
A n. 1098. demeura plus incertain qu’auparavant, fi la lance trouvée
à Antioche étoit la même dont le côté de Jefus-
Chrift fut percé.
WM Le pape tint au mois d’Octobre 1098. le concile de
Concile de 1 1 «i 1» • • i* > • ! » Baii. Bari , comme il 1 avoit indique ; & il s y trouva
Edmer.z.Novor. I m HHI •/ a . 1 r 1 Ü i cent quatre-vingt-trois eveques, entre lelquels.'etoit
Lupufi.trofcof. faint Anfelme. ils étoient tous revêtus de chapes
hormis le pape , qui portoic une chafuble Si le pallium,
pardeifus Les Grecs y propoierent la queition
de la proceifion du faint Efprit , prétendant prouver
par l’évangile, qu’il ne procédé que du Pere. Le pape
y répondit par plufieurs raifons, & en emploïa
quelques-unes tirées du traité de l’incarnation, qu’ Anfelme
lui avoit autrefois envoie. Mais comme la
difpute continuoit, il fit faire filence & dit à haute
voix : Anfelme archevêque des Anglois, nôtre pere
ôc nôtre maître , où êtes vous ? Anfelme fe leva &
répondit : Saint Pere, qu’ordonnez-vous? me vo ic i:
Le pape le fit approcher &c feoir auprès de lui , au
grand étonnement du concile , où tous demàndoient
qui il étoit & d'où il venoit. Après que ce mouvement
fut appaife, le pape déclara publiquement la
vertu & le. mérité d’Anfelme, & avec quelle injufti-
ce il avoit été chafTé de fon pais. Anfelme étoit prêt
de répondre à la queftion propofée , mais on jugea
plus à propos de remettre au lendemain ; & alors il
traita la matière avec tant de force Sc de netteté , que
tous en demeurèrent fatisfaits, Sc lui donnèrent de
grandes louanges; Sc on prononça anathême contre
ceux qui nieroient, que le faint Efprit procédé du Pere
5c du Fils.
Enfuite on parla du roi d’Angleterre dans le con-
L i v r e S o i x a n t e - Q j / a t r i e ’m e . 6 6 9
cile de Bari, Sc on fit beaucoup de plaintes contre lui':
entre autres touchant la fimonie Sc l’oppreilion des
églifes , dont le j>ape parla fortement, Sc de ce qu’il
avoit fait fouffrir à Anfelme : ajoutant qu’il avoit ad-
monefté plufieurs fois ce prince de fe corriger ; Sc demandant
l’avis des éveques, ils répondirent : Sj vous
l’avez appelle jufqucs à trois fois, il eft clair qu’il né
refte qu’à le frapper d’anathême jufques à ce qu’il fe
corrige, Sc le pape en convint. Anfelme étoit demeuré
jufques là affis, Sc baiiTant la tête fans dire mot : mais
alors il fe le v a , Sc s’étant mis à genoux devant le pape,
il fit tant qu’il en obtint de ne pas prononcer l’excommunication
contre le roi. Tous les aififtans admirèrent
fa charité pour fon perfecuteur ; Anfelme écrivit depuis
}es raiions qu’il avoit empioïées dans ce concile
contre les Grecs, Sc en fit un traité fur la proceifion du
Saint-Efprit.
Après le concile de B a r i, Anfelme retourna à Rome
avec le pape. Cependant ion envoie revint d’A n gleterre
, Sc rapporta que le roi avoit reçu la lettre du
pape , mais qu’il n’avoit pas voulu recevoir celle d’A nfelme
; & que fachant que celui qui les avoit apportées
, étoit à lui , il avoit juré , qu’il lui feroit arracher
les yeux s’il ne fortoit promtement de fes terres.
Quelques jours après que le pape fut de retour à Rome
, il vint un envoie du roi d’Angleterre chargé
de fa réponfe au pape , à qui il dit : Le roi mon maître
s'étonne , comment il apû vous tomber dans l’ef-
prit de le folliciter pour la reftitution des biens d’A n felme.
La raifon eft , que quand ce prélat voulut
ibrtir du roïaume, le roi lui déclara nettement,
que s’il fortoit , il fe faifirok de tout l'archevêché.
Q o o o ij