
LXI\ Jean II. évêque
d’Orléans.
Skô. n }8.
677. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
que je le faiTe par neceffité, à caufe de l’inimitié du
roi qui s’eil renouvellée contre moi pour l’ancien fu-
jet j c’eft que le roi Philippe avoir repris Bertrade ; ôc
à caufe de mes diocéfains : que ni la crainte de Dieu ,
ni lalionte de l'excommunication ne peut obliger à
quiccer les facrileges qu’ils commettent dans les égli-
iè s , ôc à reconnoître la juftice.
Quoiqu’il arrive de moi, je vou s ' conjure par la
charité de Jefus'Chrift, fi l’archevêque de Tours ou
quelqu’un du clergé d’Orleans vient vous folliciter
pour le jeune homme qu’ils ont élu , de ne le pas
écouter. Car c’eit une perionne infâme & décriée par
les villes de France , pour avoir eu des familiaritez
honteufes avec l ’archevêque de T o u r s , avec fon de- 1
funt frere ôc avec plufieurs autres malvivans. Quelques
compagnons de fes débauches, ont fait fur lui
des chanfons, que les jeunes gens corrompus chantent
dans les rues & les places publiques , & qu’il n’a pas
eu honte d’entendre ôc de chanter lui-mêrpe. j ’en ai
envoïé une à l’archevêque de L io n , pour fervir de
preuve. Ne permettez donc pas qu’il foit çonfacre ,
tant pour votre honneur que pour l’intérêt de l’églife.
Sachez auffi que l’archevêque de Tours a couronne
le roi à N o ë l, contre ladéfenle de voire légat ,
ôc a obeenn à ce prix, que ce jeune homme fût fait
évêque. Cette lettre eft la derniere d’ives de Chartres
, au pape Urbain II. & elle femble avoir été écrite
au commencement de l’an 1099.
Ce jeune homme élu pour l évêché d’Orleans, étoit
l’archidiacre Jean, que l’archevêque de Tours avoit
voulu mettre fur le fiege dès l’an 109^. Sandion qui
l ’emporta pourlors , rien jouit gueres que deux ans, ÔC
L i v r e S o i x a n t e - Q j j a t r i e ’m e . 6 7 3
Jean fut élû par l’autorité du r o i, le jour des Innoccns
vinge-huiriéme de Décembre 1098. C ’eft ce quiparoîc,
tant pj.r cette lçttre d'Ives de Chartres au pape., que
parcelle qu’il en écrivit à l’archevêque de L io n , à
qui il di t , parlant de l’archevêque de Tours : comme
il ne peut avoir deux évêchez 5 il veut poffeder celui
d’Orleans par une perfonpe apoftée , pour y abaiffer
ôc y élever ceux qu’il voudra. Car il ne fc contente pas
d’être toléré dans l’églife qu’il a envahie contre les canons,
s’il ne proftituë encore l’églife de Dieu à qui il
lui p la ît, en fafcinantles yeux des autres, par,fesdif-
cours ôc par fes promeifes. Il dit qu’il n’a que faire de
bons ecclefiaftiques ni de canons , puifqu’il a tout
cela dans fa bourfe. Enfin il fait impunément tout ce
qu’il lui plaît. Il n’a pas travaillé à faire dépofer Sanction
, pour mettre à fa place un meilleur iujet j mais
un homme qui lui fût entièrement foûmis, tel que
c e lu i-c i, qui le regarde comme un écolier faîc fon
maître ; enforte qu’il n’ofe ni s’alîêoir ni fe lever que
par fon ordre.
Il m’a été prefenté avec les lettres du roi & du chapitre
, pour l’ordonner prêtre, ôc enfuitelefacrer évêque
: mais je n’ai encore ni rejetté ni approuvé fon
eleêtion ; & je ne l’approuverai jamais, \t je r iy fuis
contraint par un ordre du pape ou de vous. Car je
fai que cette ordination feroit non-feulement hon-
teufe , mais pernicieufe à l’é g life , fi on confioit le ià-
lut des autres à un homme qui n’a pas encore penfé
au fien. Mandez-moi donc par ce porteur, ce que
vous voulez que je réponde à ceux d’Orleans, qui fe
flattent que vous confirmerez cette éleêfcion. Or quoique
vous faifiez, j ’ai aquitté ma confcience. Je trou-
Epifl. 66.