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$up. lib. X X V . fi. IX.
Ltb. X X V I I .
n. 1
X X I I .
Do&rinç catholique.
(.18.
%jot H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ; ?
convenir qu’il fe puiiTe faire par miracle , que le pain
foit rompu dans le corps de Jefus-Chrift , qui depuis
fa réfurrecfion eft abfolument incorruptible , 8c demeure
au ciel jufques à la fin du monde ? Lanfranc. Le
jufte qui vit de la fo i , n’examine point 8c ne cherche
point a concevoir par la raifon , comment le pain devient
chair & le vin fang , changeant l’un & l’autre cf-
fentiellement de nature. Il aime mieux croire les mift-
teres celeftes, pour obtenir un jour la récompenfe de
la fo i, que de travailler en vain pour comprendre ce
qui eft incompreheniîble. Mais c’cft le propre des hérétiques
de fe moquer de la foi des fimples, 8c vouloir
tout comprendre par la raifon. Au refte, quand nous
croïons que Jefus-Chrift eft mangé fur la terre véritablement
& utilement pour ceux qui le reçoivent dignement,
nous ne laiffons pas de croire très-certainement
qu’il eft entier 8c incorruptible dans le ciel. Il apporte
enfuite l’autorité du concile d’Ephefe 8c de faint C y rille
d’Alexandrie.
Après avoir refuté les calomnies de Berenger contre
le cardinal Humbert & l’églife Romaine , il vient
aux preuves de la doètrine catholique. Nous croïons ,
d it - il, que. les fubftances terreftres, qui font lancti-
fiées fur la table du Seigneur par le miriiftere des
prêtres, font par la puiifance fuprême changées d!u-
ne maniéré ineffable 8c incomprehenfible en l’effencc
du corps du Seigneur, à la réferve des efpeccs 8c de
quelques autres qualité? de ces mêmes chofes ; de
peur qu’on n’eût norreur de prendre de la chair crue
8c du fan g , 8c afin que la foi ait plus de mérité. Eu
forte toutefois que le même corps du Seigneur demeure
au ciel à la droite du Pere immortel ,- fain &
L i v r e s o i x a n t e -u n i e’ m e . 171 ,
entier, & que l’on puiffe dire que nous prenons le
même corps qui eft né. de la V ie rg e , 8c non pas le
même. C ’eft le même quant à reffence , la propriété
de la vraie nature & la vertu : ce n’eft pas le même fi
l ’on regarde les apparences du pain & du vin. T elle eft
la foi qu’a tenue dès les premiers temps, 8c que tient
encore à prefent l’églife, qui étant répandue par toute
la terre porte le nom de catholique. Il prouve cette
doètrine par les paroles de l’inftitution de l’euchariftie, r-l8- ÎS
par faint Ambroife au livre des mifteres &r au livre des
facremens, par faint Auguftin fur les pfeaumes 8c fur Ambrof.de|g |
faint Jean, par faint Léon & faint Grégoire-, & par plu- °L 4.
lïeurs miracles dont il foutient que la vérité ne peut
être révoquée en doute.
Lanfranc répond enfuite à quelques objeétions. Be- 10<
renger difoit : Ce que vous prétendez être le vrai corps
de Jefüs-Chrift, eft nommé dans les auteurs ecclefia-
ftiques efpece , reffemblance, figure , figne, miftere,
facrement. Or ces mots font relatifs, & par confé-
quent ne peuvent fignifier la chofe à laquelle ils fe rapportent
; c’eft-à-dire le corps de Jefus-Chrift. Lanfranc
répond -. L’euchariftie s’appelle efpece ou reffemblanc
e , par rapport aux chofes qu’elle étoit auparavant, fa-
voir le pain & le vin. Ce qui n’empêche pas que ce
ne foit la vraie chair & le vrai fang de Jefus-Chrift ^
quant à l’effence ; même pour ceux qui le reçoivent
indignement, quoiqu’ils n’en reçoivent pas l’efficace fa-
lutairc.
Et enfuite : Vous croïez que le pain 8c le vin de la c. n,
fainte table demeurent ce qu’ils etoient quant à la
fubfiftance ; 8c qu’on les nomme la chair 8c le fang de
Jefus-Chrift, parce qu’on les emploie pour celfebrer
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