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A n. 1096. de leurs évêques, dont les laïques mêmes doivent
prendre la benediddon pour aller en pelerinage. Quiconque
donc veut entreprendre celui-ci, doit porter
fur lui la figure de la croix.
Alors tous les affiftans étant profternez , le cardinal
Grégoire, qui fut depuis le pape Innocent II.
prononça la confeffion ; ôc tous frapant leur poitrine,
reçurent l’abfolution de leurs p é ch e z, puis la bénédiction
ôc la permiifion de fe retirer chacun chez eux.
Le lendemain le pape aiTembla les évêques ôc les con-
fulta fur le choix d’un ch e f, pour conduire les pèlerins
: parce qu’il n’y avoir encore entre eux aucun
feigneur diftingué. Ils choifirent tout d’une voix Ad-
hemar évêque du Pui , comme très-inftruit de la religion
ôc des affaires temporelles, il accepta la com-
miifion, quoique malgré lu i , ôc le pape lui donna fes
0rdtri1.1n.9f. pouvoirs en qualité de légat. Quelque tems après
vinrent les députez de Raimond comte de Toulouzc,
connu aulfi fous les noms de comte de faint Gilles &
de Provence, qui rapportèrent au pape qu’il avoir pris
la croix, ôc qu’il feroit le voïage avec plufieurs de fes
chevaliers. Ainfi la croifade eut deux ch e fs , un eccle-
fiaftique ôc un feculier.
f . 7io. Pour y encourager, le pape déclara de nouveau’,
que tous ceux qui auroient pris la croix étant peni-
tens, fetoient deilors abfous de tous leurs péchez, ôc
diipenfez des jeûnes &des autres oeuvres pénales auf-
quelles ils étoient obligez , en confiderauon des périls
ôc des fatigues aufquels ils s’expoferoient en ce
voïage. Mais il ordonna, que tous ceux qui fe-
roient croifez , feroient obligez d’accomplir leur voeu
fous peine d’excommunication. Enfin il ordonna à
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L i v r e S o i x a n t e - Q u a t r i e ’m e. ¿ r i ------------ -
tous les évêques de prêcher la croifade chacun dans fon An. 1096.
diocéfe. On dit auiïi, que pour obtenir de Dieu un fecours
plus abondant en cette grande entreprifeje pape Chr.c»«f. v„f.
ordonna dans le concile de Clermo'nt, que les clercs BlblL"b-
diroientle petit office de la Vierge, déjà introduit chez
les moines par faint Pierre Damien.
Sup.l,ix.n j j .
X X X I I I .
Le pape dédie
plufieurs égli- fü
Après le concile de, Clermont le pape alla à faint
Flour, qui étoit un prieuré de Clugni. il en dédia
l’églife , ôc y fit quelque fejour, à caufe delà maladie
ôc de la mort de Jean évêque de Porto qui l’accompa-
gnoit. C ’étoit au commencement de Décembre. De
là le pape paffa à Aurillac, puis à Uferche : d’où Bernard
.archevêque de Tolede tira un moine nommé
Maurice Bourdin en qui il voïoit de grandes quali-
tez , ôc l’emmena avec lui. Ce Bourdin ne devint que
trop fameux dans la fuite Le pape arriva à Limoges
le vingt-trôifiéme de Décembre , ôc y célébra la tête
de Noël 1095. Il dit la meffe de la nuit dans l’églife
des religieufes de Notre-Dame de la Réglé : celle du L»b. f.19}
point du jour à faint Martial ; ôc après avoir prêché ,
il retourna à faint Eftienne qui eft la cathédrale,
portant fa couronne pontificale, & y fit le refte de
l’office. Le lendemain de la fête des Innocens il dédia
la cathédrale : le jour fuivant qui étoit Dimanche
il fe repofa, ôc le lundi dernier jour de Décembre
il dédia l’églife du monaftere de faint Martial
reparée depuis peu. En cette ceremonie il etoit accompagné
de cinq archevêques : Hugues de Lion ,
Aubert de Bourges , Amat de Bourdeaux , Daïbert
de Pife, Ranger de R e g e , ôc de fix évêques Bru-
non de Segni, Pierre de Poitiers , Arnoul de Saintes,
R a in a ld de P e r ig u eu x , R a im o n d de R o d é s , H um -
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2.7. to. 1 . 1/ibL