
A n. 1080. dans cette même province il y a deux ans. il parle du
concile d’Autun tenu en 1077. J’en appellai au pape ,
8c j ’allai à Rome; 8c parce que vous étiez abfent, j ’y
demeurai par ordre du pape , 8c je vous attendis près
d’onze femaines. Enfin je me défendis fi bien en pre-
fence du pape 8c du con c ile , contre ceux que vous
aviez envoïez , que ce qui avoit été fait contre moi
fut jugé nul & irregulier. Alors je déclarai publiquement
au pape , que je ne voulois plus m’expofer à vôtre
jugement ; 8c comme le pape me demanda de qui
j ’aimerois le mieux fubirle jugefnent dans les Gaules ,
je choifis l’abbé de Clugny ; ce qui me fut accordé.
Puis le pape me fit jurer, que fi j ’étois appellé de fa
part à un concile dans les Gaules, je m’y trouverois,
fi je n’avois un empêchement canonique. C ’eft pourquoi
quand vous indicâtes dernièrement un concile à
Troïes où l’abbé de Clugny devoir fe trouver , je ne
fis aucune difficulté d’y aller avec mes abbez , mes
clercs 8c les vaffaux de mon églife : 8c quoique vous
aïez contremandé ce concile , j ’ai fait de ma part ce
qui dépendoit de moi , 8c me fuis acquitté de mon ferment.
Mais je ne fuis point allé à ce concile de Lion,
parce que j ’ai plufieurs excufes canoniques.
Il explique enfuite ces prétendues excufes, qui ne
font en effet, que des chicanes; favoir, que le concile
de Lion fe tiendra dans la même province , où il a
déjà été maltraité : que ce lieueft éloigné de Reims,
& qu’il n’eft pas facile d’y amener des témoins : que
l’on ne peut y aller en fureté à caufe des guerres qui
troublent le païs : que l’abbé de Clugny qui devoir
être fon juge n’y étoit point ; c’eft-à-dire , qu’on ne
lui avoit pas fignifié qu’il y feroit : qu'on lui ordonnoit
d’amener dans v in g t jours fix évêques fans re- A n. 1080.
proche pour le juftifier, en cas qu’il n’y eût point d’ac- ¿>. m.
cufateurs contre lui : ce qui lui étoit impoffible. Quant
àfes trois accufateurs, il dit, qu’il s’étoit accordé avec
Manaffes 8c tous ceux de fon parti , excepté deux ,
dont l’un, ajoû te -t-il, favoirBrunon, n’eft point notre
c le rc , mais chanoine de faint Cunibert de Cologne
dans le roïaume d’Allemagne : 8c nous ne cherchons
gueres fa focieté, parce que nous ne connoiffons
point du tout fa vie 8c fa liberté ; c’eft-à-dire , s’il eft
ferf ou libre de naiffance ; 8c que quand il a été chez
nous, il en a mal ufé après avoir reçu plufieurs bienfaits.
L'autre qui eft Ponce, a. été convaincu de faux
au concile de Rome en notre préfence. C ’eft pourquoi
nous ne devons répondre ni a l’un ni a 1 autre dans un
jugement ecclefiaftique. Enfin pour montrer q u iln e , 17.
veut pas fuir le jugement, il offre au légat de la part
du roi 8c de la fienne la liberté de; tenir un concile en
France , à R e im s , à Soiffons, à Compiegne ou à
Senlis.
L’archevêque Manaffes écrivit auffi au pape pour
s’excufer d’aller à ce concile de Lion , fous prétexte de
la divifion qui étoit en France ; 8c toutefois il offroit
d a lle r a Rome. Sur quoi le pape lui ixpondit qu’il
devoir plutôt être jugé dans Je pais, oupfes accufateurs
ôcfesdéfenfeurs fe trouveroient plus aifément.Lalettre
eft du troifiéme Janvier 1080. Manaffes ne s’étant donc
point prefenté au concile de Lion y fut depofe ; 8c le
pape confirma ce jugement au feptiéme concile de
Rome ; comme il le lui déclara par fa lettre du dix- ^
feptiéme d’Avril ; ajoutant toutefois par grâce : Nous
Vous permettons , jufqu’à la faint M ich e l, de vous