
A n . 1090.
un .
Lettre deBer-
nald de Confiance.
ap. Tegnagel.
p. IJ9*
J2.2. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
l'argent ; ceux de Ratiibone , d’Auibourg & de Straf-
bourgpour des meurtres : l’abbaïe de Fulde pour un
adultéré, l’évêché de Munfter poul un crime plus de-
teftable. Ileftdonc heretique ; & étant excommunié
par le faint fiege pour tou: fes crimes, il ne peut
plus avoir aucune puiflance fur nous, qui fommes catholiques
: nous ne le comptons plus entre nos freres
8c nous le haïflons de cette haine parfaite dont le
pfalmifte haïffoit les ennemis de Dieu. Quant à ce
que vous dites, que le pape Grégoire, le roi Rodol-
fe & le marquis Egbert font morts miierablement -,
Sc que vous félicitez vôtr,e maître de leur avoir fur-
vêcu : vous devez auiïi eftimer heureux Néron , d'avoir
furvêcu à faint Pierre & à faint P au l, Herode a
faint Jaques, 8c Pilate à Jefus-Chriil. Cette lettre eft
pleine d'aigreur 8c d’emportement; 8c roule principalement
fur ce faux principe , qu'un roi criminel n’eft
point véritablement roi.
Un autre zélé défenfeur du parti catholique en
Allemagne, étoit Bernald prêtre de Conftance, dont
nous avons une grande lettre à Gebehard abbé de
Schaffoufe, fur la neceifité d’éviter les excommuniez,
il marque les differens dégrez des perfonnes qu’il faut
éviter : favoir le coupable, le complice 8c celui qui
communique avec eux ; & les différentes maniérés
de communiquer, la falutation , le baifer , la priere,
la table. Il rapporte enfuite les réglés touchant l'abfo-
lution des cenfures, 8c les temperamens quel'églife y
a apportez, tant à l'égard des clercs que des laïques.
Enfin il fait le dénombrement des loix fur lefquelles
l’églife a formé ia difeipline' : lavoir les canons des
ap ôtre s , les décrets des papes, les conciles généraux
&
L i v r e S o i x a ñ T e - T r o I s i e ’ m e : j t j
ôc particuliers, où l’on voit ceux qui étoient alors les
plus connus. Entre les decretales il compte toutes celles
du recu.eil d'ifidore,dont la v e r itén ’étoitpasrevoquée
en doute.
Sur leur autorité il d i t , que les apôtres 8c leurs
fuccelfeurs ont ordonné, que les évêques ne fulfent
jamais accufez , ou très-difficilement ; 8c comme il ne
trouve pas que cette difeipline s’accorde avec celle du
concile de N icée 8c des fuivans, il en rapporte des rai-
fons, qu’il prétend convenir au tems desperfecutions.
De même il avoue que le concile de Nicée défend les
tranilations des évêques: mais, a jo û te -t-il, les faints
papes E varille , Callifte 8c Anteros, avant le concile
de N ic é e , ont enfeigné que la tranilation des évêques
étoit permife , pourvu qu’elle n’eût pas l’ambition
pour caufe , mais l’utilité de l’églife ou la neceiîîté.
On voit ici la plaïeirreparable que les fauífes decretales
ont faite à la difeipline de l’é g life , en détruifant
fes plus faintes regles, par des autoritez que l’on efti-
moit plus anciennes.
L’empereur Henri entra cette année en Lombardie,
où il brûla 8c ravagea les terres du duc Guelfe : mais
la princeife Mathilde fon époufe , l'encouragea à demeurer
ferme dans le parti catholique, 8c à refifter
vigoureufement à Henri. En cette guerre Godefroi
évêque de Luque confulta le p ap e , s’il falloir mettre
en pénitence ceux qui avoient tué des excommuniez.
Le pape répondit : Impofez leur une fatisfa^
éfion convenable félon leur intention, comme vous
avez appris dans l’ordre de l’églife Romaine. Car nous
n’eftimons pas homicides ceux , qui brûlant de zele
pour l’églife contre les excommuniez, en auront tué
Tome XIII. T 1 1
An. 1090.
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