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T o . f . c e n c . t . 1X00«
1514 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e ;
rendre la liberté de nous pourvoir ailleurs. C a r , afin
qu’on ne la croïe pas deshonorée, je fuis prêt de jurer
que je l’ai gardée auffi pure que je l’ai reçue.
La propoiîtion parut honteufe à tous les affiftans &
indigne de la majefté roïale : perfonne toutefois n’ofoit
rejetter une affaire pour laquelle le roi avoit tant d’ardeur
; & l’archevêque de Maïence prenoit le parti de
ce prince autant qu’il le pouvoit honnêtement. Ainfi
du confentement de tou s, il indiqua un concile à
Maïence pour la première femaine après la faint Michel.
On envoïa cependant la reine à Loresheim ; & le
roi peu de temps après affembla des troupes pour marcher
contré Dedi marquis de Saxe 8c les Turingiens li-
guez avec lui. L’archevêque de Maïence prit cette oc-
caiîon de fommer le roi de fa parole touchant les dîmes
: mais les Turingiens envoïerent au roi des députez
, pour lui déclarer, qu’ils ne prétendoient point fa-
vorifer la révolte, mais feulement maintenir leur ancienne
liberté touchant les dîmes -, & que fi l’archevêque
entreprenoit de les lever de fo rc e , ils fe défen-
droient. En effet, fans agir contre le r o i , ils infulte-
rent en toute occafion les troupes de l’archevêque ; 8c
le roi fe contenta de leur ordonner pour la forme de
païer les dîmes , fans fe mettre beaucoup en peine de
l ’execution.
Cependant l’archevêque de Maïence écrivit au pape
une lettre , portant en fubftance : Nôtre roi Henri
a voulu depuis quelques jours quitter la reine , qu’il a
époufée légitimement 8c fait folemnellement couronner
, fans alléguer d’abord aucune cauiè de divorce.
Surpris de cette nouveauté comme d’un prodige, nous
lui avons^éfifté en face de l’avis de tous les feigneurs,
qui fe font trouvez à la cour y & nous lui avons de- ^ E T
claré, que s’il ne nous expofoit la caufe de ion divorce
, nous lé retrancherions de la communion de 1 egli
fe f u p p o f é premièrement que vous le jugeaffiez a propos.
Il nous a dit pour caufe de féparation , qu il ne
pouvoit confommer avec elle fon mariage ; & elle en
eft demeurée d’accord. Comme ce cas eft rare dans les
affaires ecclefiaftiqucs, 8c prefque inoüi quant aux per-
fonnes roïales, nous vous confultons comme l’oracle
d iv in , 8c nous prions vôtre faintete de décider cette
importante queftion. Nos freres qui fe font trouvez
prefens, ont indiqué pour ce fujet un concile dans notre
ville , où le roi & la reine doivent venir pour lubir
le jugement. Mais nous avons réfolu de ne le point
faire fans vôtre autorité ; 8c nous vous prions, li vous
approuvez que nous terminions cette affaire dans un
concile , d’envoïer de vôtre part des perfonnes capables
avec vos lettres, pour aflifter a 1 examen & au ju-
■ B | envoïa en effet Pierre Damien comme XXXI” '
fon leo-at qui fe rendit à Maïence avant le jour mar- Macn«.
qué. I roi apprit.en chemin que le légat l’y attendoit,
& qu’il de voit lui défendre de faire divorce , 8c menacer
l’archevêque de Maïence de la part du pape,
pour avoir promis d’autorifer une féparation fi criminelle.
Il faut croire que le pape ou le légat avoient
appris d’ailleurs que la conduite de l’archeveque n e-
toit pas conforme à fa lettre. Le roi confterne de fe
voir enlever des mains ce qu’il defiroit depuis 11 longtemps
, vouloir retourner en Saxe y 8c à peine fes con-
fidens purent-ils lui perfuader de ne pas fruftrer 1 at -
tente des feigneurs qu’il avoit affemblez a Maïence