
A n . 1073.
Sup. lib. L X .
V . 18.
%aron. an. 1073.
Tapebr. conut.
II.
Premieres lettres
de Grégoire
VII.
cptjt. 1.
Î.JZ, - H I S T O I R E E C C l E S I A S T I Q ü E .
brand fit revenir lés biens de ce monaftere pillez par
les fcignéurs de Càmpanic , & ÿ rétablit une communauté
nombreufe, gardant Pobfcrvanee reguliere. En-
fuite il fut envoie légat en France , où il préfida, comme
j’ai dit,en io jy . aux conciles de Lion & de Tours:
puis Nicolas II. le fit archidiacre de l’églife Romaine.
Enfin le jour de la fépulture d’Alexandre II. qui étoit
le lundi vingt - deuxième d’Avril indidion onzième
l ’an 1073. les cardinaux & le refte du clergé de leglife
Romaine, étant alfemblez à faint Pierre-aux-liens,
avec les évêques, l’archidiacre Hildebrand fut élu pape
du confentement des âbbez, des moines & du peuple
, qui le témoigna par de fréquentes acclamations :
comme porte le décret d’éledion rapporté dans fa vie,
& à la tête de fes lettres. Il prit le nom de Grégoire
V I I . pour honorer la mémoire de Grégoire V I . qui
l’avoit élevé dans fa jeuneffe. Il ne fut facré que le
trentième de Juin, & tint le faint fiege onze ans dix
mois 8c vingt-fix jours.
Dès le lendemain de fon é led ion , il en donna part
à Didier abbé du Mont-Caflin en ces termes : Le pape
Alexandre eft mort, 8c fa mort eft retombée fur moi
& m’a mis dans un trouble extrême. Car en cette oc-
cafion le peuple Romain eft demeuré fi paifible , contre
fa coutume, & s’eft tellement remis à nôtre conduite
, que c’étoit un effet manifefte de la mifèricorde
de Dieu. Nous avons donc ordonné par délibération
qu’après un jeûne de trois jours, après des procédions,
des prières & des aumônes*, nous déciderions ce qui
nous paroîtroit le meilleur touchant l’éleétion du
pape. Mais comme on enterroit le pape Alexandre
dans leglife du Sauveur, il s’eft élevé tout d’un coup
fin grand tumulte du peuple 5 8c ils fe font jettez ur ^ 1073.
moi comme des infenfez : en forte que je puis dire avec _
le prophète : Je fuis venu en haute mer & abîme dans
la tempête. Mais comme je fuis au lit fi fatigue que je
nç puis dider long-temps, je ne vous parlerai pas da.
vantage de mes peines, -feulement je vous conjure de
me procurer les prières de vos freres, afin q u elles me
confervent dans le péril quelles dévoient me faire éviter.
Ne manquez pas de venir au plutôt nous trouver,
puifque vous fàvez combien l’églife Romaine a befoin
de vous, & la confiance qü’elle a en vôtre prudence.
Saluez de nôtre part l’imperatrice Agnès 8c le venera-
ble Rainald évêque de Corne , 8c les priez de montrer
à prefent l’affedion qu’ils nous portent. L’imperatrice chr. caf. u.
Agnès pafTa fix mois au Mon t-Ca iun , ou elle ht des HH■ p*»>-
magnifiques offrandes-; & l’évêque Rainald étoit dans m . t.
fon intime confiance. ■ _
Grégoire écrivit de même fur fon eledion a Gui-
bert archevêque de Ravenne : ajoutant, que fans lui
laifTer la liberté de parler ni de délibérer, on l’avoit
enlevé violemment pour le mettre fur le faint fiege.
I l demande, à Guibert la continuation de fon affedion
pour l’églife Romaine 8c pour lui en particulier. C a r ,
d it-il, comme je vous aime d une charité fincere, j en
exige de vous une pareille avec tous fes effets. Faites
que nous aïons fouvent des nouvelles 1 un de 1 autre
pour nôtre confolation mutuelle. On verra dans la fuite
comme Guibert répondit mal a ces avances du pape.
qui témoigne encore dans une autre lettre 1 eftime qu il ,
avoit pour lui. . .
Le lendemain de ^élection , Grégoire envoïa des
¡députez au roi H en r i, qui étoit en Bavière : car il ce- i f * . *»• « ÿ
I i. iij