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A n, io8 j. à l’églife: comme il avoit fait à l’égard du pape Grégoire.
Didier le promit très-volontiers, & leur donna
pour gage de fa foi la ferule ou bâton paftoral qu’il
tenoit à la main comme abbé, ils alloient donc élire
l’évêque d’Oitie : quand un des cardinaux s’écria, que
cette éleôtion étoit contre les canons , & qu’il n’y
confentiroit jamais. Apparemment à caufe qu’Octon
étoit déjà évêque. On reprefentaà ce cardinal, que la
neceffité du tems le demandoit, maison ne put jamais
le fléchir.
Alors les évêques , les cardinaux, le clergé & lepeuple
irrité de la dureté de D id ie r,, 8c voïant qu’ils
ne gagnoient rien avec lui par les prières, refolurent
de finir l’affaire par la violence. Ils le prirent donc
malgré l ui , & le traînèrent à l’églife de faintc Luce,
où ils l’élurent pape dans les formes d’un confente-
ment unanime , 8c lui donnèrent le nom de Viôtor
III. ils le revêtirent de la chape rou g e , mais ils ne
purent lui mettre l’aube à caufe de fit réfiftance. Ce-
c.66. pendant le gouverneur de Rome pour l’empereur
Henri fe faifit du Capitole, d'où il incommodoic fort
le nouveau pape , qui forcit de Rome quatre jours
après fon élection -, 8c étant arrivé à Terracine, y
quitta la croix, la chape 8c les autres marques du pontificat,
fans que l’on pût lui perfuader de les reprendre
: refolu de palier le refte de fa vie en pelerinage *
plutôt que de fe charger de cette, dignité. On le prioit
avec larmes, 8c on lui reprefentoit le péril de l’églife
8c l’indignation de Dieu qu’il s’attiroit : Il retourna
ainfi au Mont-Caflm , 8c demeura inflexible pendant
toute une annee. Les cardinaux 8c les évêques qui
étoient avec lui ne fe: rebuterent pas pour cela j mais
ils preiferent Jourdain prince de Capouë de lereme- An, 1085.
ner à Rome pour fon facre. Il vint en effet au Mont-
Caflm avec beaucoup de troupes : mais il fut retenu
tant par les inftances de Didier , que par la crainte
des chaleurs, 8c fans vouloir paffer outre ¿1 s’en retourna.
.
Saint Anfelme de Luquesne furvêcut que dix mois xxvin.
. t t . r a T r a v a u x cle au pape Grégoire , qu il regardoit comme Ion maître s. Anfeimc de
8c Ion modèle ; 8c il mourut hors de fon diocéfe ,
chaflé par fon clergé. Dès le commencement de fon
épifeopat, il avoit voulu réduire â la vie commune
les chanoines de fa cathédrale dediée à faint Martin ,
offrant de vivre dans la même communauté. Il
croïoit les y devoir obliger en exécution d’un décret
du pape Léon IX. 8c il étoit foûtenu par la comceffe
Mathilde dame du païs- Il arriva même que le pape
Grégoire V II.V in t a Luqués , apparemment en 1077.
dans le féjour qu’il fit en Tofcane •> 8c aïant été in- sup.iiv.
ftruit de l’affaire, il exhorta les chanoines à fe foû- ”’4i*
mettre, ils lui promiretit tout , mais iî-toc qu’il fut
paffé , ils revinrent à leur première indocilité. Le pape
leur en fit des reproches par deux lettres , leur défendant
même l’entrée de l’églife. Enfin ils furent ap- ’ u
peliez à Rome, Si convaincus d’avoir confpiré contre
leur évêque. Ainfi par le jugement du concile ils
furent livrez à la cour feculiere fuivant les canons,
c’eft-à-dire, fournis aux charges publiques, ce qui
étoit une efpece de fervitude. La comteffc Mathilde
fie executer.ce jugement, ce qui les révolta contre
elle-même.
On tint donc encore yn concile à faint Gênés près
de Luques, où prefida au nom du pape Pierre Ignée
M m m iij