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42.3 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fous pretexte de cette dignité. Le roi lui fit dire : C ’eit
une ancienne coutume, que les vaifaux de l’abbaïe fervent
le roi à la guerre, aïant l’abbé à leur tête. Ou
fuivez la coûtume, ou quittez la place, afin qu’on faife
le fervice. Arnoul profitant de l’occafion, obéit volontiers
au roi, 8c reprit la vie de reclus. Les moines affligez
lui reprefenterent , que Pons reviendroit lcsdéfo-
l e r , 8c par fon confeil ils eluren.t Gerauld homme fa-
vant ôc vertueux. Mais Pons ne manqua pas de revenir
avec, la reine Rerthe,pour chafler Gerauld, ôc fe remettre
en poiTeiTion. Arnoul fortit alors de fa retraite
pour s'oppofer à cette violence \ 8c comme la reine
ne vouloir point l’écouter , il lui dit : Croïez - m o i»
madame, fi vous chaifez d’ici l’abbé Gerauld, vous
ferez chailée du roïaume, ôc mourrez dans l ’affliètion
ôc le mépris ; ôc l ’évenement confirma cette prophét
ie , comme nous verrons en fon lieu. Gerauld céda ôc
fe retira, il étoit né à Corbie , ôc avoit été élevé dans
lemonaitere du lieu. Il fit le voïage de Rome avec
Fouques fon abbé , ôc ils y furent tous deux ordonnez
prêtres par 1e pape Léon IX. Gerauld étant de retour
à Corbie , alla en pelerinage à Jerufalem , en-
fuite il fut fait abbé de faint Vincent de Laon : mais
il renonça à cette prélature à caufe de l’indocilité des
moines ôc aïant été chaffé de faint Medard de Soif-
fons,il paifa en Aquitaine, où l’an 1080. il fonda le
monaftere de Sauve-majour dans le diocéie de Bour-
deaux ,• ôc plufieurs autres enfuite. Il étoit fort eftimé
par le roi d’Arragon Sange Ramirés. Il mourut en
109j. le cinquième d’A v r i l , ôc fut canonifé cent ans
après par le pape Celeftin III,
Quant à faint A rn ou l, depuis fa retraite il s’appli-
L i v r e S o i x a n t e - T r o i s i e ’ m e, 4 1 9 -
quoit aux jeûn e s , aux veilles & à la priere, comme A n. io8'i.
s’il n’eût fait que commencer : ôc fa réputation devint
telle en France, que toute la noblelle s’empref
foit à recevoir de lui quelque benediètion ; ôc toutes
les perfonnes conftitueesen dignité defiroient ardemment
de lui parler 8c le confulter , foit fur la paix de
l’églife , foit fur leur falut. Il fit encore plufieurs miracles,
ôc diffipa un faux bruit qui s’étoit répandu, que
. les Danois alloient inonder toute la France.
Lorfqu’il étoit dans le monde il avoit eu pour
ami un chevalier nommé Geric , qui depuis s’étoit
adonné aux pillages ôc aux violences fuivant l’abus
de ce tems-là. Arnoul avoit fouvent prié Dieu pour
ia converfion , ôc lui avoit fouvent fait donner des
avis ialutaires, mais fans fruit. Geric après avoir v é cu
plufieurs années dans une grande profperité , aïant
nombre d’enfans, les perdit tous , ôc fut lui-même
frappé d’une maladie qui le tint au lit trois ans ôc demi
, en forte qu’il n’attendoit plus que la mort. Déjà
fes neveux fongeoient à s’emparer de fes terres, ôc à
chaffer fa femme fans douaire. En étant allarmée ,
elle lui perfuada de fe faire porter en litiere à Arnoul
fon ancien ami : qui fe réjoüiflant de fon arrivée , le
fit venir devant fa fenêtre , ôc lui dit : Mon frere Ge-
-ric, j ’ai obtenu de Dieu par mes prières cette maladie:
pour vous faire rentrer en vous - même , rendez lui
grâces du péril dont il a délivré votre ame. Geric
répondit : Mon cher pere, je fuis venu vous trouver
en refolution de regler déformais ma vie félon que
vous l’ordonnerez : priez Dieu feulement qu’il me
rende la fanté. La femme de fon côté le prioit avec
larmes d’avoir aulïi pitié d’elle. Le faint homme lui
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