
ï o t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
...... La même année Thofnas élu archevêque d’Y o r c ^
A n . 1070. v int fe prefenter à Lanfranc,pour être facré de fa main,
vit»». 13. fuivant l’ànciennc coûtume. Lanfranc lui demanda
Une proteftation de fon obéïifance par. écrit & avec
ferment, comme fes prédeceifeurs l’avoient donnée:
mais Thomas répondit, qu’il ne le feroit p o in t, fi on
ne lui prouvoit par écrit & par témoins qu’il le devoir
fa ire , & qu’il le pôuvoit fans porter préjudice à fon
églife. Ce refus venoit d’ignorance plutôt que de préem
p tion : car ce prélat qui étoit nouveau en Angleterre
, & en ignoroit abfolument les ufages , ajoûtoit
trop de foi aux difcours des flateurs, particulièrement
d’Odon évêque de Baïeux } frere utérin du ro i, qui
/ étoit comme fon lieutenant en Angleterre. Lanfranc
montra la juftice de fa prétention en prefence de quelques
évêques qui étoient venus pour le facre de T h o mas
: mais celui-ci rie voulut rien écouter, & retourna
fans être facré.
Le roi prévenu par fon frere en fut irrité contre
Lanfranc, croïant qu’il fe prévaloir de fa capacité,
pour appuïer une prétention injufte. Mais peu de jours
après Lanfranc vint à la cour , demanda audience au
roi, & lui aïant rendu raifon de fa conduite, l’appaifa ,
& mit de ion côté les Anglois qui fe trouvèrent pre-
fens. Car étant inftruits de l’uiage du p a ïs , ils ren-
doient témoignage à la juftice de la cauie. Ainfî le roi,
du confentement de tous, ordonna que pour lors Thomas
viendroit à Cantorberi, & donneroit à Lanfranc
fa proteftation folemnelle d’obéïifance en tout ce qui
regardoit la religion : mais que fes fucceiTeurs ne la
donneroient qu’après qu’il auroit été prouvé dans un
concile, que les archevêques d’Yorc avoient toujours
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rendu cette foqmiffion à ceux de Cantorberi. Thomas ^ N>IOy r<
fut facré à ces conditions ; & peu de temps après Lanfranc
demanda & reçut la proteftation d obeiifance de
tous les évêques du roiaume d Angleterre, qui avoient
été facrcz du temps de Stigand par d’autres archevêques
ou par le pape.
L’année fuivante 1071. les deux archevêques Lan- ^Jt* cvà^o-
franc & Thomas , allèrent a Rome demander le pal- me.
lium. Le pape Alexandre reçut Lanfranc avec grand vit» t. n. ». n.
honneur , jufques à fe lever devant lu i , & dit : Je ne
l ’ai pas fait, parce qu’il eft archevêque de Cantorberi,
mais parce que j’ai été fon difciple au Bec. Lanfranc
avoit aufli inftruit en cette école des parens du pape ;
ce qui montre combien elle etoit célébré. Le pape lui
donna deux palliums pour lui feul ■. 1 un que Lanfranc
prit fur l’aute l, fuivant l’ufage de R om e , 1 autre que
le pape lui prefenta de fa main en figne d amitié ; &
on ne trouve que deux autres exemples de ces deux hiepalliums,
l’un pour Hincmar de Reims, l’autre pour
Brunon de Cologne. Thomas étoit accufe d avoir reçu
du roi Guillaume l’archevêché d’Yorc , pour re-
compenfe du fervice de guerre qu’il lui avoit rendu
dans la conquête de l’Angleterre ; & Remi evêque
de Lin colne, qui étoit venu à Rome avec les deux
archevêques , avoit été aulïi jugé indigne de 1 epifco-
p a t , parce qu'jl étoit fils d’un prêtre ; & on leur avoit
ôté à l’un & à l’autre l’anneau & le bâton paftoral.
Mais le pape, à la pnere de Lanfranc, les rétablit tous
deu x, lui laiifant le jugement de leur caufe ; & ils reçurent
de la main de Lanfranc l’anneau & le bâton.
Toutefois l’archevêque Thomas renouvella en prefen-
¿e du pape fa prétention contre la primatie de Cantor-
C c ij