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n’emploïoit les peines que contre les particuliers : lorfqu’un méchant fe
trouvant féul au milieu d’un grand nombre de bons, il étoit vraifem*-
blable qu’il fe Îoûmettoit, ¿011 que tous s’éleveroient contre lui. Mais,
ajoute-t-il, quand le méchant eft allez fort pour entraîner la multitude,
ou quand c’eft la multitude qui eft coupable : il ne reftc que de gémir
devant Dieu , 8c d’exhorter en général, profitant des occafions où. le
peuple eft mieux difpofé à s’humilier, comme dans les calamitez publiques.
Suivant ces fages maximes, le pape Jules prit la défenfe de iaint Atha-
nafe periècuté, 8c écrivit en fa faveur j & le pape Innocent en ufa de
même à l’égard de faint Chryfoftome : mais ils le gardèrent bien de prononcer
ni dépofition, ni excommunication ÿ contre les. évêques qui
avoient condamné injuftement ces grands- iàinrs : içaçhant bien qu’ils,
n’euftent pas été obéis, & que c ’eut été commettre inutilement, leur autorité.
On étoit encore bien plus éloigné d’excommunier les empereurs
fuiîènt- ils heretique3 8c perfecuteurs de l’égliie, comme Conftantius 8c
Valens : au contraire faint Bafile reçut à Faute! [’offrande de ce dernier.
C ’eft qu’ôn voïoit clairement, qu’une autre conduite n’eût fait que
les irriter davantage. Il eft vrai que faint Ambroife défendit à THeodo-
fe l’entrée de l’égliie : parce qu’il connoiftoit les pieufes diipofitions de
ce prince, 8c iavoit qu’i l l’ameneroit par. cette rigueur à une penitence
falu taire.
Mais je-ne comprends pas ce que prétendoit obrenir le pape Nicolas
I. par les lettres dures qu’il écrivoit a l’empereur Michel protecteur de
Photius > 8c fur - tout par la menace, de faire brûler publiquement à
Rome la lettre de ce prince. Ne fa vo it-il pas que c’étoit un jeune extravagant
& un impie , comme je viens de le remarquer ? A quoi bon
ufer de cenfures contre Photius, dont if connoiftoit l’audace 8c la puif-
fance ? Deilors donc, c’e f t - à -d i r e , vers le milieu du neuvième fiecle,
on avoir oublié la diferetion de la iage antiquité. Il fembloit qu’il ne
fût queftion que de parler & ¿ ’écrire , fans en prévoir les conféquen-
ces : les. formules ordinaires d’excommunication étant uiees, comme
trop fréquentes, on en ajouta de nouvelles, pour les rendre plus terribles
: on emploïa les noms de Co ré , Dathan & Abiron 8c de Judas,
avec toutes les. malédictions du pfeaume cent huitième , accompagnées
de FextinCtion des chandelles & du fon des cloches. Je m’imagine voir
un foible vieillard , qui fe fentant méprifé de fes enfans , 8c ne pouvant
plus iortir de fon lit pour les; châtier comme auparavant' , leur
jette ce. qu’il rencontre fous, fa main, pour fatisfaire fa colere impuiffan-
te j 8c forçant le ton de fa yoix, les charge de toutes les imprécations dont
il fe peur avifer. On s’éloigna de plus en plus de l’ancienne modération
-pendant le dixième 8c l ’onzième fiecle. Les évêques ne confideroient
point Feffet des eeniùres,.mais feulement leur pouvoir 8c la rigueur du-
droit : comme s’ils euftenr été forcez par une neceftité fatale â prononcer
Tes peines canoniques contre tous ceux qui les auroient méritées. Ils ne
voïoient pas que ces foudres ipirituels portent à faux contre ceux qui
ne veulent pas en. avoir peur. Que loin de les corriger on ne fait que les
endurcir ,& leur donner occafion de commettre de nouveaux crimes : que
les cenfures au lieu d'être utiles à l’églife, lui deviennent pernicieufes,
attirant le plus grand de tous les maux, qui eft le fchifme, & la défarmant
à force de prodiguer fes armes. Enfin que.vouloir retrancher de l'égide
tous les pécheurs, c’eft faire comme un prince infenfé, qui trouvant la
plupart de fes fujets coupables, les feroit pafler au fil de l’épée, au hazard
de dépeupler ion état. Vous ne verrez que trop dans la fuite de l’hiftoire ks
effets de cette conduite.
Les papes, il faut l’avoiier , fuivkent les préjugez de leur temps , &
pouffèrent encore plus loin que les autres l’ufage des cenfures ; à'eaufe
de l’autorité de leur fiege, très-grande en elle-même & étendue au-delà
des anciennes bornes par k s fauflès décretaks: Les plus grands papes
& ks plus zelez, pour rétablir la difeipltne de l’églife & fhonneur du
faint bége après: lès deiordres du dixième fieefc, s’éloignèrent le plus
de l’ancienne modération qu’ils ne eonnoifloient plus , ou qu’ils ne
croïoient pas convenable à leur temps ; & enfin Grégoire VII. pouffa
la rigueur des- cenfures au-delà de ce qu<’dn avoit vû jufques alors. Ce
pape .né avec un grand courage & élevé dans la- difeipline monaftique
la plus régulière, avoir un zefe ardent de purger l’églife des vices dont
il la voïoit infectée, particulièrement de la fimonie & de l’incontinence
du clergé : mais dans un fiecle fi peu éclairé, il1'n’avoir pas toutes les lumières
neceflàires pour regler fon zele ; & prenant quelquefois dé fauf- ,
fes lueurs pour des veritez folides , il en tiroit iàns hefiter ks plus dange-
reufes conféquences. Son grand principe étoit, qu’un fuperieur eft obligé
à punir tous les crimes qui viennent à fa connoiffànce , fous peine de
s’en rendre complice ; & il répété fans celfe dans fes lettres cette parole du
prophète : Maudit foit celui qui n’enfitnglante pas fon épée t c’eft-à-dire fetern. XLvmt
qui n’execute pas l’ordre de Dieu, pour punk fes ennemis. Sur ce fon- io.
dem,ent, fi-tôt qu’un évêque lui étoit déféré comme coupable de fimonie
ou de quelqu’autre crime, il le citoit à Rome ; & s’il manquoir d’y comparaître
, pour la première fois il le fufpendoit de fes fonctions, pour la
fécondé il l’excommumoit : fi l’évêque perfiftoit dans fa contumace, le
pape le dépofoit, défendoirà fon clergé & à fon peuple de lui obérr, fous
peine d’excommunication ; leur ordonnoit d’élire un autre évêque, & s’ils
y manquoient, il leur en donnoit un lui-même : c’eft ainfi qu’il procéda
contre Guiberr archevêque de Ravenne, qui lui rendit bien la pareille, en
fe faifànt élire pape par le parti du roi Henri. Je fuis effraïé quand je
vois dans k s lettres de Grégoire VII. les ceniures pleuvoir pour ainfi dire
de tous cotez, rant d’évêques dépofez par tout, en Lombardie, en Allemagne
, en France.
Le plus grand mal', c’eft qu’il voulut fbûtenir ks peines fpirituelks x v i t l -
par ks temporelles, qui n’étoient pas de fa compétence. D’autres l’a- pép0fition é
voient déjà tenté : j’ai marqué qüb les évêques imploraient le fecours du rojs.
bras feculicr pour forcer le s pecheurs à la penitence ; & que les papes
avoknt commencé plus de deux cens ans auparavant à vouloir regler par
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