
A n .1099. qui fent la fimonie , même d'exiger à l’ordination des
evêques, des chapes, des tapis, ou d’autres petits pre-
r.ii. 17.ï8. fens. On ordonna que tous les fidelles jeûneroient
chrM»iu»t. tous les vendredis pour leurs p é ch e z, principalement
pour ceux dont ils auraient oublié de fe confeffer.
Mènera ccmcjle fe tenoit dans l’églife de faint Pierre,
8c le bruit de ceux qui entraient 8c fortoient continuellement
pour y faire leurs prières, empêchoit que
l ’on entendît diftinélement ce qui étoit réfolu dans
le concile : outre la grande multitude de ceux qui y
aififtoient. C ’eft pourquoi le pape ordonna à Rein-
ger évêque de Luques, qui avoit la voix forte , de fe
lever au milieu de l’aifemblée , 8c prononcer les décrets
du concile. Mais après en avoir dit quelques-uns,
tout d’un coup changeant de v ifa g e , de voix & de
g e fte , il s'interrompit, 8c tournant fes regards vers les
afliftans, il dit : Mais que faiions-nous ? Nous changeons
d’ordonnances , ceux qui nous font fournis, 8c
nous ne nous oppofons pas aux violences des tyrans
qui oppriment l’é g life , 8c dont tout le monde fe
plaint. Nous avons ici un prélat venu des extré-
mitez du monde, qui demeure âffis modeftement,
mais dont le filence crie , 8c demande juftice des
cruels traitemens qu’il a foufferts. Voici la fécondé
année qu’il eft ici fans avoir encore reçu aucun fe-
cours. Si vous n’entendez pas tous de qui je parle,
c’eft d’Anfelme archevêque d’Angleterre. L’évêque
aïant ainfi parlé, frappa trois fois la terre de la croiTe
qu’il tenoit à la main, 8c témoigna encofe fon in dignation
en ferrant les dents 8c les lèvres. Le pape
lui dit : C ’eft aiTez, mon frere, c’eft aifez, nous
y donnerons bon ordre. Reinger reprit enfuite le
refte des décrets du concile : mais avant que de s’af- AN.1099.
feoir , il recommanda encore de faire juftice à Anfelme
, qui garda toûjours le filence, étonné de cette
faillie , à 1 aquelle il n’avoit aucune part.
Bifance archevêque de Trani vint à ce concile,
avec des députez de fon clergé 8c de fon p euple, pour- î j *"*
fuivre la canonifation de faint Nicolas Peregrin, mort
depuis près de cinq ans. L’archevêque expliqua en s»;.».!*,
peu de mots au concile la vie du Saint, fa mort 8c les
miracles qpi l’avoient fuivie ; 8c le concile l’aïant
écouté attentivement, en rendit grâces à Dieu. En-
fuite on préfenta au pape la relation écrite de fes miracles.
Le pape la lut avec empreffement , puis de
l ’avis du conc ile , il répondit, qu’ils croïoient tout
ce qui étoit rapporte du Saint par un témoignage fi
autentique, qu’ils accordoient a l’évêque ce qu’il de-
mandoit, 8c laifloient le tout à fa volonté. L’archevêque
pria le pape de prononcer lu i-m êm e , 8c
obtint une bulle , où le pape difoic : L’archevêque
Bifance nous aïant prié inftamment de mettre au catalogue
des Saints le venerable Nicolas furnommé
Peregrin : nous lui avons commis l ’affaire , par la
confiance que nous avons en fa vertu 8c en fa fcien-
ce , afin qu’après en avoir plus mûrement délibéré ,
il fafle ce que Dieu lui inipirera. En vertu de cette
commilfion , l’archevêque fit bâtir en l’honneur du
Saint une nouvelle é g life , où fon corps fut depuis
transféré.
Sur la fin du concile, le pape 8c tous les évêques Eimer.xMnmi
prononcèrent excommunication contre tous les laïques
, qui donneraient les inveftitures des é g life s ,
& contre tous les ecclefiaftiques qui les recevroient,
P p p p ij