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Vît» Greg. c. 9.
344 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
treizième de Mars à Forcheim en Franconie; 8c ils
écrivirent au pape , que puifque le ro i , par fes artifices
, l’avoit empêché de fe trouver a Augfbourg a
la Chandeleur, il ne manqua pas au moins de venir a.
Forcheim. Le pape étoit encore à Canoffe 8c- dans les
forterefles voihnes , réfolu de ne retourner à Rome
qu’après fon volage d’Allemagne. Ayant donc reçu
les lettres des feigneurs Allemands, quoiqu’il fût deja
bien averti du changement du r o i , il ne laiiTa pas de
lui envoler un cardinal nommé Grégoire avec d’autres
légats : pour lui dire , qu il étoit tems d accomplir
fes promeifes , 8c qu’il fe trouvât à Forcheim, afin que
fa caufe y fût jugée définitivement par le pape. Le roi
diifimulant de ion coté , répondit : que comme c etoit
fon premier volage d’Italie , il y avoit trouve tant
d’affaires,-qu’il ne pouvoir en fortir fi promtement
fans offenfer les Italiens ; 8c que d’ailleurs le terme de
l’affemblée étoit trop court, il pria même le pape de
lui permettre de recevoir la couronne à Modoëce ou
Monza fuivant l’ufage des rois de Lombardie, par.
les mains de l’évêque de Pavie 3c de l’archevêque de
Milan : ou parce que ces deux prélats étoient excommuniez
, qu’il en donnât la commiflion à quelqu’au-
tre évêque. Mais le pape refufa : car il ne .prétendoit
lui avoir rendu que la communion de l’églife , Ôc non
pas la royauté , ce qu’il difoit ne pouvoir faire fans le
confentement des feigneurs.
Le pape envoïa donc ert Allemagne Bernard abbé
de faint Viétor de Marfeille , homme d’une haute
vertu , ôc un cardinal diacre nommé auffi Bernard ,
pour fe trouver à l’affemblée de Forcheim , raconter,
aux feigneurs Allemands ce qui s’étoit paffé, ôc leur
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dire, que l’intention du pape étoit de s’y trouver lui-
meme : mais que Henri lui avoit fi bien fermé tous les
paffages , qu’il ne pouvoir ni paffer en Allemagne, ni
retourner à Rome : ainfi , qu’il les exhortoit à donner
cependant le meilleur ordre qu’ils pourraient â leurs
affaires. C ’eft-là que finit l’excellente hiftoire de Lambert
de Schafnabourg : mais l’auteur de la vie de Grégoire
VII. nous apprend ce qui fe paffa à l’affemblée de
Forcheim.
Les légats y prefenterent les lettres du pape, 8c dirent
qu’il avoit peu de fadsfaétion du roi , qui contre
iès promeffes n’avoit fait par fa prefence qu’encourager
des ennemis de l’églife ; 8c que toutefois il les
prioit de différer jufqu’à fon arrivée l’éleètion d’un
nouveau roi. Après que les légats eurent parlé, les
evêques 8c les feigneurs fe levèrent l’un après l’autre
pour leur faire honneur. Puis ils commencèrent à fe
plaindre aux légats des maux que le roi Henri leur
avoit faits, 8c qu’ils avoient encorefujet d’en craindre,
ajoutant qu’il les avoit tant de fois voulu furprendre ,
qu’ils ne pouvoient fe fier à fes fermens ; 8c que s’ils
l’avoient fouffertfi long-tems depuis qu’il étoit dépofé,
ce n’étoit pas qu’ils efperaffent fa correèbion , mais
pour ôter à leurs ennemis tout pretexte dé calomnie.
Ce jour là fe paffa en ces plaintes.
Le lendemain ils allèrent trouver les légats à leur
lo g is , ôc leur reprefenterent qu’ils expofoient le roïau-
me à une divifion fans remede , s’ils n’élifoient un roi
dans cette même affemblée. Les légats répondirent :
Il nous femble que ce feroit le meilleur, fi vous le pouviez
fans pér il , de différer l’éleéfion jufqu’à l’arrivée
du pape : mâis vous avez l’autorité entre les mains, ôc
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