
8c pour confeiller, 8c le donna pour confeffeur a la
communauté. bnfuite il le fit fuperieur des religieu-
fçs de Marçigni: puis il l’envoïa avec un feigneur A llemand
nommé Lutold, pour fonder un monaftere dans
fes terres; §c lui donna pour compagnon le moine Cuno.
Après avoir marqué le lieu , en attendant le tems
propre pour bâtir, les deux moines ne voulurent point
loger chez les feculiers ; mais ils fe retirèrent dans
une caverne , où ils paflerent le carême au pain 8c a
l’eau. Cette maniéré de vie attira les gens du païs a
les venir v o i r , d’abord par curiofité , enfuite pour
écouter leurs inftrudions qui en convertirent un grand
nombre.
Leprinteins venu, on bâtit le monaftere avec le
fecours du peuple d’alentour : de quoi deux curez du
voifinage étant jaloux, 8c craignant la diminution de
leurs offrandes, commencèrent à déclamer contre ces
nouveaux hô te s , les traittant d’hypocrites 8c d’inte-
reffez. Un de ces curez quelque tems après, furpris
de la nui t , fut obligé de demander le couvert dans le
monaftere. Ulric alla au-devant, l’embraiTa 8c le reçut
avec toute la charité poffible. Ce qui gagna tellement
le Curé, qu’il fe retrada publiquement devant
ion peuple, 8c fut depuis le meilleur ami des moines.
Ulric retourna enfuite à C lu g n i, 8c faint Hugues
l'envoïa prieur à Paterni dans le diocéfe de Laufane,
dont l’évêque Burchard étoit fchifmatique 8c excommunié
par Grégoire VII. Ulric s’efforça de ramener
ce prélat à l’unité de l’églife; mais il ne fit que l’irriter
; en forte que fachant qu’il n’étoit pas en feurete
dans le païs, il fut obligé de revenir à Clugni. Mais
quelque tems après il retourna en Allemagne fonder ANiiôpf.
un monaftere dans leBrifgau, à la priere d’un chevalier
de la province nommé Heffon , qui donna fes
terres à Clugni à cette condition. Le nouveau monaftere
fut commencé dans un lieu nommé Gruningue;
mais quoiqu’il fût agréable 8c fertile, Ulric le trouvant
trop expofé à la fréquentation des feculiers, le
quitta , pour s’établir à ia Celle dans la foret noire,ou
il forma fes difciples à une obfervance très-exade 8c
une grande pauvreté : confeillant aux riches qui vou-
loient embraffer la vie monaftique, d’aller à d’autres
maifons plus aifées. Mais ceux qui cherchoient Dieu
fincerement, ne le rebutoient pas pour cette difficulté.
Peut-être n’y avoit-il perfonne dans Clugni plus capable
qu’Ulric de fonder de telles colonies, par le
foin qu’il avoit pris de s’inftruire avec la derniere
e x ad itu d e , de tous les ufages du monaftere. C eft ce
qui pâroît par le traité qu’il en compofa à la prierede
â r r ,*■ mm «./ Vroann. lib* t.- Guillaume abbe dHtrlauge. Car aiant ete envoie en CmJ_
Allemagne par l'abbé Hugues, pour quelques affai-J
res à la co u r , il paffa par ce monaftere fitué au diocéfe
de Spire dans la forêt noire. L’abbé Guillaume
qui le connoiffoit dès l’enfance , le reçut avec une
grande joie ; ôc comme ils s’entretenoient continuellement
des ufages de C lu g n i, il dit à Ulric : Votre
monaftere eft en grande réputation parmi nous ,- 8c-
nous n’en connoifions point qui lui ioit femblable
dans la difcipline reguliere. C ’eft pourquoi nous vous
ferons très-obligez de nous rapporter quelque chofe
de vos ufages : quarld ce ne feroit que pour nous-
humilier de nous en voir fi éloignez. Ulric repon-
V u u ij