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An. i 096. Carême par une proceffion folemnelle , où le pape fe
couronna d’une couronne de palmes, iuiyant l’ulage
de Rome, & donna au comte d’Anjou la rofed’o r ,
que les papes beniffoient ce jour-là. Enfuite il indi-
ordo. Kom. qua un autre concile à Arles pour la fin de Juin.
Sur la fin de Mars le pape retourna à Poitiers , en-
fuite il paffa à Saintes, où il célébra la fête de Pâques,
qui cette année 1096. écoit le treizième jour d Avril.
Enfuite il vint à Bourdeaux , où le premier jour de
Mai il dédia la grande églife: puis à Touloufe , où le
vingt-quatrième du même mois il dédia l’églife de
iaint Sernin. Ifarn étoit *àlors évêque de Touloufe,
citet mem.'.iib. Si le pape étoit accompagné de Bernard archevêque
s f' 7 ' de Tolede. Sur la fin de Juin le pape vint à Mague-
An.veriM.r. lone à la priere de l’évêque Godefroi ; 8t le diman-
sM.ub.p.799- (-he jour j e faint Pierre, après avoir prêché devant le
clergé Sc le peuple aiTemblez ; il confacra folemnel-
lement toute l’iîle de Maguelone : donna l’abfolution
de tous leurs péchez à tous ceux qui y étoient enterrez
Si qui le feroient à l’avenir , Si accorda à cette
églife plufieurs autres privilèges. Il étoit affilié en
cette ceremonie des archevêques de Pife Si de Tar-
ragone , ôc des évêques d'Albane , de Segni, de N îmes
Si de Maguelone.
Tandis que le pape étoit à Montpellier, il examin
a , à la priere du roi Philippe, l’éleèlion de Guillaume
pour l’évêché de Paris. Il étoit frere de Bertrade ,
que ce prince avoit époufée de la maniéré irreguliere
que j’ai dit, Sc n’avoit pas encore tout-à-fait lâ g e
pour êcre évêque : ce qui rendoit cette éleètion ful-
pcète. Toutefois fi-tot qu’elle fût faite Ives de Chartres
écrivit au pape , que Guillaume étoit un clerc de
grande
grande efperance, nourri dans Téglife de Chartres; An.iov6:
Sc ajouta : il n’a rien voulu faire en cette rencontre
fans notre confeil, C ’eft pourquoi nous avons envoïé
avec lui quelques-uns de nos freres, pour s’informer
foigneufement s’il avoit toutes les v o ix , Sc Ci cette
eleèfcion s etoit faite moyennant de l’arg en t, ou avoit
été extorquée par quelque violence du roi. Comme ils
nous ont rapporté que tout s’étoit bien paffé , nous
avons confeillé à notre frere de confentir à l ’eleétion,
Sc ne fe pas fouftraire â l’ordre de Dieu : car nous
craignions que quelqu’un ne vînt à la traverfe s’in gérer
par iîmonie. Quant au défaut de fon âge , nous
lui avons confeillé de garder les interftices convenables
dans fa promotion aux ordres ; Sc cependant de
vous demander difpenfe de ce qui pourroit manquer à
la régularité de fon ordination. Je vous prie de ne
point écouter ceux qui voudroient lui rendre de mauvais
offices auprès de vous ; Si de nous preferire vous-
même comment cette affaire peut être terminée à votre
fatisfaèbion. Ce témoignage de Ives de Chartres
étoit d’autant plus fo r t , que ce prélat s’étoit plus déclaré
contre Bertrade.
Ce pape donc étant à Montpellier , ôc aïant examiné
cette élection, commit Ives de Chartres , qui
étoit alors auprès de lui pour la difeuter plus amplement.
Ives étant de retour, fit venir devant lui les
chanoines de Paris : favoir le doïen, le chantre ôc un
archidiacre , qui jurèrent au nom de tous , que dans
l ’éleétion de Guillaume il n’y avoit eu ni crainte du
r o i , ou de la prétendue reine , ni fimonie. C ’eft pourquoi
il ordonna de la part du pape à Richer archevêque
de Sens, de le facrer avant lafaint Remi: lui
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lut. epijf. yo,