
z i o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Le troifiéme jour les évêques allèrent trouver le roi,
& lui reprefenterent avec zele l’intérêt qu’il avoit lui-
même de faire obferver les canons pour le falut de fon
ame, & pour la paix de l’églife & de l’état. Il les écouta
plus tranquillement que ne promettoit fon naturel
Violent & fon â g e , car il n’avoit que vingt ans. Il fou-
tint qu’il avoit donné gratuitement à Charles l’évêche
de Conftance, & n’avoit fait avec lui aucune convention.
Mais, ajoûta-t-il, fi quelqu’un de mes domefti-
ques a fait avec lui quelque traité pour le fervir en cette
rencontre, ce n’eft pas à moi de l’en accufer ou de
l’en juftifier ; c’eft fon affaire. Après avoir airtfi parlé
aux évêques, il vint avec eux au concile , on y fit entrer
Charles & les clercs de Conftance. Leur chef pre-
fenta un libellé contenant les caufes d’oppofition au
facre de Charles ; favoir la fimonie & la déprédation
des biens de l’éghfe. Ils prefenterent aufti les noms &
les qualitez des témoins, par lefquels ils offroient de
prouver chacun des chefs d’accufation.
Charles propofoit contre eux divers reproches, &
proteftoit de fon innocence : le roi prenoit fon parti,
& s’efforçoit de le juftifier, ou du moins d’affoiblir l’ac-
cufation par des difcours artificieux. Et quand les ac-
cufateurs. vouloient infifter & s’élever avec force,il emploient
l’autorité pour les retenir. On difputa fi longtemps
fur le nombre & la qualité des aeçufateurs & des
témoins, & fur les reproches de l’accufé, que la feance
dura bien avant dans la nuit, & on fut obligé de la terminer
fans rien conclure.
Mais le lendemain Charles, qui pendant la nuit
avoit fait de ferieufes reflexions, remit l’anneau & le
bâton paftoral entre les mains du r o i , difant, que fe-
Ion les décrets du pape Celeftin, il ne vouloit point ^ ^
être évêque de ceux qui ne vouloient point de lui. Les
Peres du concile rendirent grâces à Dieu , de les avoir
tirez de cet embarras d’une maniéré fi peu attendue ;
ils ordonnèrent que les a cites de ce concile feroient gar- •
dez dans les archives de l’églife de Maïence, & que l’on
en rendroit compte au pape pour lui en demander la
confirmation. Charles étant retourné dans le diocèfe
de Magdebourg, d’où il avoit été tiré, y mourut qua- L«mle r t .
tre mois après.
Cependant le pape Alexandre envoïa un légat à C . XL-, H
i i « f C J c a n X ip h i lm P. vers le nouvel empereur Michel Parapinace. C on l- p a t r ia r c h e d e c.
tantin Ducas étoit mort dès l’an 1067. au mois de Mai, P-
1 / C 1 a C u r o t a l . f i après avoir regne lept ans ce demi, oc en avoir vécu un 8i7. d.
peu plus de foixante. Il aimoit tellement les lettres,
qu’il eût fouhaité qu’elles euffent rendu fon nom célébré
, plutôt que la dignité impériale. De fa femme
Eudocie il laiifa trois fils, Michel, Andronic & Conf-
tantin ; & fe voïant près de la mort, il fit dreifer un
,a£te où tous les grands fouferivirent, portant qu’ils ne
rcconnoîtroient point d’autre empereur que fes enfans;
l’imperatrice Eudocie promit auffi de ne fe point remarier
, & cette promeffe fut mife en dépôt entre les
mains du patriarche. C ’étoit Jean Xiphilin natif de
Trebifonde, qui étoit en grande réputation pour fa
doètrine , fa capacité dans les affaires & fa vertu. Dès
fa jeuneffe il embraffa la profeffion monaftique, mena
aifez long-temps la vie d’anacorete fur le Mont-Olympe
; & ce rut malgré lui qu’après la mort de Conftantin
Lichoudés, il fut mis fur le fiege patriarcal en 10 6 6.
comme en étant le plus digne. Xiphilin eft fameux par
fon abrégé de l’hiftoire de Dion Caifius.
D d ij