
An. 1099. iefme, où ils ne pouvoient executèr leur deffein. Le
légat la leur accorda , 6c leur donna Tes lettres pour cet
effet, où il leur confeille &c leur ordonne, par l’autorité
du pape, de perfeverer dans leur fainte reiolution. Les
f-.*• fix qui accompagnèrent l’abbé en ce v o ïa g e , étoient
Alberic , Odon ,; Jean , Eftienne , Letalde &c Pierre.
Etant donc retourné à Molefme , ils choifirent les
plus zelez pour l'obfervance , Sortirent au. nombre de
vingt Si un; & allèrent s’é.cablir dans un lieu nommé
Çijnrcium en Latin, en François Cifteaux à cinq lieues
de D ijon, dans lé diocéfe de Çhâlon. C ’étoit un de-
fert couvert de bois & d’épines , qu’ils commencèrent
à défricher & s’y loger dans des cellules de bois, avec
le confentement de Gautier évêque de Châlon , & de
Rainard vicomte de Beaume, à qui la terre appartenoit.
ïH s’y établirent le jour de laint Benoift, vingt-uniér
me de Mars 1098. qui fe rencontroit le dimanche des
sxvd.mazn. Rameaux. L’archevêque de Lion voïant leur extrême
pauvreté, &c qu’ils ne pourroient fubfifter dans un
lieu fi fterile , fans le fecours; de quelque perfonne
puiffante , écrivit à Eudes duc de Bourgogne , pour
l’exhorter à leur faire du bien ; & ce prince touché de
leur ferveur, acheva à fes dépens le bâtinaent du monaftere
de bois qu’ils avoient commencé ,*8c les y entretint
long- tems de toutes les : choies neceffaires, il
leur donna même abondamment des terres & des
beftiaux. Cependant l’évêque de Çhâlon donna à R o bert
le bâton paftoral en qualité d’abbé , Se.fit renou-
veller aux moines leur voeu de Habilité pour le nouveau
monaftere qui fut ainfi érigé canoniquement en
abbaïe.
Mais peu de tems après les moines de Molefine
du
L i v r e S o i x a n t e - Q u a t r i e ' m e . g 83
du conièntement de Godefroi leur nouvel abbé , allèrent
àR om e , & portèrent leur plainte au pape Urbain
II. dans le concile de l’année 1099. difant que
par la retraite de Robert la religion étoit renverfée
dans leur monaftere, &c qu’ils étoient devenus odieux
auxfeigneurs & â leurs autres voifins. Le pape cédant
a leur importunité &c au confeil des évêques, écrivit à
l ’archevêque de Lion de tirçr s’il étoit poffible, Robert
de fa fplitude pour le renvoïer â.ion monaftere ,
finonde faire en forte que les habitans de.la nouvelle
folitude demeuraffent en repos, & que ceux qui étoient
dans le monaftere vêcuffent régulièrement. L'archevêque
de Lion aïant reçu cette lettre du pape &;
étant iollicité par l’abbé Godefroi. .& par les moi-,
nés de Molefme, affembla quatre évêques, Ndrgold
d’Autun , Gautier de Chalon , Bertrand de Mafcon ,
Pons de Bel]ai, tous fes fuffragans avec trois abbez ,
Pierre de TournusJarenton de Dijon 8c Gofferan
d’Aifnai, 8t Pierre camerier du pape y & par leur confeil
il écrivit ainfi à Robert évêque de Langres.
Nous avons refolu de rendre Robert â Péglife de
Molefme , à condition qu’avant ¡que d’y retourner , il
ira à Chalon pour remettre à l’évêque le bâton pafto-:
ral qu’il a reçù tlorfqu’il a promis obéiflance , ful-
vant la coùcumé dès abbez ; & il déchargera les moines
du nouveau monaftere de l’obéiffance qu’ils lui
ont promife, en qualité d’abbé , comme l’évêque l’en,
quittera à fon égard. Nous avons auifi permis â tous
ceux des moines du nouveau monaftere, qui vou->
dront le fuivrè , de retourner avec lui à Molefme ; à
condition que déformais ils ne s’attireront ni fe recevront
les uns les autres , finon en tant que faint Be-
noift permet de recevoir lés moines d’un monaftere
Tome XIII. Q_qqq