
3?8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n .1080. Quant à Rod olfe , le pape lui donne le roïaume
Teutonique, 8c accorde à tous ceux qui lui font fidèles
l’abfolution de tous leurs péchez, avec la bénédiction
des apôtres en cette vie 8c en l'autre. Puis il ajoute
, adreffant toûjours la parole à ces faints : Faites
donc maintenant connoître à tout le monde , que fi
vous pouvez lier ou délier dans le ciel , vous pouvez
auifi fur la terre ôter ou donner les empires , lesroïau-
mes 8c les principautez , les duchez , les marquifats ,
les comtez 8c les biens de tous les hommes, félon leurs
mérités. Car vous avez fouvent ôté aux indignes, 8c
donné aux bons des patriarcats, les primaties, les ar-
chevêchez 8c les évêchez. Que fi vous jugez leschofes
ipirituelles, que doit-on croire de vôtre pouvoir fur
les temporelles ? Et fi vous devez juger les anges, qui
dominent fur tous les princes fuperbes, que ne pouvez
vous pas fur leurs efclaves? Que les rois & les
princes du fiecle apprennent.donc maintenant quelle
eft votre grandeur 8c vôtre puiffance : qu’ils craignent
de méprifer les ordres de vôtre églife -, 8c que vôtre
juftice s’exerce fi promptement fur Henri , que tous
fâchent qu'il ne tombera pas par hafard, mais par
vôtre puiifance. Dieu veuille les confondre pour les
amener à une penitence falutaire. Cet a<3 e eft daté du
feptiéme de Mars 1080.
A ce concile de Rome fe trouvèrent l ’archevêque
de Tours 8c l’évêque de D o l, 8c leur différend y donna
bien de la peine au pape, fans pouvoir être terminé.
L ’archevêque de Tours produifoit des lettres des papes
, qui prouvoient clairement , que la Bretagne devoir
reconnoître l’églife de Tours pour fa métropole :
l ’évêque de Dol ne produifoit point de titres, 8c ne
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difoit même rien de fohde. Toutefois parce qu’il di
foit avoir laiflé un titre dans fon païs , le pape jugea
à propos de lui donner un délai, &c d’envoïer des
légats fur les lieux pour entendre les parties, 8c juger
définitivement cette affaire. C ’eft ce qui paroît par la
lettre du pape adreffée à tous les évêques de Bretagne
8c à l’églife de Toujrs, 8c datée du huitième de Mars
1080. \ m
En ce même concile de Rome , le pape confirma
la fentence portée au concile de Lion contre Manaf-
fes archevêque de Reims. Hugues évêque dejjDie
avoit été chargé par le pape dès l’année précédente,
de terminer un différend entre l’archevêque de Lion
8c l’abbé de Clugni, 8c quelques autres affaires de France.
Pour cet effet Hugues indiqua un concile à Lion,
8c y appella l’archevêque de R e im s , pour fe juftifier
des crimes dont il croit accuié. Hugues s’étant arrêté
à Vienne , y reçut dés députez de l’archevêque, qui
le prioient inftamment de fe contenter qu’il fe purgeât
par ferment avec fix de fes fuffragans à fon ch oix ,
8c pour l’obtenir ils offroient au légat trois cens livres
d’or 8c de grands prefens à fes domeftiques. Ils o ffroient
encore de plus grandes fommes, fi onpermet-
toit à l’archevêque de fe purger feuh 8c promettoit
d’affurer le légat par ferment, que jamais perfonne ne
fauroit rien de fes conventions. Mais Hugues refufa
genereufement toutes ces offres.
Aufîi l’archevêque Manaffes fe garda bien d’aller
au concile de Lion , 8c fe contenta d’envoïer au légat
une apologie , où il dit : Il eft notoire prefque dans
toutes les Gaules, en Italie même 8c à R om e , avec
quelle violence 8c quelle injuftice vous m’avez traité
D d d iij
A n. 1080.
y i i . ep. j y-.
II.
Manafïes archevêque
de
Reims condamné.
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