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à l’archevêque de Reims 8c à fes fuffragans , leur reprochant
d’avoir fouffertun crime fi fcandaleux.Nous
vous ordonnons , ajoûte-t-il, quand vous aurez vû
cette lettre , d’aller promtement trouver le roi, pour
l ’avertir de la part de Dieu 8c de la n ôtre , 8c l’obliger
a fe relever d’un crime fi horrible. Que s’il méprife
vos avis, nous ferons obligez , 8c nous 8c vous, d’em-
ploïer le glaive fpirituel contre fes adultérés. Faites
auifi la même inftance pour la délivrance de notre
confrere l’évêque de Chartres : que fi celui qui l’a
pris ne vous obéit pas, excommuniez 8c mettez en
interdit les châteaux où il le retiendra 8c fa terre :
afin que l’on ne faiTe plus de telles entreprifes contre
des perfonnes de ce rang. La lettre eft du vingt-feptié-
me d’Oétobre 1091.
Le pape en envoïa de femblables à tous les évêques
de France : car Ives de Chartres en parle , écrivant à
Gui fenechal du ro i, qui vouloir le réconcilier avec
ce prince. J’ai vû , d i t - il , des lettres que le pape U r bain
a envoïées â tous les archevêques 8c les évêques
de fon roi'aume , afin qu’ils le mettent à la raifon t
elles auroient déjà été publiées , mais pour l’amour
de lui je les ai fait retenir jufques à preient, parce que
je veux empêcher autant qu’il eft en m o i, que ion
roïaume s’élève contre lui.
Les principaux de la v ille de Chartres avoient corn-
juré enfemble de faire la guerre au vicomte , pour la
délivrance de leur évêque. L’aïant appris, il leur écriv
it pour le leur défendre abfolument. Car, dit-il , ce
n’efi pas en brûlant des maifons 8c pillant des pauvres
que vous appaiferez Dieu : vous ne ferez que
t'irriter-, Si fans fon bon plaifir, ni vous ni perfonne
L i v r e S o i x a n t e - Q j j a t r i e ’m e . 5 5 9 ---------
ne pourra me délivrer.. Permettez que je porte feul A n. 1091.
la colere de Dieu , jufques à ce qu’il me jufti fieÔc
n’augmentez pas mon affliftion par la mifere d'autrui.
Car j ’ai ré fol u non-feulement de demeurer en prifon :
mais de perdre ma dignité 8c même la vie , plutôt que
d’être caufe que l'on faife périr des» hommes. Souvenez
vous qu'il eft é c r it , que Pierre étoit en prifon , a s . m . 5.
8c que l’églife faifoit fans ceiTe des prières pour lui. v u
Gérard le jeune évêque de Cambrai, étant mort Ré‘fb,;iTe'.
/ a 1 1 / l l J» A n i en t de 1 e v e - l’onziéme d’Aout 1.091. le cierge 8c le peuple d Arras ché avu-ras.
iongerent à rétablir chez eux un evêque , comme ils
en avoient eu autrefois. L’occafion étoit favorable : Gijiav. mfni.
le pape Urbain élevé à Reims connoiflbit l’ancien
état des églifes de la province ; Sc les habitans d’Ar-
ra s , qui le reconnoilfoient pour pape , étoicnt perie-
cutez par ceux de Cambrai attachez à l’empereur
Henri. Il y avoit près de cinq cens ans , que ces deux
églifes n’avoient qu’un évêque , favoir depuis que Co.nu ^ ji#
fa în tV a f t , que faint Remy fit évêque d’Arras, 8c *•
qui le devint auifi de Cambrai, depuis que Clovis eût
foûmis cette ville à fon obéiffance.
Le pape Urbain reçut favorablement la demande des
Artefiens , 8c écrivit en ces termes à Renauld archevêque
de Reims : Sachez que l’églife d’Arras a été une
des plus nobles de la métropole de Reims ; 8c il pa-
roît par des monumens aurentiques, qu’elle a eu de
très-pieux évêques 8c les autres droits épifcopaux.C’eft
pourquoi nous vous ordonnons de confacrer 8c in-
ftaller fans d é la i, celui qui fera élu canoniquement
pour évêque par le clergé 8c le peuple de cette
églife : car, il arrive fouvent, que pendant la perfe-
cution , les églifes deftituées de cle rg é , de peuple 8c
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