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R i c h e f le s des
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C h r y f - ho n i. 85.
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xxi t . n. x$. x x i v .
n. 3 9 . 4 0 .
C a p it . x. ann.
S u . conc. Cctbil.
an . 813. n. 5.
h ifi. l iv . x t v . 'n .
5 1 - x l v i . n . 5.
B o l l . j . J u n . to .
J9.
#
14 ' Difcours l ’Hifloire fur Ecclefîaflique.
que avoient ruiné la plupart des monafteres. Pour les rétablir,-les empereurs
& les patriarches de C. P. chargèrent des évêques ou des iaïques
puiflàns d en prendre loin ; de coniêrver les revenus, retirer les biens aliénez,
reparer les bârimens , raffembler les moines. On appella ces admi-
niftrateurs Carifticaires. Mais de protecteurs charitables ils devinrent
bien-tpt des maîtres intereffez, qui traittpient les moines en efclaves, s ’attribuant
preiqué tous- les revenus, & traniportant même à d’autres:le droit
qu’ils avoient lur les monaftétes.
. Voila 1 effet de la richeflê des égliics. C ’eft dans tous les temps une
tentation continuelle pour.l’ambition des clercs. & l’avarice des laïques :
principalement quand le clergé ne .sattire pas par fa conduite l'amour
& le reipeét du peuple, quand il paroit lui être à charge, & ne lui pas
rendre de fertice proportionné aux revenus dont il jouit. Il eft necéff
faire qu’il y ait . des fonds deftjnez aux dépenfes communes de la religion
chrétienne., comme de toute autre foeieté.ftj la fubfiftance des
clercs occupez à la fervir, à la conftruétion & l’entretien des bârimens
, à la fourniture des ornemens.& fur tout au foulagement des
pauvres. Des les premiers fiecles, Ibus les empereurs païens , l cgliiè
poflèdoitdes, immeubles, outre les contributions volontaires, qui avoient
été ion premier fonds. Mais il eut été à fouhaitér, que les évêques enflent
toujours compté ces biens pour un embarras , comme faint Chrifofto-
me, &euffent été anflî réfetvez que faint Auguftin à en acquérir de nouv
e a u x .
Nos éveques du neuvième fiecle n’étoient pas fi defintereflèz, comme
nous volons par les plaintes que l’on faifoit du temps de Charlemagne,
qu’ils perfuadoient aux perfonnes fimples de renoncer au monde , afin
que 1 églife profitât, de leurs biens au préjudice des héritiers légitimes.
Sans meme emploïer de mauvais moïens, je vois des évêques' reconnus
pour làinrs, trop occupez, ce me lèmble, d’augmenter le temporel.
La vie de faint Meinvere de Paderborn, fous l’empereur faint Henri,eft
principalement remplie du dénombrement des terres qu’il acquit A ion
egliie. . . .
Le trefor des egliiês, je veux dire l’argenterie , les reliquaires'&
les* autres meubles précieux , étoient les appas qui ettiroient les infidel-
les a les piller comme les Normands en France, & les Sarrafins en Italie
: les terres & les ièigneuries excitaient la cupidité des mauvais
chrétiens, foit pour .les envahir à force ouverte , depuis la chiite de
1 autorité roïale,ibit pour, les ulurper Ibus prétexte .de fervir l’églife.
