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A n . 1096. p o u r fu i te s de leurs c r é an c ie r s . Plu f ieur s mo in e s q u ic ?
toient leur habit pour porter les armes; 8c quantité de
berthoiu.M. femmes fuivoient les croifez en habit d’hommes , ôc
I0i s .a1ba1nd onnoient av eux. Le premi• er qui part•i t rrut Gau-
Guiii. i.r.18. C^er Sans-avoir, homme noble 8c brave , mais dont le
furnorn fait voir qu’il n’étoit pas riche, il fe mit en
chemin le huitième de Mars 1096. conduifant une
grande multitude de gens de p ied , & pafla par l’A llemagne
& la! Hongrie jufques à C. P. Il fut fuivi de
près par Pierre l’Hermite, avec une troupe d’environ
quarante mille hommes, qu’il avoit ramaiTez de dif-
T«uttr. c. ». ferentes nations en France 8c en Allemagne. Ainfi
plufieurs autres troupes partirent pendant le même
... i été , depuis le mois de Mars jufques au mois d’Oéto-
bre. Pierre l’Hermite fut fuivi d’un prêtre Alleman
nommé Godefcalc avec quinze mille hommes, mais fi
mal difciplinez, qu’ils ne pafferent pas la Hongrie -, 6c
y furent taillez en pièces.
x l i . Peu de tems après fuivit une autre troupe de gens
juifsmafociEz. ^ ^ nombre d’environ deux cens mille , fans
c.19.) chef 5c fans difcipline, quoiqu’il y eût quelques nobles
avec eux ; mais ils ne leur obéiifoient point, 8c
fe donnoient toute forte de licence. Ils s’aviferent de
fe jetter fur les Ju ifs , qu’ils rencontrèrent dans toutes
les villes où ils paifoient; 8c de maflacrer cruellement
ces malheureux, qui n’étoient point fur leurs gardes
; ce qu’ils firent principalement à Cologne 6c à
Maïence : où un comte nommé Emicon fe joignit à
eux , les encourageant à ces crimes. A Spire, les Juifs
fe refugierent dans le palais du r o i , ôc fe défendirent
1otpu. par le lecours de l’évêque Jean , qui fit enfuite mourir
quelques Chrétiens pour ce fu je t, étant gagné par
l’argent
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L i v r e S o i x a n t e - Q u a t r i e ’ m e . ¿35 - -
l’argent des Juifs. A Vormes les Juifs pourfuivis par les An. 1096.
Chrétiens, allèrent trouver l’évêque, qui ne leur promit
llîfl. Trevir.tot
Iz* Spicileg.p.
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de les fauver, qu’à condition qu’ils recevroient le
baptême. Ils demandèrent du tems pour délibérer; 5c
aum-teit entrant dans la chambre de l’évêque , tandis
que les Chrétiens attendoient dehors leur réponfe, ils
lé tuerent eux-mêmes.
A Trêves les Juifs voïantapprocher le s'c ro ife z ,
quelques-uns d’entre-eux prirent leurs enfans 6c leur
enfoncèrent le couteau dans le ventre , difant qu’ils
vouloient les enyoïer dans le fein d’Abraham, plutôt
que de les expofer aux infultes des Chrétiens.
Quelques-unes de leurs femmes montèrent fur le
bord de la riviere ; 6c aïant empli de pierres leur
fein 6c leurs manches, fe précipitèrent au fond de
l’eau. Les autres qui vouloient conferver leur v ie ,
prirent avec eux leurs enfans 6c leurs biens , 6c fe retirèrent
au palais , qui étoit un lieu de franchife 6c la
demeure de l’archevêque Egilbert. Ils lui demandèrent
avec larmes fa proteèlion ; 6c lui profitant de
l’occafion, les exhorta à fe convertir , leur repre-
fentant, qu’ils s’étoient attirez cette perfecution par
leurs péchez, principalement par leurs blasfêmes contre
Jefus-Chrift 6c fa fainte Mere ; 6c leur promettant
de les mettre en fureté , s’ils recevoient le baptême.
Alors leur Rabin nommé Michée , pria l ’archevêque
de les inilruire de la foi Chrétienne, ce qu’il
fit , leur expliquant fommairement le fymbole, Michée
dit enfuite : Je protefte devant Dieu que je croi '
ce que vous venez de dire , je renonce au Judaïfme ;
6c j’aurai foin de m’inftruire plus à loifir de ce que je
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