
4 * ° H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n, 1,08 r. ger évêque de Girone , où il l'exhorte à appaifer la
conteftation furvenue entre les deux fils du comte
Raimond Berenger : puis il ajoute : Vous devez leur
inculquer fortement, que s’ils nous défobéiffent 8c
demeurent dans l’inimitié fraternelle ; nous ôterons
la grâce de faint Pierre à celui qui fera caufe que cette
paix ne fe fera point, 8c nous le retrancherons avec
tous les fauteurs de la iociete des Chrétiens : en forte
qu ils ne puiifent plus déformais obtenir aucune victoire
à la guerre , ni aucune profperité dans le fiecle.
Mais pour celui qui confentira à la paix , 8c rendra
obéi (Tance au faint fiege : nous lui accorderons la protection
invincible de faint Pierre, nous lui procurerons
toute forte de fecours, pour obtenir l’heritage de
fon pere ; 8c nous ordonnerons à tous les Chrétiens
de ces quartiers là de l'aider 8c favorifer en toutes cho-
fes. Ces exemples fuffifent, pour montrer l’idée qu'a-
voit Grégoire VII. de l’autorité du faint fiege : 8c
qu’il vouloir perfuader à tout le monde , que toutes
Iss puiflances temporelles dépendoient de la puiffance
fpirituelle du pape.
On trouve certaines maximes rapportées entre les
lettres de Grégoire VII. fous le nom de Diéîatus pa-
p<t, comme qui diroit. Sentences du pape , mais dont
i. on ne fait point l’auteur. Ce font vingt-fept articles,
dont les uns font v ra is, comme, que l’églife Romai-
4' ne n’a été fondée que par Nôtre-Seigneur : que le
**• légat du pape , quoiqu’il foit d’un rang inférieur, pré-
fide tous les évêques dans les conciles ; que les caufes
majeures de toutes les egliies lui doivent être por-
tées : que l’églife Romaine n’a jamais er ré , 8c qu’on
ne tient point pour catholique celui qui n’eft point
L i v r e S o i x a n t e - T r o i s i e ’ me . 4 1 1 ---- ---------------
d’accord avec l’églife Romaine. Tout catholique con- A n 1 081 .
viendra de ces cinq articles.
Mais il y en a de manifeftement faux : favoir , que
le pape élu canoniquement devient faint indubitablement,
fuivant le témoignage d’Ennodius approuvé
par le pape Symmaque : que le pape feul peut porter
les ornemens impériaux , ce qui ell pris de la do- *•
nation de Conftantin : qu’il n’y a que lui dont on recite I0-
le nom dans les églifes. Quelques-uns de ces articles
font tirez des fauffes decretales 8c contraires à Tan- I9'
cienne difcipline ; favoir , qu’il n’y a que le pape qui 5‘
puiffe dépofer les évêques ou les rétablir : qu’il n’y a ‘ ique
lui qui puiffe les transférer; ériger de nouveaux ?•
é v ê ch e z , divifer les anciens ou les unir : que lui feul
peut faire de nouvelles loix. Enfin entre ces articles
eft la maxime nouvelle * introduite , ou plutôt fuppo-
fée comme confiante par Grégoire VII. que le pape '*•
peut dépofer les empereurs, 8c abfoudre les fujets du 17‘
ferment de fidélité fait aux princes injuftes. Ces articles
n’ont aucun rapport avec la lettre qui les précédé
ni avec celle qui les fu it , 8c il n’y a aucune preuve
que Grégoire VII. les ait diô te z , ni au concile de
l’an 1076. ni ailleurs. Ainfi ils n’ont aucune autorité io7î"
par eux-mêmes.
Le roi Henri marcha vers Rome avec l’antipape Le*“'Henri
Clement, 8c. y étant arrivé vers la Pentecôte qui fut ¿«««Rome,
le vingt-troifiémeMai 1081. ilcampadans lesprairies
de Néron. Mais les Romains refuferent de recevoir * ' °
l’antipape, le chargeant d’injures, 8c fe défendant à
main armée : enforre que le ro i, après avoir fait le
dégât dans le païs, fut obligé de retourner avec Ton
pape en Lombardie. Ce fut la comteffe Mathilde
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