
<— S 3 * 4 H i s t o i r e , E c g l e s i a s t i Q J 1 E .
An. 1079. en écrivit en ces termes à l’abbé de Clugni : Pourquoi,
mon cher frcre, ne confiderez-vous pas en quel péril
eft l’églife ? où font ceux qui réfiftent aux impies , 6c
qui ne craignent point de mourir pour la vérité ? Les
hommes qui femblent aimer Dieu, abandonnent la
guerre de Jefus-Chrift , 6c fans fe mettre en peine du
falut de leurs freres, ils cherchent le repos, 6c n’aiment
qu eux-memes. Les paileurs s’enfuient, 6c même les
chiens qui devroient défendre le troupeau : ainfi les
loups & les voleurs ne trouvent plus de réfiftance. Vous
avez enlevé, ou du moins reçu ce duc dans le repos de
Cl ugni , 6c vous avez laiiTé cent mille Chrétiens fans
protecteur. Que fi vous avez été peu touché de nos exhortations,
pourquoi ne l’avez-vous pas été des larmes
des veuves 6c des orphelins, du murmure des moines
6c des prêtres , de la ruine des églifes ? On trouve af-
fez de moines 6c de particuliers craignans Dieu ; mais
à peine trouve-t-on un bon prince. Cette lettre eft du
fécond jour de Janvier 1079.
Elle montre en quelle eltime étoît le duc de Bour-
.gogne, tant auprès du pape que du public; & on voit
par plufieurs chartes le foin qu’il eut de reftituer aux
églifes ce que fon pere 6c fes ancêtres leur avoient
ôté. Pendant les trois ans qu’il gouverna fon é ta t , il
fut par. fa juftice l ’amour des gens de bien 6c la terreur
des méchans.- mais depuis qu’il eut embraifé la
vie monaftique , il fut par fon humilité l'admiration-
de tout le monde, s’abaiflant au deifous des perfonnes
les plus viles , 6c jufques à graiiTer les fouliers des freres.
il perfevera conftamment pendant quinze ans, 6c
mourut l’an 1093. Versle mêmetemsôc fuivantlemê-’
me exemple de Simon de Crefpi, Gui comte de Maçon
fe '
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fe donna auflià Clugni avec fesenfans, en forte que ce A n. 1079-
comté fut réuni au Duché de Bourgogne , qui paifaà
Eudes furnommé Borel frere de Hugues.
Au mois de Février de la même année 1079. le pa- Slié^ ; o!sc.w
pe tint à Phonie dans l’églife du S a u v e u r , un concile îedeRome.
1 . / a Rétractation où alhfterent cent cinquante eveques ; entre autres de Berenger.
Henri patriarche d’Aquilée , Pierre Ignée évêque.
d Albane, faint Anfelme de Luques, Landulfe de Pife, £ »• 18.
Reignier de Florence , Hugues de Die 6c Altmande Ammjm.to.
Paifau. On y traita la matière de l’euchariftie en pre-
fence de Berenger. La plupart foûtenoient , que par .
les paroles de la confecration &c la vertu du Saint Ef-
p r i t , le pain & le vin eft changé fubftantiellement au
corps de Nôtre-Seigneur , qui eft né de la Vierge 6c
qui a été attaché à la croix , & au fang qui a coulé de
fon côté ? 6c ils leprouvoient par les autoritez des Peres
tant grecs que latins : quelques-uns toutefois di-
foient que ce n’étoit qu’une figure , 6c que le corps
fubftantiel eft alfis à la droite du pere. Maisavantla
troifiéme journée du concile, ils furent fi clairement
convaincus /qu’ils ceiferent de combattre la vérité ; 6c
que Berenger lui-même , qui enfeignoit cette erreur
depuis fi long-tems , confefla en plein concilequ’il
s’étoit trompé, demanda pardon & l’obtint, enfaifant
la profeifion de foi fuivante.
Moi, Berenger , je crois de coeur 6c confeiTe de bouche
que le pain 6c le vin qu’on met fur l’autel , font
changez fubftantiellement par le myftere de l’oraifon
facrée 6c les paroles de nôtre redempteur, en la chair
vraie , propre 6c vivifiante , 6c au fang de Nôtre-Sei-
o-neür Jefus-Chrift, 6c qu’après la confecration c’cft
fon véritable corps, qui eft né delà Vierge , qui a été