
A n . ioj8. & n?alailt pûobtenir le pallium , quoique l’argent eut
beaucoup de pouvoir à Rome , il s’avifa de reconnoî-,
tre pour pape ce Benoît , dont les autres archevêques
- fe moquoient ; & Benoît lui en fçijt tant de gré , qu’il
¡ * 8 » - lui envoia le pallium. Les Romains donnèrent par mé-.
pris a Benoît Je nom de Mincio ou plûtôt Minchione,
qui en Italien lignifie un ftupide.
1,1 ■ L’abbé Didier 8c les deux autres légats du pape
Eftienne IX . attendoient à Bari le vent favorable pour
paiTer à C . P. quand vers le foir du dimanche des Rameaux
arrivèrent des moines du M on t-Ca lfin, qui
lui apprirent la mort du pape , le priant au nom de
toute la communauté, de revenir inceflamment au
monaftere, pour en prendre le gouvernement. Il partit
dès le lendemain, 8c craignoit d’être arrêté par les
Normands : mais au contraire Robert Guifchard leur
ch e f lui donna un fauf-conduit & des chevaux. Il arriva
au M ont-Calfin le jour de Pâques de grand matin,
& le jour même il fut mis en poifeifion de l’abbaïe par
le cardinal Humbert, qui s’y étoit retiré, n’ofant demeurer
à Rome à caufe des fchifmatiques.
x x ix . Quand Hildebrand fut revenu de fon ambafiade
Nicolas I I . pa- n i t»- • „ , /t _ ?c. auprès de 1 imperatrice ; & quii eut appris leleétion
< J3. que ron avoit faite à Rome , contre la défcnfe expreffe
du pape Eftienne , il s’arrêta à Florence, écrivit aux
Romains les mieux intentionnez , 8c aïant reçû leur
confentement fans reftriétion , il élut pape Gerard
évêque de Florence né dans le roïaume de Bourgogne.
Cette éleétion fe fit paifiblement à Sienne , avec
le fecours de Godcfroi duc de Lorraine 8c de Tofca-
zambirt. un. ne ; 8c Gerard fut nommé Nicolas II. Les feigneurs
Romains envoïerent cependant en Allemagne , pour
L i v r e s o i x a n t i è m e . et
afTurer le roi qu’ils lui garderaient la foi qu’ils avoient
protnifc a fon pere ; & que c’étoit dans cette intention
qu’ils avoient laiffé le faint fiege vacant jufques alors :
le priant d’envoïer qui il voudrait, parce que lin tru-
fion faite contre'les réglés, n’empêchoit point une
éleélion légitime. Le r o i, de l’avis des feigneurs , approuva
l’éleétion de Gérard, agreable aux Romains
& aux Allemans, 8c ordonna au duc Godefroi de le
mener à Rome.
Pierre Damien fut confulté fur le fujet de ces deux
éleétions, par un archevêque, à qui il répondit ainfi :
Celui qui tient à prefent le faint fiege, il parle de l’antipape
Benoît , eft fimoniaque , à mon avis , fans
qu’on puiife l’excufer : puifque, nonobftant nos oppo-
iîtions, c’eft-à-dirc, de tous les évêques cardinaux , 8c
fans avoir égard à nos anathêmes, il a été intronifé
de nuit & en tumulte, avec des troupes de gens armez.
Enfuite on eut recours aux largeflcs, on diftribua de
l’argent au peuple par les quartiers 8c les rues : on cn-
tendoit par toute la ville forger de la monnoïe, & on
emploïoit pour les difciples de Simon le trefor de
faint Pierre. Quant à ce qu’il allégué pour fa défenfe ,
qu’il a été Contraint ; bien que je n’en fois pas bien
éclairci, je ne veux pas tout-à-fait en difconvenir. Car
cet homme eft fi ftupide, que 1 on peut croire qu il
n’a pas fçû ce que l’on machinoit pour lui : mais il eft
coupable de demeurer volontairement dans le bourbier
où on l’a jetté malgré lui.
Or pour ne pas m’étendre fur fa promotion , tandis
que nous autres évêques cherchions a nous cacher en
divers lieux, un prêtre de l’églife d’O ft ie , qui ne fait
pas lire une page , même en épelant, fut enleve de
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