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le facerdoce que le miriage ; 8c qu’alors il verroit où il
pourroit trouver des anges pour gouverner les églifes ,
à la place des hommes qu’il dédaignoit.
Mais le pape ne fe relâchoit point & ne cefloit d’en-
voïer des légations, pour accufer les évêques de fo i-
bleiTe 8c de négligence ; 8c les menacer de cenfure s’ils
n’executoient promptement fes ordres. Sigefroi archevêque
de Maïence, favoit que ce netoit pas une petite
entreprife, de déraciner une coutume fi inveterée 8c
de ramener le monde fi corrompu à la pureté de la primitive
églife. C ’eft pourquoi il agifloit plus modérément
avec le clergé, 8c leur donna d’abord fix mois
pour délibérer : les exhortant à faire volontairement
ce dont ils ne pouvoient fe difpenfer ; & ne les pas réduire
le pape 8c lui,à la neceflité de décerner contre eux
des chofes fâcheufes.
Enfin il aflembla un concile à Erford au mois d’Oc-
-tobre de cette année 1074. où il les prefla plus fortement
de ne plus ufer de remife , & de renoncer fur le
champ au mariage, ou au fer vice de l’autel. Ils lui
alleguoient plufieurs raifons, pour éluder fes inftan-
ces 8c anéantir ce décret , s’il étoit poflîble : mais il
leur oppofoit l’autorité du faint fiege , qui le contrai-
gnoit à exiger d’eux malgré lui ce qu’il leur deman-
doit. Voïant donc qu’ils ne gagnoient r ien , ni par
leurs raifons ni par leurs prières : ils fortirent comme
pour, délibérer, 8c réfolurent de ne plus rentrer dans
le concile, mais de fe retirer fans congé chacun chez
eux. Quelques-uns^ême crierent en tumulte, qu’il
valoit mieux rentrer clans le concile, & avant que l'archevêque
prononçât contre eux cette déteftable fen-
tence, l’arracher de fa chaire & le mettre à more»
comme
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Comme il meritoit : pour donner à la pofterité’ un
exemple fameux, 8c empêcher qu’aucun de fes fuccef-
-feurs ne s’avifât d’intenter contre le clergé une pareille
accufation. L’archevêque étant averti de ce complot,
les envoïa prier désapparier 8c de. rentrer dans le conc
ile , promettant d’envoïer à Rome fi-tôt qu’il en au-
coit la commodité, 8c de faire fon poflîble pour fléchir
le pape.
Le lendemain l ’archevêque de Maïence fit entrer
en fon auditoire les laïques aufli-bien que les clercs ;
8c recommença fes vieilles plaintes touchant les décimes
de Turinge, nonobftant le traité fait à Gerfting
peu de temps auparavant. Les Turingiens qui croïoient
ne plus entendre parler de cette prétention , en furent
extrêmement indignez ; & voïant que l’archevêque
m’écoutoit point leurs remontrances païfibles , ils for-
xirenr en fu r ie , crierent aux.armes, & aïant amafle
en un moment une grande multitude : ils entrèrent
dans le concile & auroient aflbmmé l’archevêque dans
io n fiege, fi fes vaifaux ne les euffent retenus par leurs
raifons 8c leurs carefles , car ils ri’étoient pas les plus
forts. Les évêques & tous les clercs fai fis de fraïeur,
fe cachoient par tous les coins de l’églife : Ainfi fe fé-
para le concile. L’archevêque fe retira d’Erford à He-
lengftat où il pafla le refte de l’année, 8c tous les jours
de fête à la meife il faifoit publier un ban pour appelle
ra penitence ceux qui avoient troublé le concile.
Aitman évêque de Paifau aïant aufli reçu le décret
du pape Grégoire, pour la continence des clercs
aflembla fon clergé & fit lire les lettres, qui lui étoient
■adreflees ; les appuïant des meilleures raifons qu’il
lui fut poflible. Mais le clergé fe défendoit p^r l’an-
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A n . 1074.
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