
------------ 374 H I S T O i R E E c C L E S I A S T IQJüe;
A n. i078. tre-Seigneur, ou de m’ôter de cette vie, ou de me
rendre utile à fon églife. Car je fuis environné d’une
douleur exceflive 8c d’une triftelfe univerfeile. L’églife
Orientale abandonne la foi catholique, 8c les Chrétiens
y font par tout mis à mort. Quand je regarde
l'Occident 8c les autres parties du monde , à peine
trouvai-je des évêques dont l’entrée ait été légitime ,
dont la vie foit pure , 8c qui gouvernent leur troupeau
par charité plutôt que par ambition : Sc entre tous les
princes feculiers , je n’en connois point qui préfèrent
l’honneur de Dieu au leur , 8c la juftice à l’interêr.
Q2.ant aux peuples entre lefquels je demeure, les Romains
, les Lombards 8c les Normands : je leur dis fou-
v en t , je les trouve en quelque façon pires que des
Juifs 8c des païens. Quand je reviens à moi même,
je me fens fi chargé du poids de mes péchez , que je
n’ai d’efperance pour mon falut qu’en la feule miferi-
corde de Jefus-Chrift. il conclut en fe recommandant
aux prières des moines de Clugni.
T.tpiji.n. Enfin dans une lettre de cette même année 1078.
il parle ainfi : Nous fommes accablez de tant d’affliôtions
8c fatiguez de tant de travaux, que ceux qui
font avec nous ont peine même à le voir. Et quoique
l ’écriture nous apprenne, que chacun fera recompenfë
félon Ion travail, la vie nous paroit fouvent ennuïeu-
fe 8c la mort defirable. Quand le bon Jefus me tend
la main, il me donne de la joie : mais quand il me
laiife à moi-même , je retombe dans le trouble ; 8c
quand les forces me manquent entièrement, je lui dis
en gémiiTant : Si vous impofiez un tel fardeau a Moïfe
l v . ou à Pierre , jecroi qu’ils en feroientaccablez.
-r Vers le même tems le pape demanda à l’abbé Hugues
quelques-uns de fes moines les plus habiles pour An. 1078.
l'aider dans le gouvernement de l’églife. Hugues lui Orderic. lib. 1 v.
envoia Odon prieur de Clugni, 8c Pierre, depuis abbé
de Cave près deSalerne. Odon , Eudes ou Otton ( car ^ l1, ïpHt
c’eft le même ) étoit fils du ieigneur de Lageri près de
Châtillon fur Marne. Il naquit vers l’an 1041. & fut
élevé à Reims où il fit fes études fous faint Bruno alors
chancelier de cette églife. Odon en fut auffi chanoine:
8c comme ce chapitre obfervoit alors une grande régularité,
quelques-uns ont d i t , qu’il avoit été chanoine
régulier. Il étoit archidiacre de Reims en 1070.
Mais peu de tems après il réfolut de quitter le monde,
apparemment par les exhortations de faint Bruno, &
fe retira à C lu gn i , où il eut pour maître le même
Pierre 3vec lequel il fut depuis envoie a Rome. S. Hugues
voïant la capacité d’Odon , le fit prieur du mo-
naflere peu d’années après fa converfion ; c’eft-à-dire,
vers l’an 1076. 8c deux ans après le pape Grégoire VII.
l’aïant fait venir à Rome, lui donna l’évêché d’Oftie
pour l’oppofer à un fchifmatique nommé Jean à qui
l’empereur Henri l’avoit donné après la mort de Ge-
rauld , fameux parXes légations. Odon devint alors le
principal confident du pape, 8c fut quatre ans durant in&JM
continuellement auprès de lui. I077'
Le pape Grégoire avoit renvoïé à fon légat Hugues Do,
de Die le différend entre Even ou Ivon évêque de «Bretagne.
1 ^ - y j /T^ 1 jLCtft ftp,
Dol en Bretagne, 8c Johonee ion predecelleur. Ce der- Manmtu.t.pr
nier étoit entré dans ce fiege par fimonie, en donnant
au comte Alain de grands prefens, au vû 8c fçû de
tout le monde ; 8c depuis fon épifcopat il s’étoit marié
publiquement, 8c avoit plufieurs enfans. Q2and fes
filles étoient venues en âge d’être mariées, il leur avoit