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An, 1092,, environ foixante Sc quinze évêques Sc douze abbez.
On y parla des mariages contraétez entre parens,
Sc on y fit le règlement fuivant. Les évêques dioce-
iains feront citer les parties jufques à trois fois. Si
deux ou trois hommes affirment par ferment la parenté,
ou fi les parties en conviennent, on ordonnera
la diffolùtion du mariage. S’il n’y a point de preuve,
l ’évêque prendra les parties à ferment, pour déclarer
s’ils fe reconnoiffent pour parens , fuivant la commune
renommée. S’ils difent que non, il faut les laiffer ,
en les avertiffant, que s’ils parlent contre leur con-
fcience, ils demeurent excommuniez, tant qu’ils continuent
dans leur incefle. S’ils fe feparent fuivant le
jugement de l’ évêque 8c qu’ils foient jeunes, il ne faut
pas leur défendre de contracter un autre mariage. On
fit un autre canon dans ce concile pour l’obfervation
de la trêve de Dieu,
x. Depuis quatre ans que Lanfranc étoit mort, le fiechcvêqae^
e ge de Cancorberi étoic demeuré vacant ; Sc Guillaucanrorbcn.
me jg f^oux roj d’Angleterre ne vouloir point le rem-
Eadm. Novor. plir , pour profiter des grands revenus de cette églife.
'•■•A34- ¡j faire inventaire de tous les biens qu’elle poffedoit
; Sc aïant réglé la fubfiftance des moines qui la
fe rvo ien t, il joignit le refte à fon domaine, Sc le
donnoit à ferme tous les ans au plus offrant. On
voïoit tous les jours dans le monaftere des hommes
infolens, qui venoient faire des exaétions & menacer
les moines , dont plufieurs furent difperfez Sc en-
voïez à d’autres monafteres : ceux qui refterent fouf-
frirent beaucoup d’infultes Sc de mauvais traitemens.
Les fujets de l’églife furent tellement pillez Sc réduits
à une fi extrême mifere , qu’il ne leur reftoit que la
vie a perdre. Toutes les églifes d’Angleterre fouffri- AN.1092,.'
rent la même oppreffion , 8c fi-tbt qu’un évêque ou
un abbé étoit mort, le roi s'emparoit de tous les biens
pendant la vacance, 8c ne permettoit point de la remplir
, tant que fes officiers y trouveroient de quoi profiter.
Ce fut Guillaume le Roux qui introduific le premier
cet abus, inconnu fous le roi fon pere.
En 1091. Hugues comte de Cheftre, voulant fonder
unmonaflere, envoïa en Normandie prier A n felme
abbé du Bec, de venir en Angleterre pour cet
effet. Anfelme le refufa , parce qu’il couroit un bruit
lourd, que s’il alloit en Angleterre, il feroit archevêque
de Cantorbçri ; 8c quelque éloigné qu’il fût d’y
prétendre, il ne vouloir donner aucun prétexte de
l ’en foupçonner. Cependant le comte tomba g rièvement
malade, 8c envoïa prier l’abbé , en vertu de leur
ancienne amitié, de venir incelTamment prendre foin
de fon ame , l’affurant que ce bruit touchant l’arche-
veché n’étoit rien. Il refufa encore, 8c le comte envoïa
encore une troifiéme fois. Enfin Anfelme dit
en lui-même : Si je manque à affifter mon ami dans
fon befoin pour éviter un mauvais jugement que
l’on peut faire de moi, je commets un péché certain
pour empêcher un péché incertain d’autrui. J’irai
donc faire pour mon ami ce que la charité m’ordonne
: abandonnant le refte à Dieu, qui voit ma con-
fcience. Il y avoit d’ailleurs des affaires de fon abbaïe
qui l’obligeoient à ce voïage. Etant arrivé auprçs du
comte de Cheftre, il le trouva guéri: mais il fut obligé
de demeurer cinq mois en Angleterre : tant pour
l’établifTement de la nouvelle abbaïe , que pour les
affaires du Bec. Pendant tout ce tems on ne parla
Tome XUI, A a a a