
A n . 1071.
L V I I .
Retraite de S.
An non de Colo-
gne.
Lamb. an. I©7J. p. IS.
L V I I I .
Concile d’Erford.
Lamb. an. 1073.
jto, $. conc. p. Î130.
*4<i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Le roi Henri paiTa la fête de Noël à Bamberg, ou
Annon archevêque de Cologne ne pouvant plus fouf-
frir les injuftices qui fe commettoient à la cour, pria le
roi de le décharger des affaires d’état, alléguant fon âge
deja avance. Le roi n’eut pas de peine à y confentir,
voiant depuis long-temps le prélat extrêmement choque
de fes paffions déréglées & des folies de fa jeuneffe,
& qu’il s’y oppofoit autant que le refpectle permettoit.
L ’archevêque aïant obtenu fon congé , fe retira au
monaftere de Sigeberg qu’il avoit fondé, &c y paifales
trois années qu’il furvécut en veilles, en jeûnes & en
prières, accompagnées d’aumônes , n’en fortant que.
par quelque neceffité inévitable.
Mais le r o i, comme délivré d’un fâcheux gouverneur
, s’abandonna auffi-tôt fans retenue à toutes fortes
d.e crimes. Il commença à bâtir des fortereffes fur
toutes les montagnes & les collines de Saxe & de T u -
n n g e , & y mit des garnifons. Pour les faire fubfifter
il leur permit de piller le plat-païs, & de faire travailler
les habitans par corvées aux fortifications de
ces châteaux. Et afin de donner un prétexte à ces violences
, il excita l’archevêque de Maïence à exiger
les dimes de Turinge , comme il avoit commencé
depuis plufieurs années, promettant de lui prêter
main forte pour contraindre ceux qui les refuferoient ;
mais à condition qu’il partagerait ces dîmes avec l’archevêque.
Le prélat fe laiffa féduire par cette efperan-
c c , & indiqua un concile à Erford pour le dixième de
Mars 1073.
Au jour marqué , le roi & l’archevêque s’y trouvèrent
, accompagnez l’un & l’autre d’une grande troupe
de favans, qu’ils avoient affeété de faire venir, de
L i v r e s o i x a n t e -u n i e ’ m e . 1 4 7
divers lieux, pour expliquer les canons fuivant l’in-
tention du prélat, & appuïer fa caufe par des fubti-
litez au défaut de la venté. A ce concile étoient quatre
évêques, Herman de Bamberg , Hecel d’Hildes-
h e im , Eppon de. Ceits & Bennon d’Ofnabruc, qui
étoient venus déterminez à appuïer les intentions du
roi & de l’archevêque , quoique la plûpart les defap-
prouvaiTent ; mais la crainte du roi & l’amitié qu’ils
avoient pour l’archevêque, ne leur laiffoient pas la liberté
de déclarer leurs ientimens. Le roi avoit autour
de lui un nombre confiderable de troupes, pour arrêter
par la force ceux qui voudroient troubler l’execu-
tion de fon deffein.
La principale efperance des Turingiens, étoit aux
deux abbez de Fuld, & d’Herfeld, parce qu’ils avoient
quantité d eglifes levant dîmes, & une infinité de terres
dans la Turinge. Ces abbez étant publiquement
interpellez de païer les dîmes , commencèrent par
prier l’archevêque au nom de Dieu , de ne point donner
d’atteinte aux anciens droits de leurs inonafteres ,
que les papes avoient fouvent confirmez par leurs bulles
, & que les archevêques fes prédeceffeurs jufques
à Luipold , n’avoient jamais attaquez. L’archevêque
répondit, que fes prédeceffeurs avoient gouverné î’é-
glife en leur temps comme il leur avoit plû. Que
comme leurs diocefains étoient encore prefque néophytes
& foibles dans la religion, ils leur avoient fouf-
fe r t, par Un fage ménagement, bien des chofes, qu’ils
prétendoient que leurs fucceifeurs retrancheraient
avec le temps. Pour m o i, ajoûta-t-il, à prefent que
cette églife eft fuffifamment affermie , je prétends y
faire executer les loix ecclefiaftiques ; & par confé-
1073.