
A n . 1068.
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Moeurs du roi
Henri.
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I5M. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
ges étoit auffi à ce concile avec Durand évêque de Tou-
louie , Gerauld de Cahors, Godeniar de Saintes, Grégoire
de Lefcar, Pierre d 'A ir , Guillaume de Commin-
g e s , Raimond de Leitoure, Bernard de Conferans &
Bernard d’Acs. Il y avoir auffi plufieurs abbez , entre
autres Hugues de C lu gn i, Ademar de faint Martial de
Limoges, ceux de Condom, de faint Papoul & de faint
Pons.
Le roi d’Allemagne Henri à l’âge de dix-huit ans ^
etoit deja un des plus méchans de tous les hommes.
Il avoit deux ou trois concubines à la fo is , 8c de
plus quand il entendoit parler de la beauté de quelque
fille ou de quelque jeune femme, fi on ne pou-
voit la feduire, il fe la, faifoit amener par violence.
Quelquefois il alloit lui,même les chercher la nu it,
8c il expofa fa vie en de telles occafions dès l’année
1066. il avoit époufé Berthe fille d’Otton marquis
d ’Italie , étant à peine âgée de quinze ans. Mais comme'
il l’avoit époufée par le confeil des feigneurs, 8c
non par fian ch o ix , il ne l’aima jamais , 8c chercha
toujours à s’en féparer. Pour en avoir Un prétexte , il
la fit tenter par un de fes confidens ; & la reine feignant
d’y confentir, prit le roi lui-même, 8c le maltraita
de forte qu’il en fut un mois au lit. Après avoir
abufé des femmes nobles , il les faifoit époufer à fes
valets.
Ces crimes l’engagerent à plufieurs homicides,
pour fe défaire des maris dont les femmes lui plai-
foient. Il devint cruel, même à fes plus confidens ;
les complices de fes crimes lui devenoient fufpedts,
& il fuffifoit pour les perdre, qu’ils témoignaient
d’une parole ou d’un gefte defapprouver fes defleins.
Auffi
Auffi perfonne n’ofoit-il lui donner de confeil qui ne 1063.
lui fût agréable. Il fa. voit cacher fa colere, faire petit
les gens lorfqu’ils s’en défioient k moins 8c feindre
d’être affligé de leur mort jufques à répandre des lar-
mes.
Il donnoit les évèchez à ceux qui lui donnoient le
plus d’argent ou qui favoient le mieux flater fes vices ;
8c après avoir ainfi vendu un eveche, fi un autre lui en
donnoit plus, ou loüoit plus fes crimes, il faifoit dé-
pofer le premier comme fimoniaque, & ordonner 1 autre
à fa place. D’ou il arrivoit que plufieurs villes
avoient deux évêques a la fo is , tous deux indignes. T e l
étoit le roi Henri, 8c la fuite de l’hiftoire le fera encore
mieux connoître. , \
En 1065. il tint une diete à Vormes après la Pen- ? Lc I0i He’„ri
te cô te , où il découvrit en fecret à Sigefroi archevê- |
que de Maïence , le deffein qu’il avoit de quitter la
reine fon époufe ; lc priant inftamment de lui aider , jfifc
& lui promettant, s’il le faifoit reuffir, de lui etre
entièrement fournis, & d’obliger les Turingiens, même
par les armes s’il en étoit befoin , a lui paier les
dîmes ; chofe que le prélat avoit fort à coeur. Après
donc qu’il eut confenti a la propofition du r o i, 8c
qu’ils fe furent donné parole ae part 8c d’autre , le roi
déclara publiquement qu’il ne pouvoir vivre avec la
reine Berthe, 8c qu’il ne vouloir plus tromper le monde
comme il faifoit depuis long-temps. Ce n eft pas ,
ajoûta-t-il, que j’aïe aucun crime à lui reprocher ;
mais je ne fai par quelle fatalité ou qupl jugement de
Dieu , je n’ai pû confommer mon mariage avec elle.
C ’eit pourquoi je vous prie au nom de D ieu , de me
délivrer de ce malheureux engagement, & de nous
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