
A n. 1091.
Pr&f lib. y
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5 3 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
dit : Un étranger comme moi, qui me fuis trouvé
prefque barbare en ce lieu-là , par la diverfité de la
langue , & qui y fuis entré ta rd , ne peut s’inftruire
auffi facilement de toutes chofes, qu’un naturel du
païs nourri dès l’enfance dans la maifon. Pour moi
juiqu'à l'âge d’environ trente ans , 'je n’ai gueres
fongé qu’aux chofes du monde. Toutefois je vous dirai
volontiers ce que je fai.
Ulric continua fon vo'iage , &c étant arrivé à la
c o u r , il lui manqua quelque chofe neceffaire pour
le retour : & toutefois il ne put fe réfoudre à rien demander,
ni au roi , ni à un prélat très-riche à qui il
avoit affaire. Se fouvenant de cette fentence de faint
Jerome , qu’un moine ne doit jamais rien demander,
& prendre rarement ce qu’on lui offre. Il repaffapar
Hirfau g e, comme il avoit promis à l’abbé Guillaume
, qui s’ étant apperçu de ce qui lui manquoit, n’attendit
pas qu’il le lui demandât, & pourvut à tout
abondamment, il lui rendit toutes fortes de fervices,
jufqu à lui faire les cheveux de fa main , &le pria
de l’inftruire des ufages de Clugni. Ulric écriv
it depuis fes converfations, & en compofa fon recueil.
Depuis long-tems il avoit perdu l’ufage d’un oe i l ,
& aïant perdu l’autre deux ans avant fa m o rt, il s’ap-
pliquoit davantage à l’oraifon & à la pfalmodie.
Saint Hugues aïant appris qu’Ulric étoit devenu aveugle
, envoïa Cunon pour le rappeller à C lu gn i, voulant
lui donner en cet état toute la confolation pof-
iîb le , & après fa mort enrichir fon églife des reliques
de ce faint homme. Mais Ulric ne voulut
point quitter la C e lle , & y acheva fes jours dans une
L i v r e S o i x a n t e - T r o i s i e ’m e . j 3 j
grande vieilleffe vers l’an 1095, il avoit fait quelques
miracles de fon v iv a n t , &c il s’en fit encore plus à fon
tombeau. Sa vie fut écrite peu d’années après par un
moine de la Celle.
Son recueil des coutumes de C lu g n i, ne fut pas
feulement utile à l’abbaïe d Hiriauge, pour laquelle
il avoit été é c rit, mais à plufieurs autres monafteres
de la haute A llemagne &. des autres p a ïs , qui recher
cherent cet ouvrage comme un précieux trefor. Il
eil divifé en trois liv re s , à la tête defquels eft une lettre
à l’abbé Guillaume., où l’auteur fe plaint d’abord
d’un abus, qu’il dit être la principale caufe de la ruine
des monafferes. C ’eft que les peres qui avoient grand
nombre d’enfans, cherchoient à s’en décharger ; principalement
s’il y en avoit quelqu’un manchot, boiteux
ou autrement incommodé. Les maifons remplies
de ces invalides , ne peuvent, d i t - il , garder aucune
régularité ; &i l’obfervance n’eft exaète que dans
celles où le plus grand nombre eft d’hommes , qui y
font entrez en âge m û r , & de leur propre mouvement.
Le premier livre des coutumes de C lu g n i , contient
la defcription de l’office divin ; & commence
par la diftribution de l’écriture fainte pour les letftu-
res. Elle étoit à peu près telle que nous l’obfervons ;
mais les leçons étoient bien plus longues, puifque
pendant la femaine de la Septuageiîme on lifoit la
Geriefe entiere. Il eft vrai que l’on continuoit au rc-
feéloir la leéture du choeur. Enfin à l’entrée du Carême
on avoit lû l’Oétateuque ; c’eit-â-dire , les cinq
livres de Moïie St les trois iuivans. Ils avoient beaucoup
ajouté à la pfalmodie preicrite par faint Benoît.
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A n. 1091.
LX.
Coutumes de
Clugni.
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to.4 S picil.p.ti,
V. Mabill. Elog.
S. Od. n. 17..
f u . 5.
c a p . x .