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A n. io8r. dit : Soïez allurée que vous ferez recompenfée, d’avoir
fidelement fervi votre mari dans fa maladie, il
guérira parfaitement, vous en aurez un fils qui naîtra
dans un an ce même jo u r , ôc fera nommé Lambert.
Il íuccedera a fon pere , vous ¿nourrira dans votre
vieilleiTe, ôc vous verrez fes enfans avant que de mourir.
C ’eil pourquoi je v e u x , mon cher frere Geric,
que vous marchiez déformais dans la voie de la jufti-
ce. Honorez l’églife ôc le clergé , ne prenez rien aux
pauvres ; au contraire , rendez leur ce que vous leur
avez pris , ôc faites l’aumône continuellement ôc
abondamment.’ donnez vos dîmes, mais fuivant l’ordre
de l'évêque. Cultivez vos terres, ôc vivez de
votre revenu ôc de vos acquifitions légitimes : traitez
humainement vos cenfiers , ôc remettez leur en
partie ce qu’ils ne pourront païer. Gardez fincerement
la foi a votre prince Ôc a vos égaux. Rendez grâces à
Dieu des biens qu’il vous f a i t , ôc foïez aflidu aux divins
offices. On vous a apporté malade, mais vous retournerez
à cheval en pleine fanté. Tout fut accompli
de point en point. Geric étant retourné chez lu i ,
eut un fils qui naquit au jour marqué, qui fucceda à
fon pere, ôc prit foin de fa mere : il fut marié , ôc elle
v it fes enfans.
Te l étoit faint Arnoul quand il fut élu évêque de
Soiifons au concile de Meaux. Le décret d’éleètion
ut. h. c. î. étant écrit , le légat Hugues envoïa du concile même
des perfonnes venerables au monaftere de faint Medard
de Soiifons, avec des lettres où il ordonnoit à
A rn o u l, par l’autorité du faint fieg e , de fortir de fa
cellule, ôc venir promtement au concile fous peine
d’excommunication. Arnoul frappé de cet ordre
comme dun coup de foudre , vint au concile : l’é- A n. ic Si ,
leètion fut confirmée par les évêques, qui fans écouter
fes excufes, le firent aiTeoir avec eux ; ôc le légat
lui commanda en vertu de la fainte obeïffance , d’accepter
l’épifcopat. Ainfi il fut contraint de fe fou-
mettre : on prit jour pour le facre , qui fe devoit faire
à Die parle légat, ôc Arnoul retourna à Soiifons, préparer
ce qui lui étoit neceflaire pour ce voïage. Il partit
avec quatre moines ôc des perfonnes choihes du clergé 5
ôc paifant par la Champagne, il fut reçu avec grand
honneur par‘ le comte Thibaut dans le château de
Vertus. Delà Arnoul envoïa un de fes moines à Paris,
dire à la reine Berthe, qu’elle étoit groife d’un fils qui
feroit nommé Loüis, ôc régnerait après fon pere. C ’eft riAi.c.;o.
que le roi Philippe ôc la reine fon époufe, étant mariez
depuis long - tems fans avoir d’en fan t, avoient prié
faint Arnoul de leur en obtenir par fes prières. L’enfant
qu’il avoit promis nâquit en effet la même année
1081. il régna depuis, ôc eft connu fous le nom
de Loüis le Gros.
Arnoul aïant achevé fon voïage , fut facré par
Hugues de Die le dimanche avant Noël ,qu i cette année
io 8 i .fu t le dix - neuvième jour de Décembre.
Comme le fiege de Vienne étoit v a c an t, le peuple
vouloit enlever Arnoul ôc l’élire pour archevêque ;
mais il fe preffa de fortir du païs. Hugues abbe de
Clugni averti de fon paffage , l’envoïa prier de v e nir
à fon monaftere, Ôcl’y reçut avec grand honneur,
plus en cpnfideration de fa vertu que de fa dignité.
Car Arnoul fe conduifoit depuis long-tems par les
confeils de Yabbé Hugues, ôc on difoit même que le
faint abbé avoit contribué à le faire élire évêque de