
A n. 1077-
X L V I .
Hugues évêque
de Die , légat en
France,
iv . ep. z t .
350 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
biens, eècléiiaftiques 5c du domaine des rois, enforte
qu'à l'avenir ils ne pourront vivre que de rapines :
E n f i n l'abolition des loix divines Sc humaines. Ces
maux ne feraient p oint , ou feraient moindres, fi vous
ne vous étiez détourné ni à droit ni à gauche de votre
réiolution. Votre zele vous a engagé dans une route
difficile, ou il eft pénible d’avancer, 8c honjxux de reculer.
Si vous ne croïez pas prudent de réfifter en
face aux ennemis de l’églile , au moins ne detruifez
pas ce que vous avez déjà fait.: car s’il faut compter
iur rien ce qui a'été défini dans un concile de Rome ,
& depuis confirmé par un légat : nous ne favons plus
ce que nous devons tenir pour autentique. C ’eft l’excès
de notre douleur qui nous fait parler ainfi : car nous
trouvant expolez à la gueule des loups pour avoir obéi
au pafteur, s’il faut nous prendre garde même du pa-
fteur , nous fommes les plus malheureux de tous les
hommes.
Cependant Gérard élu évêque de Cambrai, alla à
Rome, 8c avoüa franchement au pape, qu’après l’é-
le&ion du clergé 8c du peuple, il avoit reçu du roi
Henri le don de l’évêché : affurant qu’il ignorait 8c le
décret par lequel le pape avoit défendu de recevoir
ces invertitures 8c Texcommunication du roi Henri.
Il fe fournit entièrement au jugement du pape, qui
fut touché de compaflion , fachant d’ailleurs que l’é-
leâtion de Gérard étoit canonique , 8c que fa vie précédente
étoit louable, C ’eft pourquoi il écrivit à Hugues
évêque de Die , qu’il croïoit devoir confentir à
fa,promotion. Toutefois, ajoûte-t-il, afin que d’autres
n’en prennent pas avantage , nous voulons qu’il
fe purge par ferment devant vous 8c devant l’archevêque
de Reims , avec les autres évêques de la pro- A n. 1077.
vince, de n’avoir eu aucune connoiifance ni de l’excommunication
du roi, ni de notre décret contre les in-
veftitures.
C ’eft pourquoi nous vous enjoignons d’aflembler un
concile en ces quartiers-là , avec le confentement du
roi de France, s’il fe peut : mais s’il ne veut pas y
confentir , vous affemblerez le concile à Langres , de
concert avec l ’évêque , en qui nous avons une grande
confiance -,8c qui nous a promis de nous aider en tout
nous & nos légats. Le comte Thibaut nous a fait auffi
la même promeftc , que fi le roi ne vouloit pas recevoir
nos légats, il les recevrait avec une grande affection
-, 8c leur donnerait toute forte de commodité 8c
defecours, pour celebrer un concile, 8c regler les affaires
ccclefiaftiques. Ce comte étoit fans doute T h i baut
III. comte ae Champagne ; & quant à l’évêque
de Langres, c’étoit Rainard furnommé Hugues, frere chr■ nw»».;,
1 . - r - I T . / A 199. g*u. de Milon comte de Tonnerre 8c de Bar. Cet eveque chriji.
avoit un belefprit , beaucoup de fcience 8c d’éloquence,
car il avoit particulièrement étudié la retorique; 8c
il étoit de bon confeil.
Le pape continue : Voïez donc avec l’évêque de
Langres où il fera plus à propos de tenir le concile :
appellcz-y l’archevêque de Reims 8c le plus que vous
pourrez d’archevêques 8c d’évêques de France ; 8c y
terminez premièrement la caufe de l’évêque de Cambrai,
puis les affaires des évêques de Chaalons, de
Chartres, du Put 5c de Clermont , 8c du monaftere
de faint Denis , enforte que nous n’en foions plus fatiguez.
Nous voulons auffi que vous fartiez affifter au
concile notre vcnerable frere Hugues abbé de C iu gn i ,