De - la vint la brigue & la fimonie, pour tenir lieu de vocation aux
dignitez ecclefîaftiques. Mais c’eft auflî ce qui doit nous raflùrer contre
les icandales que nous volons pendant le dixième fiecle, principalement
a Rome. Le fils de Dieu promettant d’aflîfter fon églife jufques
à la fin du monde, n’a point promis d’en défendre l’entrée aux médians
tau contraire, il a prédit qu’elle en feroir toujours mêlée: jufques
a la derniere ieparation. Il n’a pas promis la iainteté a tous les
miniftres & a tous les pafteurs de Ion églife, non pas même à leur chef,
Depuis l’an 600. jufqu’à l’an iioo. i j
il a feulement promis des pouvoirs furnaturels à tous ceux qui entre-
roient dans le miniftere facré fuivant les formes qu’il a preicrites. Ainfi
comme de tout temps il s eft trouvé des méchans, qui iâns la converfîon
du coeur & les autres difpofitions neceflàires oiit reçu le batême & l’eu-
chariftie : il s’en eft trouvé qui ont reçu fans vocation l’impofîtion des
mains, & n’en ont pas moins été prêtres ou évêques, bien qu’ils l’aient
été pour'leur perte & fouvent pour celle de leur troupeau. En un mot
Dieu ne s'eft point engagé à arrêter par des miracles les factileges, non
plus que les autres crimes. Il ne faut donc point faire difficulté de re-
connoître pour papes légitimes ni Sergius III. ni Jean X. & les autres, H if l.liv . tir .
, dont la vie Icandaleufe a deshonoré le faint fiege, pourvu qu’ils aient été »• 4 1- 49-
ordonnez dans les formes par des évéques:mais il faut convenir qu’il eût
été plus avantageux à l ’églife d’être toujours pauvre, que d’être expofée
â de tels Icandales.
Us furent auflî en partie caufez par l’ignorance, depuis qu’elle eut X I I .
jstté de trop profondes'racines. Après la chiite des études , les bonnes Corruption des
méeurs & les pratiques de vertu fubfifterent encore quelque temps , par moeurs-
la force de l’exemple & de l’éducation. On vivoit ainii à Rome, fous le
pape Agathon, vers la fin du feptiéme fiecle. Mais iïgnorance croiflànt
toujours, on fe relâcha de ces faintes pratiques,dont on ne connoifloit
plus lés raifons la corruption vint au point où vous l’avez vûë vers la fin , ¡X
du neuvième fiécl», après Nicolas I. & Adrien II. enforte que pour relever
l’églife Romaine , il fallut vers le milieu de l’onziéme fiecle.y ap- k ji
peller des Allemands mieux inftruits , comme Grégoire X. & Léon IX.
L’îgnorànce n’eft bonne à rien, & je ne Içai où fe trouve cette prétendue
fimplicité qui conferve la vertu. Ce que je Içai , c’eft que dans les _ |
fiecles les plus tenebreux & chez les nations les plus groflîeres, on voioit
regner les vices les plus abominables. J’en ai donné quelques preuves a
l ’occafion ; mais je n’ai ofé les rapporter toutes , & je n’ofe même les
marquer plus précifément. C ’eft que la coneupifcence éft en tous les hommes
, & ne manque point de produire fes fùneftes effets, fi elle n’eft retenue
par la raifon aidée de la grâce.
Il y a un genre de crime, dont je ne trouve en ces fiecles des exemples
que dans l ’Orient. C ’eft l’impieté & le mépris manifefte de la religion.
Vous avez vù làns doute avec horreur les jeux iacrileges du ^
jeune empereur Michel fils de Theodora, qui Ce promenoit par les-rues i-,
de C. P. avec les compagnons de fes débauches, revêtus des habits l i erez,
contrefàiiànt les proceffions & les autres cérémonies de l ’é g liiè ,
même le redoutable iàcrifice. Photius alors patriarche le voïoit & le
fouffroit, comme il lui fut reproché au huitième concile : ce qui mon- ¡¡v_ hI
tire qu’il étoit encore plus impie que l’empereur. Car ce prince étoif un
jeune fo u , fouvent yvtp, & toujours emporté par - fes pallions : mais
Photius agiffoit de fang froid, & par de profondes reflexions, c’étoit le '
plus grand eiprit, & le plus fava»t homme de fon fiecle : c’étoit un parfait
' hypocrite, agifïant en fcelerat & parlant en faint. U paroît l’auteur d’une,
autre eipece d’impieté, c’eft d’avoir pouffé la flatterie, jufques à canonilèr