première race prétendoient dilpofér des êve- hiß. /. ¡trxrt. ».
chez, quoiqu’en même-temps dans les conciles tenus avec leur permiffion, 44* n-
on recommandât la liberté des élections, dont la forme s obfervoit toujours.
Le doóte Florus diacre d e d ’églife de Lion, remarque fort bien,
que fous l'empire Romain ni les empereurs, ni les magíftrats, ne fe mé-' c »w. cU rm .
loient ordinairement de Meélibn des évêques , non plus:1 que de l ’ordi- 555.1:. 1. c a r nation
des prêtres : c’eft que. les évêques n’avoient point de puiffitnçe AHrel- *“ •*• »•
temporelle, comme ils n’en ont jamais cil dans l ’empire Grec. Mais dans ^ig0k. ts. 2.
les roïaumes formez du débris de l’empire d Occident, les eveques etbiénr p- 254.
fi puilfans, qu’il étoit de l'intérêt des rois de s’en affiner : c’eft pourquoi
dans les éleétions les plus canoniques:, le confentement du prince hijl. liv . itv i.
étoit neceiîàire. Il ne faut pas en cette matière prétendre établir le droit ». 47.
iur les faits iouvent abufifs, mais lut les canons, les loix & les actes authentiques.
Ce que j’ai dit des évêquès doit s’entendre auffi dés abbezà
proportion. Quoiqu’ils fuffimt titulaires & par conféquent moines, ils
fe trouvèrent feigneurs , à cauiè des terres que poilèdoient les mona-
iteres : ils eurent des vafiàux 8c des troupes qu’ils mènoient a la guerre
: ils étoient iouvent à la cour > & étoient appeliez aux confiais des
rois & aux parlemens. On peut juger dans cette-vie diffipéè, cömbien
i l étoit difficile à ces abbez d’obièrver leur regle ; & non - ièuleinenr a
'e u x , mais aux moines dont ils mendient toujours quelques-uns a leur
fuite. Combien leur abfence caufoit de relâchement au inonàftere, &
leur retour de diitraétion Ces abbez feigneurs aïant befoin d’être riches
pour fournir à tant de voïages & d’autres dépenfes, fe fervoient de leur
crédit pour fe faire donner plufieurs abbaïes, & les gardaient fans ferupule.
j
L’abus alla plus loin : on donna des monafteres à des éveques & a des
clercs, quoique n’étant point moines ils fuilènt incapables'd’être abber:
car les commendes n'ont été introduites que dans les derniers fiecles. Enfin
les rois donnèrent des abbaïes à des purs laïques, ou les prirent pour
eux-mêmes, & cet abus dura publiquement depuis le huitième fiecle juf-
ques au dixième. Des feigneurs, fiins autre formalité que la conceffion du
prince, alloient iè loger dans les monafteres avec leurs femmes & leurs
enfans, leurs vaffitux & leurs domcfliqucs, leurs chevaux & leurs chiens :
cohfitmant-la plus grande partie du revenu, & laiiTànt le refte a (quelque
peu de moines qu’ils y ioufFroient pour la fo rm e , 8c qui le télacholenc
de plus en plus. , -
Le même abus règnoit en O rien t, mais l’origine en avoir été plus ¡¡¡ß. XIX.
canonique. Les IcohOckffies ennemis déclarez de la profeffion monaftif »■ ^