
A n. io 8 6.
Romuald.jfn- non. Bar* &>c.
Gauf. Malater.
lib. iv . n. 4«
xxxir.
Tranflation de
S, Nicolas.
468 H i s t o i r e E c c l e s i A s t i qj j e .
cinq comme duc. il fie pendant fa vie de grandes li-
beralitez aux églifes,particulièrement au Mont-Calïin.
Roger Ton fécond fils lui fucceda au duché, &c Boëmond
qui étoit l’aîné , fut obligé de fe contenter du partage
que lui f i t fon frere.
Le concile de Capouë étant f in i,. tout d’un coup
lorfque Didier s’y attendoit le moins t ous les aiïi-
itan s , tant ecclefiaftiques que laïques, le prièrent de
reprendre le pontificat, il demeura deux jours inflexible
: enfin le duc , le prince , les évêques & tous les
autres, fe jetterent à fes pieds, fondant en larmes, &
lui dirent tant de raifons qu’il céda & confirma l’é-
leëtion faite de fa perfonne,. en reprenant la croix & la
pourpre le dimanche des Rameaux , vingt-uniéme de
Mars. Il retourna au Mont-Caffin, où i l célébra la Pâr
q ue , & après la fête il alla à Rome avec le prince de
Capouë & le prince de Salerne, & campa près la porte
faint Pierre , étant grièvement malade. L’antipape
Guibert tenait l’églife de faint Pierre , avec des gens
armez : mais elle fut prife en moins d’un jour par les
gens du prince de Capouë , & le dimanche après
l’Afcenfion neuvième de M a i , le pape Viètor III. fut
faere folemnellement par les évêques d’Oftie , de
Tufculum, de Porto &c d’Albane , en prefence de plufieurs
cardinaux , de grand nombre d’evêques & d’ab-
b e z , & avec un grand concours de peuple. Après avoir
demeuré environ huit jours à R om e , il retourna au
Mont-Caifin>
Le même jour que le pape Vidfor fut facré, les reliques
de faint Nicolas arrivèrent à Bari ville maritime
de la Poüille fur la mer Adriatique. Ce faint
confeifeur évêque de Myre en Lycie , étoit célébré
L i v r e S o i x a n t e - T r o i s t e ’ m e . 4 ¿ 9 -------------------
en Orient depuis plufieurs fiécles. L’an 807. Chomeid A n . io8A.
envoïé avec une flote par leCaliffe Aaron, aïant pillé
l ’iflede Rh ode s, pafla à Myre à fon retour, & voulut 4°s.
rompre le tombeau de faint N ico la s , mais il fe méprit
&c en rompit un autre. Auifi-tôt il s’éleva une
furieufe tempête qui lui brifa plufieurs bâtimens : ce
qu’il attribua lui-même à la puiflance du faint, très-
renommé par fes miracles. Il étoit connu en O ccident
des le même fiecle , comme il paroît par les martyrologes
d’Adon &c d’Ufuard : mais fon culte reçut un
grand accroiiferîient par cette tranflation , dont voici
l ’hiftoire.
L’an 1087. indiélion dixième , quelques marchands
de Bari s’embarquerent fur trois vaifleaux pour aller
trafiquera Antioche. Sur la mer il leur vint en pen-
fée d’ enlever les reliques de faint N ico la s , & ils en
confererent enfemble. Qjrelques-uns les exhortoient
a l’entreprendre , difant, que ces reliques étoient dans
une églifè déferre, fans clergé & fans peuple, & qu’ils
ne trouveraient point de réfiftance : les autres foûte-
noient que l’entreprife ne pouvoir réuffir. Quand
ils furent a r r iv e z àM y re , ilsjetterent l’ancre, &aïant
tenu con fe il, ils envoïerent un étranger qu’ils me-
noient avec euxreconnoître le païs. Il rapporta qu’il y
avoit beaucoup de Turcs dans la bourgade où étoit
l ’églife du faint : parce que le gouverneur étoit m o rt,
& qu’ils étoient venus à fes funérailles. Les marchands
de Bari l’aïant appris , mirent à la voile & continuèrent
leur route. Etant arrivez à Antioche , ils y trouvèrent
des Vénitiens de leur connoiifance, & dans la
converfation ils leur parlèrent du corps de faint N icolas.
Les Vénitiens ne leur diflîmulerent pas qu’ils
N nn iij,