
j 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
~~ étant au refte incapable du gouvernement. Auifi s’éle-
■' * va-t-il bien-tôt des révoltés contre lui, & enfin le dixième
de Juin de l’an 10/7. 656$. indiétion dixième,
Ifaac Comnene fut déclaré empereur. Michel voulut
quelque temps foûtenir la guerre contre lui : mais il
fut obligé de ceder l’empire avant deux mois. Comme
on vit Ifaac proche dé C . P. plufieurs patrices allèrent
à fainte Sophie, fuivis de quantité d’autres perfonnes
le dernier jour d’Août dès le grand matin': criant au
patriarche qu’il defcendît, parce qu’ils avoient à le
confulter fur une affaire importante : c’étoit toûjours
Michel Cerularius. Il s’étoit enfermé, & refufant de
defcendre, il leur envoïa fes neveux pour lui rapporter
ce qu’ils defiroient. Les féditieux les menacèrent
de les étrangler fi le patriarche ne defcendoit auffi-
tôt. Il defcendit revêtu des ornemens pontificaux, témoignant
une grande indignation de la violence qu’on
lui faifoit. Ils le portèrent dans l’églife près de l’autel,
& d’abord ils le prièrent de tirer de l’empereur Michel
le ferment qu’ils lui avoient fait par écrit : maïs incontinent
après ils proclamèrent Comnene empereur,
declarant ennemis de l’état tous ceux qui n’y confen-
tiroient pas. Le patriarche Michel fut le premier à témoigner
qu’il l’approuvoit, auifi-bien que Theodore
patriarche d’Antioche qui étoit prefent ; & qui dit
qu’il falloir abattre les maifons des grands qui ne l’ap-
prouveroient pas.
Le patriarche de C . P. envoïa dire à Comnene de
venir inceffamment, & de lui tenir compte du fervice
qu’il lui avoit rendu : mais pour Michel Strationique,
il lui fit dire de fortir du palais, où il n ’avoit plus
que faire. Ainfi on vit clairement que Michel
L i v r e s o i x a n t i e ’m e . jj
Cerularius avoit joiié la comedie , & qu’il etoit non- ^ y
feulement complice, mais auteur de la révolte. M i- ' f § S |
chel Strationique demanda aux métropolitains qui
vinrent lui propofer de quitter l’empire, quelle ré-
compenfe le patriarche lui promettoit. Le roiaume
du c ie l, répondirent-ils. Aulfi-tôt il quitta la pourpre
& les autres marques de la dignité impériale, &
defcendit du palais : comme s’il y eût eu un grand
mérité à ceder l’empire quand il ne. pouvoit-plus le
garder. Il avoir régné un an & dix jours. Le lendemain
premier de Septembre Comnene arriva à C . P.
& fut couronné folemnellement dans la grande églife
par le patriarche.
Ifaac Comnene étoit d’une ancienne famille que
l’on croit originaire d’Italie. Son pere Manuel eut le Cang. famil.
gouvernement de tout l’Orient fous l’empereur Bafile ,*’ 1 '
Bulgaroétone ; &c mourut avant ce prince , à qui en
mourant il recommanda fes enfans. Il avoit deux fils curq»ip. sos.
Ifaac & Jean, que fon frere étant devenu empereur fit
curopalate , puis grand domeftique , & dont la pofte-
rité donna plufieurs empereurs. Ifaac étoit homme de
guerre, &c' s’appliqua à reparer la foibleffe des régnés
précedens & lepuifement des finances. Pour cet effet
il retrancha les revenus de quelques monafteres ; &
après avoir fait calculer ce qui leur fuffifoit pour vivre
fuivant la pauvreté qu’ils avoient vou é e , il leur ôta le
furplus & l’appliqua au prefit de l’état. Les uns trait-
toient cette conduite d’impieté & de facrilege, les .autres
difoient que c’étoit bien f a i t , d’ôter aux moines
l ’occafion de vivre dans les délices & d’inquieter leurs
voifins.
L’empereur Ifaac rendit à la grande églife de C . P. p. « S 7 .