
x î S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
^ ‘ ce qui n’étoit point ait commencé d’être : combien
i° 6 6 . p|us peut-elje raire, que ce qui étoit fubfifte, 8c foit
changé en autre chofe ? A quoi il ajoûte : Saint Am-
broiie témoigne , que ce qui étoit fubfifte , félon l’apparence
vifible , mais que félon l’êifence intérieure il
eft changé dans la nature de ce qu’il n’étoit pas auparavant.
Et il remarque qu’en d'autres exemplaires 011
lifoit ainii la fin de ce paifage : Que ce qui étoit foit
changé en autre chofe.
Berenger. Le facrement de l’églife eft compofé de
deux parties, l’une vifible 8c l’autre invifible : le ligne
8c la chofe. La chofe eft le corps de Jefus-Chrift, qui
feroit vifible s’il étoit devant les yeux : mais il eft éle-
Aa. m.| n. v é au ciel 8c aifis à la droite du Pere ; & jufques au
temps du rétabliifement de toutes chofes, comme dit
faint Pierre, on ne pourra l’en faire defcendre. Lan-1
franc. C ’eft auffi ce que nous foûtenons, que le facri-
fice de l’églife eft compofé de deux parties, de l’àppa-
rence vifible des élemens , & de la chair 8c du fang de
Jefus-Chrift qui font invifibles : du ligne & de la choie
lignifiée, c’eft-à-dire du corps de Jefus-Chrift, qui
eft mangé fur la terre , quoiqu’il demeure au ciel. Si
vous demandez comment cela fe peut faire,je réponds,
que c’eft un miftere de f o i , 8c qu’il eft falutaire de le
croire, & non pas utile de l’examiner.
«•»Mi. Il répond enfuite à quelques paifages de faint A u -
gu ftin , 8c dit par oceafion., que le fang eft verfé du
c. 14, calice dans la bouche des fideles : ce qui femble
^ montrcr qUe l’on communioit encore ordinairement
■u. perron.puf. fous les deux efpeces. Quant au paifage tiré de l’épî-
tre à l’évêque Boniface , où faint Auguftin d i t , que
le facrement du corps de Jefus-Chrift eft en quelque
manière
L i v r e s o i x a n t e - u n i e ’ m ï . ' 1 6 9
maniéré le corps de Jefus-Chrift. Lanfranc répond,
que le corps de Jefus-Chrift invifible 8c couvert de la
forme du pain, eft le facrement & le figne de ce même
corps vifible 8c palpable , tel qu’il fut immolé fur la
croix -, & que la célébration du facrement eft la repre-
fentation de ce premier facrifice. Et pour montrer qu’il
n’y a point d’inconvenient, que la chair & le fang de
Jefus-Chrift pris à un certain égard , foient les lignes
deux-mêmes pris félon un autre égard, il apporte l’exemple
de Jefus-Chrift, qui lorfqu’il apparut aux dif-
ciples allans à Emmaiis 8c feignit d’aller plus loin , étoit
félon faint Auguftin, la figure de lui-même montant
au ciel..
Berenger. 'Saint Auguftin dans la même lettre à
Lue. X X IV . i j?
18.
Aug. cont. menti»
c. 13. n. 18.
Boniface d i t , que Jefus-Chrift a été immolé une fois
en lui-même, 8c que néanmoins il eft immolé tous les
jours en facrement. Lanfranc. C ’eft-à-dire , que Je-
fus-Chrift n’a été immolé qu’une fo is , montrant fon
corps à découvert fur la c ro ix , lorfqu’il s’offrit à fon
Pere étant paffible 8c mortel. Mais dans le facrement
que l’églife célébré en mémoire de cette aétion, fa
chair eft tous les jours immolée , partagée , mangée,
& fon fang paffe du calice dans la bouche des fidel-
les. L’un & l’autre véritable, l’un 8c l’autre tiré de la
■Vierge.
Berenger difoit que l’églife Romaine étoit l’affem-
blée des méehans, 8c que le fiege apoftolique étoit le
ilege de Satan. Lanfranc répond, que jamais aucun
hérétique, fchifmatique, ou mauvais chrétien, n’a encore
A n . ia>66e
parlé de la forte -, & qu’ils ont tous refpeété le fiege
de faint Pierre.
Berenger. Qui peut comprendre par la raifon, ou
Tome X I I I . Y
c. 1 s*
c. 16.
e. 17.