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X IV .
S. Arnoul évêque
Je Soillons.
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4 1 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
folemnellement la fête de Noël 1081. ôc le lendemain
jour de faine Eilienne il fut facré ôc couronné roi par
les evêques du confentement des feigneurs.
En France le légat Hugues évêque da Die , tint un
concile à Meaux fous la proteètion de Thibaut comte
Jq Champagne ôc de Brie ; pour juger Urfion intrus
dans le fiege de Soi(Tons après la mort de l'évêque
Thib aut. Urfion ne s’étant point préfenté fut condamné
, le concile donna au ejergé de'Soiifons qui
etoit préfent, la liberté d’élire un évêque. La plus
faine partie du clergé ôc les vaffauxde la même égli-
fe élurent /d e l’avis du concile , A rn o u l, auparavant
abbe de faint Medard de Soiifons ôc alors reclus. Il
étoit né en Brabant de parens nobles, avoit d’abord
porté les armes chez plufieurs princes avec grande réputation,
ôc refufé de grandes terres ôc des mariages
avantageux. Enfin fous pretexte d’aller à la cour du
roi de France , il quitta fon p ais, ôc vint fe rendre
moine à faint Medard de Soiifons. Quelque tems
après il fe fit reclus par la permiifion de l’abbé. Il étoit
à découvert jour ôc n u it , v ivo it d’un peu de pain d’orge
ôc d’eau , ôc fut trois ans ôc demi fans parler.
L’abbé Renald étant mort, un moine nommé Pons
obtint du roi Philippe par fimonie l’abbaïe de faint
Medard. Mais il en dilupa les biens, pour entretenir
les gens de guerre dont il fe faifoit accompagner ,
ôc les moines furent réduits à une telle pauvreté,
qu’ils ceiferent le forvice divin. Les plus fenfez s’a-
dreflerent à l’évêque de Soiifons, ôc par fon moïen
obtinrent du roi la permiifion d’élire un autre abbé.
Ce fut Arnoul , ôc l’évêque qui étoit Thibaut de
Pierrefons alla avec plufieurs moines le trouver
L i v r e S o i x a n t e- T r o r s î e’ m e. 4 2 . 7 -------------
dans fâ reclufion, ôc après la priere folemnelle , lui A n . 1081.
commanda de prendre la charge d’abbé. Arnoul qui
n’avoit point parlé depuis trois ans Ôcdemi, fut fort
furpris, ôc écrivit fur une tablette , pour s’exeufer ôc
demander au moins un délai jufques au lendemain ,
pour examiner la volonté de Dieu. On le lui accorda,
mais on lui donna des gardes de peur qu’il ne s’enfuît
pendant la nuit. Toutefois les voïant endormis, il fe
fauva pardeifus la-muraille , ôc s’en alla près de Laon :
où aïant appris qu’on le cherchoit, il fùivit un loup
qu’il rencontra , croïant qu’il l’éloigneroit des chemins,
mais le loup le ramena à" Soiifons. Alors étant
découvert, il rompit fon filenOé, ôc fe fournit à la volonté
de Dieu.' C ’etoit environ l’an 1077. qu’il fut ordonné
abbé de faint Medard de Soiifons.
En peu de tems il rétablit ce monaftere , ôc pour le
fpirituel ôc pour le temporel , gardant toujours une
extrême modèftie. Ses amis fouffroienc avec peine de
le voir monté fur un âne , au lieu que plufieurs abbez
deFrancc marchoient à cheval avec faite, ôc vivoient
dans les délices. Il guérit plufieurs malades, rendit la
vue à une femme aveugle, ôc fit plufieurs autres miracles;
Un de fes moines nommé Odon, jaloux de fa
dignité dont il fe croïoit plus-capable , ; fit dire au roi |
Philippe , quequand il iroit quelque part à la guerre,
il commandât à l’abbé de faint Medard de le fuivre.
Le roi le fit, ôc le faint abbé répondit à fes en voïe zî
Il eil vrai que j ’ai autrefois porté les armesy on fait que
la crainte de Dieu me les a fait quitter pour embraifer
le vie monaftique ; ôc le Seigneur d i t , que celui qui
perfeverera jufques à la fin fera fauvé. J’aimerois
mieux n’avoir jamais é té abbé , que de fervir; au fiecle »*•»
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