
A n . 1078. & l'archevêque de Tours fe retira iùfolemment avec
I fes fuffragans.
Le lendemain le concile s’aflembla dans I’églife de
faint Hilaire ? 8c comme l’archevêque ne nous faifoic
aucune fatisfaètion de cette in iu lte , nous le-fufpendî-
mes de Tes fonétions, il appella au faint fiege 6c nous
vous le renvoïâmes. L’abbé de Bergues en Flandres
fut accufé de fimonie 6c dépofé. L’archevêque de Be-
fançon ne fe prêfenta ni au concile d Autun, ni à celui
de Poitiers, ôc n’y envoïa point d’excufe. Nous vous
avons envoie l’évêquede Beauvais accufé de fimonie,
celui de Noïons 6c l’ufurpateur du fiege d’Amiens avec
ceux qui l’ont ordonné. A la fin de la lettre il ajoute :
Que votre fainteté ne nous expofe pas plus long-tems
à recevoir des affrons. Car les coupables que nous
avons condamnez courent à Rome; 6c au lieu d’être
traitez plus rigoureufement, comme ils le merite-
ro ien t, on leur fait grâce , 6c ils en deviennent plus
infolens.
On attribue à ce concile de Poitiers dix canons,
dont le premier défend aux évêques 6c aux autres ec-
clefiaftiques de recevoir les inyeilitures des rois ou
des autres laïques, ni aux laïques de les donner, fous
c. 1 . peine d’excommunication 6c d’interdit des églifes.
Défenfe d avoir deux prélatures , deux prébendes ,
t. j. 6c comme nous parlons aujourd’hui deux bénéfices.
Défenfe aux abbez 6c aux moines d’impofer des
c. 7. pénitences, finon par commiflïon de l’évêque. Les
abbez feront prêtres aufli-bien que les archiprêtres,
L- ies archidiacres feront diacres ou perdront leur di*
Commence- . / .
-mens de faint g n i t C .
En Normandie levenerable Helloüin abbé du Bec,
mourut
mourut iaintement dans une heureufe vieillefle , âgé An. 1078.
de quatre-vingt-quatre ans, le vingt-fixiéme d’Aout
1078. Son fuccefteur fut Anfèlme né en 1033. dans la vit*n*ri.fK.
ville d’Aoufte aux confins de Bourgogne 6c de Lom- J <4. Vita fe r
bardie. Etant maltraité par fou pere-, il quitta fon “d™AiTu.°ïa.
païs, où ilavoit commencé fes études avec fuccès ; 8c t,U6'
après avoir pafle environ trois ans partie en Bourgogne,
partie en France, il vint en Normandie : 6c attiré
par la réputation de Lanfranc, il fe rendit fon difciple,
6cgagna bientôt fon amitié. Comme il étudioit infatigablement
, apprenant ôc inftruifant les autres, abattant
fon corps par les veilles, la faim 8c le froid; il lui
v in t en penfée, qu’il n’auroit pas plus à iouffrir dans
les aufteritez de la vie monaftique , 6c ne perdroit pas
le mérité de fes fouffrances. Il reprit donc le deffein
qu’il avoit eu dès l’âge de quinze ans de fe faire moine
, 6c fongea où il ieroit mieux à Clugni ou au Bec.
Mais, difoit-il, en l’un 8c en l’autre le tems que j ’ai
emploïé âmes études fera perdu : je ne pourrai y être
utile à perfonne , â Clugrii à caufe de la régularité de
l’obfervance ; au Bec à caufe de la grande capacité de
Lanfranc, dont je ferai offufqué. Un refte d’amour
propre le faifoit penfer ainfi. Il s’en apperçut 6c dit :
Eil-ce donc être moine que de vouloir être eftimé ôc
préféré aux autres ? N o n , il faut entrer au lieu où je
ferai le plus mcprifé,oùjeferai compté pour rien.
Il confultaLanfranc, ôclui dit : j’ai inclination pour
trois états , d être moine ouhermite , ou vivre de mon
bien 6c en fervir les pauvres; je vous prie de me déterminer.
Son pere étoit mort 6c tout le bien le regar-
doit. Lanfranc ne voulut pas décider feu l, 6c le mena
à Roiien pour confulter l’archevêque Maurille, qui
Tome X . I I L Z z