
A n . 1072.
Stïl. ep. ï j .
Sap.lib. x x x y i.
n. 37.
134 H I S T O I R E E C C L E S IA ST I QJJ E.
cheveques de Cantorberi, qui en avoient même dépo-
fé quelques-uns, par l’autorité du faint fieo-e.
On lut plufieurs conciles celebrez en divers temps
par les archevêques de Cantorberi, qui tous conte-
noient des preuves de leur primatie. On lut les élections
& les ordinations des evêques dont il étoit quef-
tion , contenant les proteftations par écrit de leur
obeilfance à Téglife de Cantorberi. Tous les alfiftans
rendirent témoignage , qu’ils avoient vû & oiii dire de
leur temps les mêmes chofes que contenoicnt ces écrits.
On lut dans l’hiftoire, que lorfque l’Angleterre étoit
divifee en plufieurs petits roïautnes, un roi de Nor-
thumbre | ou eft fituée la .ville d’Y o r c , en aïant vendu
le v e ch e , fut cité au concile pour cette fimonie
par larcheveque de Cantorberi ; que n’y voulant
point comparoître il fut excommunié ; & que toutes
les églifes de ces quartiers s’abilinrent de fa communion,
jufques à ce qu’il fe fût prefenté au concile, qu’il
eût avoüé & réparé fa faute. Enfin on lut les privilèges
& les autres lettres des papes faint Grégoire,
Boniface , Honorius , V ita lien , Sergius, Grégoire,
Léon IX . écrites en divers temps aux archevêques de
Cantorberi & aux rois d’Angleterre. Car les lettres
des autres papes avoient péri dans un incendie de
1 eglife de Cantorberi arrivé quatre ans auparavant ce
concile.
Thomas archevêque d’Yorc allégua pour lui la
lettre de faint Grégoire , où il déclare que l ’églife de
Londres & celle d Yorc font égales, & que Tune ne
doit point être foumife à l’autre. Mais tout le concile
reconnut que cette lettre ne faifoit rien au fujet,
parce que Lanfranc n’'étoit point évêque de Londres,
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& qu’il n’étoit point queftion de cette églife. Thomas
fit quelques autres obje&ions que Lanfranc détruifit
facilement ; en forte que le roi fit à Thomas des reproches
, mais doux & paternels, de ce qu’il étoit venu
avec de fi foibles raifons attaquer des preuves fi fortes
& fi nombreufes. Il répondit, qu’il ne favoit pas que
la prétention de Téglife de Cantorberi fût fi bien ap~
puïée ; & il fupplia le roi de prier Lanfranc, qu’il oubliât
fon reifentiment , qu’ils vêcuifent en paix , &
qu’il lui relâchât même, en vûë de la charité, quelque
partie de fes droits. Ce que Lanfranc lui accorda volontiers
& avec aétion de grâces.
Cette affaire qui avoit été commencée à Vincheftre
à Pâque, fut terminée à la Pentecôte à Oüindfor ; &
Ton forma le décret du concile, portant que la caufe
des deux archevêques aïant été examinée par Tordre
du pape & du confentement du r o i , il avoit été prouvé
que Téglife d’Yorc devoit être foumife à celle de
Cantorberi, & obéir à fon archevêque comme primat
de toute la grande Bretagne en tout ce qui regarde
la religion. Mais , ajoûte le décret, l’archevêque
de Cantorberi a accordé à l’archevêque d’Yorc & à
fes fucceffcurs à perpétuité la jurifdiêtion fur l’évê-
que de Dunclme, c’eft-à-dire de Lindisfarne, & de
tous les païs depuis les confins de Tévêché de Licefeld
& du grand fleuve d’Humbre jufques à Textremité de
l ’Ecoffe , & tout ce qui appartient de droit au diocefe
d’Yorc de ce côté-lâ du fleuve. Enfin l’archevêque de
Cantorberi peut affcmbler un concile par tout ou il lui
plaira, &c l’archevêque d’Yorc fera tenu de s’y trouver
avec tous les évêques qui lui font fournis, & d’obéïr à
fes ordonnances canoniques.