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Eglifss à Allemagne.
Lambert. an• 1 e66.
f y i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
la mémoire de fa chair crucifiée & de fon fang répandu.
Si cela eft vrai, les facremens des Juifs ont été plus
excellens que ceux des chrétiens. Car la manne envolée
du c ie l, 8c les animaux que l’on immoloit, va-
loient mieux qu’une bouchée de pain 8c un peu de vin ;
8c il eft plus divin d’annoncer l’avenir que de raconter
le palfé.
Lanfranc conclut par l’autorité de l’églife, en di-
fant à Berenger : Si ce que vous foûtenez touchant le
corps de Jefus eft véritable , ce que l ’églife univerfelle
en croit, eft faux : car tous ceux qui fe difent chrétiens,
fe glorifient de recevoir en ce facrement la vraie chair
8c le vrai fang de Jefus-Chrift. Interrogez tous ceux
qui ont connoiifance de la langue Latine 8c de nos livres.
Interrogez les Grecs, les Arméniens, les chrétiens
de quelque nation que ce fo it, ils difènt tous d'une
voix , que c’eft leur créance. Or fi la foi de l’églife
univerfelle eft fauife, ou il n’y a jamais eu d’églife , ou
elle a péri : mais aucun catholique ne conviendra de
l ’un ni de l’autre. Il apporte les paffages de l’écriture,
qui prouvent l’univerfalité de l’églife ; 8c ajoûte ;
Vous dites que l’églife a été formée 8c a fruôfcifié chez
toutes les nations : mais que par l’ignorance de ceux
qui ont mal entendu fa doéhine, elle a erré, elle
• a péri, 8c eft demeurée en vous feuls fur la terre. A
quoi il oppofe la promefle de Jefus-Chrift, & les
preuves de faint Auguftin, qui montrent que l’églife
ne peut périr. T e l eft l’écrit de Lanfranc contre Berenger.
En Allemagne Adalbert archevêque de Brème, s’é-
toit attiré la principale autorité , 8c pour la confer-
ver retenoit en Saxe le roi Henri, fans le Îaiffer aller
dans les autres provinces ; de peur qu’il ne fût plus An>i0(îî>
maître abfolu des affaires, fi ce jeune prince en com-
muniquoit avec les autres feigneurs. Sigefroi archevêque
de Maïence & Annon de Cologne , cherchoient
avec plufieurs autres feigneurs les moiens de s affranchir
de la tyrannie d’Adalbert. Enfin ils indiquèrent une
die te ou affemblée générale à Tribur près de Maien-
c e , 8c réfolurent de déclarer auroi q uil devoir choi-
iîr y de renoncer au roïaume ou a i amitié de 1 arclieve-
que de Brème. Ç ’étoit vers le commencement de l’an- .
née 1066. Le roi s’étant rendu à T r ib u t, on lui fit cette
propofition. Comme il rcculoit, & ne favqit quel
parti prendre., l’archevêque de Brème lui conieilla de
s’enfuir la nuit fuivante, & d’emporter fon trel° r j
pour fe retirer à Goflar ou en quelque autre lieu de
'lûreté. Mais les feigneurs en aïant avis, prirent les armes
8c firent garde toute la nuit autour du logis du roi.
Le matin ils étoient fi animez contre Adalbert , qu’a
peine le roi put les empêcher de porter la main fur lui.
Enfin il fut chaffé honteufement de la cour avec tous
ceux de fon parti ; 8c le roi lui donna une eicorte
pour le conduire chez lui. Ainfi le gouvernement re-
• vint aux évêques, pour donner tour a tour leurs con-
feils au roi.
Il célébra à Utreft la fête de Pâques |
année 1066. étoit le feiziéme d’Avril. Le famedi iaint
l’archevêque Eberard de Trêves aïant officie, mourut
dans la faenftie encore revêtu des ornemens. A n -
non archevêque de C ologn e , fit donner ce iiege; a
fon neveu Cuno ou Conrad prévôt de fon eglife : j f M »
mais le clergé 8c le peuple de Trêves furent extrême- «¡.
ment irritez de n’avoir point eu de par.t a ce choix ;
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