
A n . 1071.
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Monaftcrts
Sardaigne.
104 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
beri, foutenant que l’églife ct’Yorc lui etoit égale , ÔC
que iuivant la conftitution de faint Grégoire., l’une
ne devoir point être foumife à l’autre , feulement que
celui des deux archevêques qui étoit le plus ancien
d’ordination, devoir avoir la preffeance. Il préten-
doit de plus avoir jurifdiélion fur les trois évêques de
Dorceftre ou Lincolne , de Vorcheftre & de Licifeld,
depuis Cheftre. Lanfranc , quoiqu’indigné de ce procédé
, répondit modeftement, que la propoiîtion de
Thomas n’étoit pas véritable que la conftitution
de faint Grégoire ne regardoit pas l’églife de Cantorberi
, par rapport Lcelle d’Y o r c , mais à l’égard de celle
de Londres. Le pape Alexandre décida, que ce différend
entre les deux archevêques devoir être examiné
ôc jugé en Angleterre par tous les évêques ôc les ab-
bez du roïaume -, ôc bien que Lanfranc fût aifuré pour
fon temps de la foumiifion de Thoma^, par la pro-
meife qu’il lui en avoit faite , il aima mieux travailler
pour fes fuccefTeurs, que leur laiiTer ce différend à terminer.
Le pape chargea Lanfranc d’une lettre pour fe roi
d’Angleterre, où après avoir loüé fon zele pour la
religion, il l’exhorta à fuivre les confeils de Lanfranc
pour l’exécution de fes bons deffeins, déclarant qu’il
avoit regret de ne le pouvoir retenir à' Rome. M a is ,
ajoûte-t-il, nous nous confolons de fon abfence , par
l’utilité qu’en reçoit vôtre roïaume. Il ajoute qu’il a
donné à Lanfranc toute l’autorité du faint fiege, pour
l’examen & le jugement de toutes les affaires/c’eft-a-
dire, qu’il l’a établi légat dans le roïaume d’Angle-
terre.' ■ ‘ ! V “ ’ !
La même année 1071. le pape Alexandre II. fit la
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dédicace de la nouvelle églifc du Mont-Gailin. Depuis
que le cardinal Didier fut abbé de ce monaftere il le
renouvella entièrement. Il lui attira de grands bienfaits
de la part de Richard prince de Capouc, ôc de
Robert Guifchard duc dé Potii'Hc*.& de Calabre , dont
il avoit gagné l’amitié, & cominença par donner a
fon églife quantité de riches ornemens. De fon temps
un roi de Sardaigne nommé Barefon , envoia des députez
au Mont-Caflin , demandant des. moines, pour
établir dans fon roïaume un monaftere, fuivant leur-
obfervance, qui y étoit encore inconnue. L’abbé D idier
choifit douze des meilleurs lujets de la communauté
, à qui il donna des livres de l’écriture fainte, des
reliques , des vafes facrez, des ornemens ôc. tout ce:
qui leur étoit neceffaire pour cette miffion, avec un
abbé pour les gouverner , ôc les envoia en Sardaigne
dans un vaiffeau de Gaete. Ils arrivèrent a une petite
iile nommée le Lis , & attendoient le temps propre
pour paffer outre : quand les Pifans, pouffez d envie
contre les Sardiots , vinrent fur eux à lamprovifte avec
des bâtimens armez, les pillèrent ôc les maltraitèrent
fans diftinétion de perfonnes -, Ôc alloient prendre le
ch e f de.la députation y s’il n’eut pris l’habit d’un moine
pour fe fauver. Ils brulerent le vaiffeau de Gaete
£c s’en retournèrent chargez'de butin. Les douze moines
du Mont-Caflin depoiiillez de to u t , hors de leurs
habits , fe difperferent en divers lieux : il en mourut
quatre, ôc les huit autres revinrent au monaftere dans
l ’année. • ' v-‘ ‘ r\ '
Cependant le roi Barefon aïant tiré fàtisfadion
des- Pifans pour cette infulte , renVoïa au Mont-Caf-
f in , difant, qu’il periiftoit encore plus ardemment
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