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A n. 1084. avoit fermé les portes de l’églife , il les fit rompre à
coups de hache. On avoit mis devant les portes fermées
un crucifix, tenant à fa main une proteftation
contre Lambert, qui en l'arrachant rompit la main du
crucifix. A ion entrée dms l ’églife, quelques-uns du
clergé furent bleffez, les autres mis en fuite, & il fit
piller les maifons de tous ceux qui ne voulurent pas
communiquer avec lui. Le comte de Flandres chaiTa
de fes terres tous les clercs qui refuferent d’obéir
à Lambert, après les avoir dépouillez de tous leurs
biens.
Mais lorfque Lambert fe fut mis ainfi en poffef-
ilon , deux gentilshommes du païs emploïerent les
mêmes moïens pour le chafler. Ils enfoncèrent les
portes de l’égliie, & en pillèrent l’argenterie &c les
ornemens. Ils tirèrent Lambert de l’autel devant le-^
quel il étoit profterné', & lui coupèrent la langue &
les doigts de la main droite. Il alla à Rome fe plaindre
de cette violence , & le comte écrivit au pape en
fa faveur : de forte que le pape, qui n’avoit pas encore
reçu les lettres de l’archevêque de Lion , fut touché
de compaifion, & donna à Lambert l’abfolution de
l’excommunication prononcée contre lu i , après toutefois
lui avoir fait jure r , qu’il fubiroit le jugement
du faint fiege ou des légats touchant l’évêché de Te-
roüane. Le pape écrivit une lettre menaçante aux deux
gentilshommes qui l’avoient ainfi maltraité, leur or-
ix. epijt- 30. donnant, fous peine d’excommunication, de faire fa-
tisfadion pour ce crime au jugement de l’archevêque
de Lion & de l’abbé de Clugni fes légats. Il écrivit
auifi à l’archevêque de Lion , d’aifembler un con-‘
ix. tfiji. 5t. cile pour examiner foigneufement cette affaire. Et
comme
comme il d i t , vous êtes fufped à l’évêque Lambert , AN.1084.
parce que vous êtes mal avec le roi de France , vous
prendrez avec vous l’abbé de Clugni ; & vous uferez
de mifericorde avec Lambert, autant que la juftice le
permet, tant à caufe de la peine qu’il a prife de venir à
Rome , qu’en confideration du comte Robert.
Enfuite le pape mieux informé écrivit au comte,
pour l’obliger à abandonner Lambert : mais le comte
méprifa fes lettres, & dit des paroles outrageantes à
ceux qui en étoient les porteurs. Après donc lui en
avoir écrit deux fois inutilement, le pape s’adreiïa IX- <?!/*• h-
aux évêques & aux feigneürs de ion obéiifance, particulièrement
à Gérard de Cambrai, Ratbod de Nôïon
& Roricon d’Amiens ; & leur ordonna d’exhorter fortement
le comte à ne plus foûtenir cet apoftat. Enfin
un autre Gérard aïant été élu canoniquement évêque
de Teroüane en 1084. le pape enjoignit au comte de
le recevoir, lui Enfant des reproches de ce qu’il vou-
loit encore foûtenir Lambert. Ainfi finit cette affaire j Gatl ckr
car Gérard fut maintenu , & tint le fiege de Teroüane fil- 45®.
environ quinze ans.
Arnoul archidiacre de Teroüane & prévôt de faint XIX-
Omer , étoit à la tête de ceux qui fe plaignirent au sourons**0“» *
pape de l’intrqfion de Lambert., & de là protedion |(iÉ |Î
tjue lui donnoit le comte Robert. Or cèt archidiacre
etoit d’ailleurs odieux au comte , parce qu’il étoit Vlta s. Arx_
entré dans la conjuration de plufieurs nobles, qui Sue-P- *’*• II>
voulpient chaffer Robert comme ufurpatçur & vio-
lent , &recqnnoître pour comte de Flandre Baudoüin 5Î5‘
comte de Hainaut, fils de fon frere aîné prince plus
doux. Robert aïant découvert ce complot, prit les
conjurez, en fit mourir quelques-uns & bannit les au-
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