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A n .1085. Zenon Sc Anaftafeempereurs Eutyquiens, ont été les
premiers qui ont aflervi l’églife , en chaffant les évêques
catholiques pour en mettre de leur fedte. il
avoue que les empereurs avoient ordonne , que le
décret de i’éleétion du pape leur feroit envoie avant
que le pape fût facré : mais il remarque qu'ils n’ont
jamais changé l’éleéiion faite à Rome ; &c prétend
que les empereurs . pofterieurs onc révoqué ce décret
, parce qu’il faifoit trop long - rems vaquer le
faint liege. ' : • '•
il rapporte quelques autoritez- des papes & des
conciles, pour montrer quelle doit être l’éleélion canonique
des évêques. Il s’objeête le décret deNico-
sup.tiv.tTi. las II. au concile de Rome en 10^9. ou il eft dit, que
l’éleêbion du pape fe fera fans préjudice de l’honneur
dû au roi ; c’eft-à-dire , comme Anfelme l’explique,
que le pape ne fera facré qu’après que Ion éledion
aura été notifiée au roi. Sur quoi après quelques autres
réponfes plus foibles , il apporte comme une fo-
lution invincible , que le pape Nicolas n étant qu’un
des patriarches, n’a pû , avec quelque concile que ce
fû t , révoquer les décrets des conciles généraux, particulièrement
du huitième, autorifez parles cinq patriarches
&c plus de 150. évêques en preience des empereurs.
Il eft remarquable que celui qui parle ainii
eft l’admirateur de Grégoire VII. & un des plus zélez
défenfeurs de l’autorité du faint fiege. Il ajoûte, que
le papeNicolas étoit homme , Scque pqr confequent
il a pû faillir par furprife.
Quant à la longue poffeifion qu’on alleguoit en
faveur des rois , il dit qu’il faut revenir à l’origine , &
que le tenas ne peut jamais autorifer les abus. Puis il
décrit
décrit ainii les inconveniens du pouvoir que les prin- An. ioSi1.
ces s’étoient attribué fur l’églife. Qui ne v o i t , d it - il,
que c’eft la fource de la fimonie , & la deftruiftion de
toute la religion } Car quand on efpere obtenir du
prince la dignité epifcopale , les clercs méprifent
leurs évêques, & abandonnent l ’églife ; les uns répandent
beaucoup d’argent parmi les courtifans pour
acheter leurs recommandations ; les autres font de
grandes dépenfes pour fervir à la cour pendant plus
de dix années, fouffrant avec patience le chaud , le
froid, la pluie &c les autres incommoditez des voïages.
Ils foùhaitent la mort de celui dont ils briguent la plac
e , & font jaloux de ceux par lefquels ils craignent
d’être fupplantez. Quelquefois le mauvais choix va
jufques à donner la dignité épifcopale à des ferfs & à
des débauchez : parce qu’on fait bien que de telles
gens étant en place, n’oferont reprendre les péchez
des grands , qui les y ont élevez ; & c’eft pour cela
meme qu’on les y met. Ces faux pafteurs ne fongent
qu’à s’ engraiffer aux dépens du troupeau, dont ils négligent
abfolument le falut. D ’autres donnent dans,
toutes les vanicez du fie cle , entretenant des chiens &
desoifeaux pour la chaife , Sc portant des fourrures
précieufes. Ils quittent leurs églifes pour fuivre les
empereurs : quoique les canons défendent aux évêques
d’aller à la co u r , leur permettant feulement d’y
envoïer leurs diacres s’ils y ont quelques affaires. Et
au lieu que les canons défendent à un évêque de s’ab-
fenter de fa cathédrale pendant trois dimanches ,
quelques - uns n’y vont que trois ou quatre fois l’année
, d’autres à peine une fois : donnant au clergé
l ’exemple d’abandonner leurs églifes. On dit qu’il
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